L’imagination…ce don précieux qui permet à l’être humain de s’exprimer, de fantasmer mais aussi de s’évader du monde extérieur pour se réfugier dans son propre monde intérieur. Un lieu où tout est possible, un endroit sûr dans lequel l’homme (ou la femme) jamais ne sera jugée pour ses opinions, ses gouts ou que sais-je encore ! Un havre de paix, berceau de l’imaginaire. Et c’est ce à quoi
Porcupine Tree me fait penser… Formé en 1987, en plein essor du NWOBHM et du thrash métal, ce groupe britannique de métal progressif à toujours été en marge,peu reconnu par le public de base du rock-métal mais apprécié des amateurs de musique progressive atypique, une musique quelque part entre rock progressif et métal alternatif, avec des influences allant des Beatles jusqu’au Pink Floyd en passant par de l’électro-rock. De progressif, il a le tempo de ces titres qui, crescendo, laissant chaque musicien se raconter grâce à son instrument. D’alternatif,
Porcupine Tree a cette capacité à créer une cohabitation idéale entre mélodies rock et rythmes métal. « Embarquez dans la navette de la compagnie Bojart Inc. pour un voyage au cœur du sixième album des anglais, «
In Absentia », crée en 2002 dans la galaxie d’
Atlantic et Lava Records… Veuillez attacher vos ceintures ! Bon voyage !»
Tout est dans la cover de la pochette. Un visage. Celui d’un homme probablement aveugle ouvrant grand ses yeux blancs à l’aide de ses doigts. Le message plausible de
Porcupine Tree : « Fermez les yeux et écoutez cet album avec vos quatre autres sens. Laissez-les vous transporter au sein d’un imaginaire pur…
Commençons, si vous le voulez bien par mon titre favori, le savoureux « Strip The Soul », où musique alternative et rythme progressif se marient fabuleusement bien. Tout début avec les ondes denses et nourries de la basse de Colin Edwin, secondé par les tambours de la batterie de Gavin Harrison (remplaçant de Chris Maitland) et la voix calme et posée de l’homme –orchestre et créateur du groupe,
Steven Wilson. Un premier riff de sa guitare déchire la rêverie ambiante, suivit d’un refrain gagnant en puissance de par les échos du chant de Steven entonnant « Strip The Soul/Fill The
Hole (…) Strip The Soul/
Kill Them All » (déshabille l’âme/Rempli le vide(…) Déshabille l’âme/Tue les tous), ce qui correspond exactement à l’atmosphère sombre habitant ce disque. Steven reprend son chant serein sur le lit d’une basse plus douce et légère ; Le refrain reprend et le chanteur n’hésite pas à y superposer le texte du pont, belle initiative escortée de prés par un solo inspiré de basse où l’instrument à quatre cordes se voit accompagné au lointain par un riff acoustique (original et bien vu) Cette même guitare est suivie de riffs électriques distordus plus agréables encore lorsque ils se mêlent aux vocaux de l’interprète. Un silence s’installe. Une accalmie où l’on entend des samples de voix indistinctes, masculines comme féminines… Puis arrive le quartet timbales/cymbales/guitares (les miracles du studio) pour un final ressemblant à une apothéose… Tout bonnement magique !
L’aérien « Lips of
Ashes » narre une romance glauque que seule l’imagination humaine peut engendrer alors que le fantasmagorique «
Gravity Eyelids » se complaît dans le récit d’un fantasme psychédélique vécu par un solitaire… « Sounds of Muzak » est musicalement direct. Steven et ses grattes donnent la cadence au batteur. Le refrain s’enveloppe dans un environnement chaud sans être ardent, rassurant aussi grâce aux différents éléments de percussions et au touché de velours de Steven sur sa guitare avec laquelle ils nous offre un bien joli solo porté par Gavin et sa batterie dans l’optique d’un plaisant morceau de rock alternatif-progressif. Le titre est court mais séduisant ! « Blackest
Eyes » commence par une rafale de riffs de guitares et une batterie au diapason. La voix si touchante de
Steven Wilson remplit de féerie cette ballade rock-métal où guitares et percus font bon ménage. Un tube en puissance surtout avec son refrain mélodique et hypnotisant et avec son pont musical qui défriserais un chauve ! Le clavier de Richard Barbieri et la basse de Colin s’unissent pour permettent aux vocaux du leader de s’élever une dernière fois au dessus des Cieux… Avant une ultime avalanche de riffs guitaristiques.
Terminons avec le morceau-instrumental du disque, le très réussi « Wedding
Nails », titre nerveux servi par une ligne de basse souple et pure et un set de batterie des plus classique. Les guitares de Steven s’avère énergiques voire survoltées avec, au second plan, un combo’ malicieux entre les claviers de Richard et la guitare principale de Steve. On respire et on rouvre les yeux… la virée dans le psychisme de
Porcupine Tree prend fin…
« Nous venons d’atterrir dans la réalité. La température à l’extérieur de l’appareil est de 10 degrés Celsius, le ciel est orageux alors couvrez-vous et n’oubliez jamais ceci : Les plus beaux rêves naissent dans notre imaginaire »
Bj
Par contre pour moi le "tube en puissance" comme tu le dis n'est pas Blackest Eyes mais Trains dont tu n'as pas parlé.
Ceci dit, merci beaucoup pour cet avis éclairé de la part d'un passionné, ça se sent dans tes propos.
Un virage metal ayant pris sa source via sa collaboration avec Opeth sur le fameux "Blackwater Park". D'ailleurs, il est intéressant de remarquer à quel point ces deux groupes se sont mutuellement influencés, PT adoptant une approche plus metal tandis que Opeth va plus nettement libérer ses influences 70', son approche prog et ses pulsions expérimentales.
Concernant "In Absentia", c'est pour moi l'un des meilleurs albums de l'arbre à porc-épic. Très diversifié, entre passages planants ("Heartattack in a Layby") et décharges efficaces ("Blackest Eyes") sans oublier l'acoustique énergique propre au père Wilson ("Trains"), l'album offre également un superbe panel d'ambiances, des plus sereines aux plus psychopathes. D'ailleurs, un certain nombre de titres se basent sur le concept des criminels en série, avec l'atmosphère sombre et torturée qui va bien : "Wedding Nails", "The Creator Has a Mastertape" et "Strip the Soul", ce dernier étant ma pièce favorite de "In Absentia", par ses fréquents changements de rythme, sa mécanique trip-hop (au début), son pont ambiant et son final très lourd.
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