En l’an 2000 le metal retrouve un certain intérêt auprès de la jeunesse qui se gave alors de bizarreries plus ou moins édulcorées : thrash moderne, néo, power/prog metal, et pour finir par le cousin consanguin de la famille, le black sympho. Tout semble aller pour le mieux sauf pour nos anciens deathsters qui essaient de s’accrocher à leur calbut et se retrouvent déchirer entre leurs racines profondes et la tentation de goûter au fruit défendu. Résultat,
Mercyless qui était parti à l’aventure sur
C.O.L.D sans parvenir à atteindre une destination, tente un comeback le couteau entre les dents. L’entreprise est ambitieuse, en plus d’être cette fois-ci risquée car on a rarement une seconde chance dans le milieu. Pour l’occasion, Max Otero et sa clique changent de label, bienvenu chez les allemands de
System Shock, une équipe avec plus de moyens que
Thunder qui s’occupe déjà de
Vader,
Master,
Malevolent Creation,
Krabathor ; doublé d’un changement notable de logo. Une remise à zéro des compteurs pour repartir du bon pied. On se prend à rêver même si, les rangs ne sont pas renouvelés, et que l’enregistrement, le mixage, et la production sont remis entre les mains de David Husser. David qui ? David Husser, le guitariste du groupe d’electrorock français Y Front… Je viens de te perdre, alors dans ce cas-là essaie le premier album, Patchwork of Happier Place, sorti chez Boucherie Productions en 1997. Tu pourras ainsi remarquer qu’il n’y a aucun point commun entre
Mercyless et cette délicieuse personne, qui sera bientôt reconnue pour ses remix de Mylène Farmer, désolé pour le spoil. On reste donc sur ses gardes.
Quel meilleur départ que d’entamer une oeuvre par le morceau qui lui confère son nom. C’est donc
Sure to Be Pure qui ouvre les hostilités, un intitulé qui pourrait prêter à interprétation, appuyé par un discours clairvoyant. Un titre bien thrashy dopé à la rage hardcore avec des samples à la Rhys Fulber ancrés dans son époque, la rythmique est accrocheuse, et le solo bien vicieux, en un mot, l’ouverture idéale pour rassurer. Un morcif qui balance du pain dans la gueule en série, là où
C.O.L.D se perdait dans des recherches sonores souvent très alambiquées. Nous voilà regonfler à bloc, alors certes toujours pas de death metal à l’horizon, ni de growl, mais un ton violent et direct en forme de reprise en main. La Boca Amarga va réduire à néant cet enthousiasme. Ce n’est pas le fait que la chanson soit chanté en espagnol, puisque le chant autant que la prononciation sont parfaitement maîtrisés, mais cette mélodie aux claviers bien agaçante, qui a le don de te crisper en un instant, et de focaliser à tort l’attention de l’auditeur, alors que le morceau se laisse dans le fond apprécier. Et cette dualité présente sur les deux premiers morceaux va se retrouver sur l’ensemble de l’album. C’est sans doute réducteur mais finalement, la mélodie au clavier dans le morceau, suivant la direction qu’elle va prendre fera basculer les choses à mon sens. D’un côté, on retrouve des morceaux percutants et directs, où la ligne mélodique aux claviers accompagne sans entacher le morceau, c’est le cas sur
Sure to Be Pure, Don’t Want To See et Simulation Inerta. De l’autre, des morceaux qui font vriller l’auditeur à cause de ces lignes aux claviers obsédantes comme sur La Boca Amarga, Access To
Silence, Obedience, A Pleasant Moment With a
Vermin, sur lesquels l’ombre de
C.O.L.D plane, bousculant les conventions, avec une recherche sonore, qui perd l’auditeur rapidement. L’ensemble est pourtant solide et homogène, lorsqu’on dégage les claviers. Malheureusement l'emprise qu’il peut se dégager de ces quelques notes jouées aux synthés font chavirer l’ensemble dans un style hybride, alors certes inimitable, mais sans parvenir à convaincre sur le fond. Je ne m’étendrai pas sur le dernier titre qui rappelle Depeche Mode, essayant de créer une atmosphère intimiste et angoissante sans transformer l’essai à mes oreilles.
Mercyless avait tellement réussi à s’imposer sur ses deux premiers albums, qu’on lui pardonnait aisément
C.O.L.D, une expérimentation en forme de faux pas.
Sure to Be Pure ne retombe pas vraiment dans les mêmes travers, mais en ne se dégageant pas de véritable cap, le groupe pioche dans ses multiples influences et écoutes du moment et se reconstruit de manière inattendue. Merci de ne pas assimiler cet album à une descente aux enfers, ou un retournement de veste, c’est juste le reflet d’un ressenti à un instant T. Il y a une chose qu’il faut admettre, au delà des préférences, c’est que
Mercyless n’a jamais sorti deux fois le même album.
C.O.L.D et
Sure to Be Pure rentrent dans cette perspective, tout en restant des ovnis qui certes vont chafouiner du côté du power/thrash mais avec des touches et des couleurs très personnelles en définitive. Paradoxe ultime, de la bouche de Max Otero lui-même, qui a quand même du mal à décrire cette phase, le groupe ne s’est jamais aussi bien entendu et avait énormément de plaisir à répéter et jouer ensemble. Le public, un peu comme moi, est resté dubitatif et n’a pas rallié la cause, ce qui a fini par mettre entre parenthèses la carrière de l’un des plus grands fleurons du metal extrême français, et ce pour une décennie.
Merci JED.
Fabien, je pensais que tu étais passé à autre chose... Nous échangerons peut-être sur le prochain album du groupe censé sortir cette année.
Par contre, sur cette période des albums "Cold", "Sure to be Pure", etc... c'est dur de trouver des morceaux à écouter, sur Tutube, Deezer ou autres. On dirait qu'un effaceur a fait le ménage de cette période, à coup de pistolet silencieux...
C'est dommage, parce qu'il y avait de bons trucs pour le peu que j'ai écouté.
TasteofEternity : Fabien, je pensais que tu étais passé à autre chose...
Je passerai à autre chose à la mort du serveur de SoM. Je suis ici depuis 2007, j'y suis, j'y reste, héhé.
++ FABIEN.
"To The Death"
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