C.O.L.D

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13/20
Nom du groupe Mercyless
Nom de l'album C.O.L.D
Type Album
Date de parution 1996
Style MusicalPower Progressif
Membres possèdant cet album30

Tracklist

Re-Issue in 1999 by System Shock
1.
 Abortive Attempt
 04:37
2.
 If They Live in Ecstasy
 03:24
3.
 Fluids
 05:58
4.
 Dorian
 04:07
5.
 Neutral
 04:27
6.
 Nice Day to Survive
 03:38
7.
 Ap4np
 04:41
8.
 Personality on Relief
 04:18
9.
 Servant
 04:42
10.
 Still Life
 04:00

Durée totale : 43:52

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Mercyless


Chronique @ TasteofEternity

30 Janvier 2019

Une explosion à l’impact limité

N’importe qui souhaite écrire sur Mercyless rêve de pouvoir composer sur les deux premiers brûlots du groupe. Malheureusement quand je me suis pointé au bureau des chroniques de Spirit of Metal, la dame au guichet, qui tient le registre, avec son air aimable, sa verrue sur le nez et un joli poireau sur la pommette gauche, me jeta un regard d’incompréhension, à la limite du dénigrement, comme si j’avais raté quelque chose, un panneau, ou enfreint une règle invisible… “Mais enfin jeune homme Maître Fabien s’est chargé de cette mission il y a bien longtemps et s’en est acquitté avec brio comme toujours.” “Avec qui ?” Ma plaisanterie n’eut pas l’air de faire mouche. “Il reste C.O.L.D et Sure to Be Pure pour votre gouverne,” me lança-t-elle au visage comme un bon gros mollard verdâtre des familles. Je détalais sur le champ non sans avoir pris congés en saluant d’une révérence souple et élégante comme un pinson.

Vous avez tous lus des chroniques d’albums, où le chroniqueur possédé, vous délivrez ce message subliminal du style “Cannibal Corpse fait du Cannibal Corpse”. Et bien je peux vous le dire avec certitude sur C.O.L.D, Mercyless fait tout sauf du Mercyless !!! Comment vous le présenter sans être trop violent, pour Mercyless le death c’est mort ! J’en vois qui sourit dans les rangs, et bien rira bien qui rira le dernier.

C.O.L.D ou COLD suivant l’édition de l’album que vous possédez est une putain de gifle, mais de celle qu’on n’aime pas ramasser, sournoise et mal ajustée, qui fait plus vaciller le frappeur que le receveur. Dés l’opener Abortive Attempt, la perte de repères est totale, clavier en intro aux sonorités grinçantes, émerge ensuite une rythmique saccadée et tribale, puis un riffing et une distorsion digne de Pantera, ça commence à piquer, mais alors ce qui risque de clouer l’auditeur, pour peu qu’il connaisse un peu la bête, c’est la voix de Max Otero. Mais putain Seigneur, si tu tenais à le punir pour ses fautes, il fallait s’emparer de ses cheveux, mais pas le priver de son growl, merde, pas ça. Pause. Temps mort. Tentative de rassemblement. Reprenons calmement, étape par étape. Pas possible rien que la jaquette du first press c’est trop balèze pour moi. Aïe mes yeux fondent. Nouveau label, petite écurie française Thunder à côté du grand Century Media, dont la signification est plus à chercher du côté de la structure à taille humaine dévouée à son travail plutôt qu’un simple retour en arrière. Vite le line-up, si ça se trouve un groupe russe du même nom s’est monté dans la nuit qui n’a rien à voir avec les Dieux de Mulhouse, l’espoir est mince mais je croise les doigts… Perdu ! Vu les mecs ! Oui vous, messieurs Stéphane Viard et Max Otero ! Poursuivons l’expertise du sinistre, après avoir les noms des coupables, épinglons les complices : Tom Smith, as Charly Oleg, aux claviers, et non, ce n’est pas une blague, ils ont engagé un claviériste, les preuves à charge s’accumulent. A la rythmique, les nouveaux venus sont David Kempf et Pierre Lopes, pas franchement des débutants puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de la section rythmique de Mestema, qui venait de splitter, adepte du bon gros death bien dévastateur, et qui disparût avant la sortie de son premier album, tant attendu. Bref sacré ménage de printemps dans la colo. C’est un fait le groupe a changé de l’intérieur comme dans sa formule musicale, on perçoit un peu mieux l’immense décalage entre le MERCYLESS et cette nouvelle mouture. Mais un autre détail attire mon attention, quelque part entre l’aveu et l’avertissement, un message en anglais s’il te please, est adressé aux futurs acheteurs de cette oeuvre dans le livret : “COLD is not a concept album. It’s just a personnal interpretation of change and progression. We are continually trying to explore new horizons, hoping that the open minded people will enjoy what we create. Our message has always been simple : No promises, No guarantees, … and No regrets”. No regrets, faut vite le dire, tout dépend comment on se place.

Le premier constat est amer, mais faut-il pour autant jeter aux oubliettes ce C.O.L.D ? Certainement pas ! L’album demande un temps d’adaptation pour accepter la situation : adieu rythmiques dévastatrices, soli démoniaques, et growl d’outre-tombe, bonjour claviers aux touches progressives, soli de guitares gorgés de feeling, intro et ponts en forme de jam aux influences tribales et jazzy. Mention spéciale au chant clair de Max aux modulations étonnantes rappelant les registres aussi éclectiques que ceux de Max Cavalera, Phil Anselmo et Mike Patton. Le death metal a disparu laissant sa place à une musique qui se rapprocherait d’un thrash moderne progressif. Chaque morceau possède ses atouts, malheureusement les nombreuses variations de chaque instrument handicapent l’ensemble qui peine à se trouver un équilibre entre les lignes mélodiques et la rythmique, mais également entre les lignes mélodiques des guitares et celles des claviers qui plus d’une fois se chevauchent jusqu’à la dissonance. Lorsque le groupe arrive à s’accorder, et que l’auditeur daigne tendre l’oreille, on entrevoit le potentiel de cette nouvelle formation, c’est le cas à partir de 3 minutes sur l’opener, puis en totalité sur Fluids, également sur Neutral, dont le break plombe le morceau au lieu de le faire décoller, en dépit de leads somptueuses, et enfin sur Ap4np, qui mélange rage et mélodie, les lignes de guitares et claviers parvenant enfin à se marier sans heurt. Finalement, C.O.L.D charrie énormément de nouveaux éléments (claviers, samples, styles...) ce qui le rend très ambitieux techniquement, mais aussi et surtout inégal et inabouti. Il se dégage un manque de cohérence global entre les instruments qui rend bancal cet album, tout en présentant un travail de recherches avec des idées et des plans monstrueux mais qui ne sont pas coordonnés,

Mercyless prend un sacré virage dans sa carrière, se remet en cause et décide de retrousser ses manches. Au-delà d’un travail de composition recherché, d’une richesse sonore indiscutable, le gang de Mulhouse n’arrive pas à définir un cap. Alors que le groupe a du faire face à de multiples défis, changement de label, changement de personnel, changement de style, C.O.L.D, tout en prouvant que le groupe est encore vivant, laisse en définitive un arrière goût d’inachevé. En décidant de laisser parler toutes leurs influences, qui s’étendent du thrash au jazz en passant par le progressif, la coldwave, le gothic, le tribal, en revenant au power, le temps de faire un petit coucou au rock et au blues, mais sans véritable fil rouge, autre que cette atmosphère bien givrée, C.O.L.D donne l’impression d’un monstre qui échappe à ses concepteurs. Pour finir, je vais mettre fin à une légende urbaine, non Max ne fit pas retirer de la vente l’album après sa sortie, en dépit d’un travail déplorable du label Thunder dans le domaine de la promotion et de la distribution. Il ressortira avec une nouvelle pochette en 1999, à l’occasion de leur signature avec System Shock, une sous division du label allemand Impact Records.

3 Commentaires

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largod - 31 Janvier 2019:

Bravo gamin. Plume alerte et avis justifié qui change des chroniques plan-plan en position du missionnaire sans grand intérêt. Il faut de la fougue et du jus, bordel. 

swit35 - 31 Janvier 2019:

Merci Art pour ce décorticage verbeux qui donne envie d'écouter ce disque... alors que n'importe quel autre chroniqueur, t'aurait donné envie du contraire ! t'es vraiment un King !

TasteofEternity - 01 Fevrier 2019:

Merci à vous les Goules de venir passer la tête ;)  Un peu plus de 20 ans nous séparent de la sortie de Cold, de sorte qu'il est plus aisé de prendre le recul pour analyser cet album. Je n'ai pas voulu me lancer dans des comparaisons interminables, mais de mémoire de la deuxième moitié des 90's a vu quelques-un des fers de lance du death metal hexagonal changeait de direction, je pense à Massacra (Sick & Humanize Human), Loudblast (Fragments), et Mercyless (Cold & Sure To Be Pure). Sans avoir la prétention de réhabiliter ses albums car je n'ai pas de coups de coeur les concernant, il me paraît en revanche dommage de les écarter du revers de la main sans respect, du fait qu'il y aurait pléthore d'autres groupes et albums bien au-dessus de cela, ou que la musique à notre époque est en accès gratuit et illimité pour encore quelques temps... A l'époque un nouvel album valait 150 francs, et qu'il te déçoive ou pas tu prenais le temps de l'écouter, de l'analyser, avant de le ranger, et je bénis le ciel de m'avoir donné la possibilité de connaître cette époque, merde je vire vieux con, je ne suis pas un Goule pour rien ;) Pour finir, je suis un fan absolu de Mercyless, mais tout fan que je suis, l'aveuglement ne va pas jusqu'à vous présenter comme un diamant ce qui ne le sera jamais.

 

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