Closure - Continuation

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17/20
Nom du groupe Porcupine Tree
Nom de l'album Closure - Continuation
Type Album
Date de parution 24 Juin 2022
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album20

Tracklist

1.
 Harridan
 08:07
2.
 Of the New Day
 04:43
3.
 Rats Return
 05:40
4.
 Dignity
 08:22
5.
 Herd Culling
 07:03
6.
 Walk the Plank
 04:27
7.
 Chimera's Wreck
 09:39

Bonus
8.
 Population Three (Deluxe Edition)
 06:51
9.
 Never Have (Deluxe Edition)
 05:07
10.
 Love in the Past Tense (Deluxe Edition)
 05:49

Durée totale : 01:05:48

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Porcupine Tree


Chronique @ Kyuketsu

05 Juillet 2022

Un habile mélange entre terrain connu et terre inconnue.

Bien que jamais vraiment séparé, Porcupine Tree aura mis 12 ans à réapparaître. Lors de ce long hiatus, chacun est cependant resté actif. La carrière solo de Steven Wilson n’est plus à présenter mais Richard Barbieri a également sorti des albums expérimentaux de son côté et Gavin Harrison a tourné avec King Crimson et a rejoint le groupe The Pineapple Thief, sans oublier son album solo, « Cheating the Polygraph », reprenant des titres réarrangés de Porcupine Tree.

Leur dernier album en commun, « The Incident », sorti en 2009, avait laissé un goût amer au combo. Ils sentaient que ce n’était pas la meilleure œuvre qu’ils aient créée et voulaient terminer l’aventure Porcupine Tree de meilleure manière. Mais Steven, leader et seul compositeur à l’époque, avait besoin de s’émanciper de son groupe et sa fulgurante carrière solo lui a permis de s’éloigner de son style habituel. Après 6 albums solos et maintes expérimentations, il lui semblait être le bon moment pour revenir à Porcupine Tree sans qu’aucun des deux projets n’empiète l'un sur l’autre. Ainsi, le titre « Closure/Continuation » fait référence au fait que le groupe lui-même ne sait pas s’il s’agit de l’album final de Porcupine Tree ou d’un nouveau départ.

Steven, Richard et Gavin ont passé la dernière décennie à composer cet album dans le plus grand secret (même leurs proches et leur label ne le savaient pas), en se réunissant occasionnellement. Mais c’est la pandémie qui leur a permis de le finaliser. Ils ont ainsi pu prendre leur temps pour créer un album sans pression et le révéler au public seulement quand ils en seraient pleinement satisfaits. Le groupe nous revient ainsi avec un nouveau line-up et une nouvelle démarche créative.

Le premier changement notable est que Steven est le bassiste de ce nouvel opus, la majorité des morceaux étant née de jams entre Steven et Gavin. « Harridan » a par exemple été composée entièrement à la basse et à la batterie. C’est d’ailleurs la raison principale de l’absence de Colin Edwin, ancien bassiste de la formation, car le fait que Steven soit guitariste change son approche de l’instrument, et ce nouvel album est justement basé sur cette nouvelle approche.

Autre aspect important, il s’agit cette fois-ci d’un projet collaboratif. Sur les albums précédents, Steven composait toutes les démos et les présentait au groupe. Ici, les 3 membres sont partis de zéro et ont composé ensemble, en partant le plus souvent des duos Steven/Gavin et Steven/Richard, le 3e membre absent des premiers jams apportant ensuite ses idées pour construire les futurs morceaux. C’est par exemple Richard qui a présenté la démo de « Dignity » à Steven, mais tout le projet a commencé par une session entre Steven et Gavin en 2012. On peut d’ailleurs entendre ce premier jam tel qu’enregistré à l’époque en guise d’intro de « Chimera’s Wreck ».

Musicalement, on retrouve tout le long de l’opus cette capacité inhérente à Porcupine Tree de créer des mélodies fluides avec des rythmiques complexes. Le standard 4/4 se fait très rare mais on ne s’en rend pas forcément compte à l’écoute. Le meilleur exemple étant la ballade « Of the New Day », étant très accessible, presque Pop, mais présentant 42 changements de signatures rythmiques ! Les auditeurs attentifs noteront le 11 temps de « Herd Culling » et les subtilités de « Chimera’s Wreck », cas particulièrement intéressant. En effet, son intro n’a aucun tempo puis le rythme se stabilise avant de changer plusieurs fois au cours du morceau, jusqu’à nous offrir un pattern nerveux et extrêmement précis à la The Prodigy mais joué sur batterie acoustique ! Gavin semble incapable de composer le moindre rythme standard, chaque morceau rivalisant d’inventivité, la batterie est ahurissante de technicité et de musicalité, impressionnant.

Le groupe continue d’innover sur « Walk the Plank », morceau ne contenant aucune guitare, Steven et Richard créant du sound design inquiétant et cinématographique sur une rythmique dansante de Gavin, avec une basse très présente au son réverbéré, dans un style que n’aurait pas renié Depeche Mode, mais en plus prog et groovy. Richard a toujours créé avant tout des ambiances plus que des mélodies. Utilisant son ensemble de synthétiseurs comme un laboratoire, son approche de « non musicien » préférant l’originalité du son plutôt que les envolées virtuoses donne une aura unique à la musique de Porcupine Tree.

De son côté, Steven innove donc en prenant la basse, avec un son plus agressif, clinquant et funky que ce à quoi le groupe nous avait habitués (notamment sur « Harridan », premier morceau de l’album commençant par un riff nerveux de basse comme pour annoncer la couleur) et surtout plus mélodique, allant même jusqu’à un solo mémorable sur « Dignity ». Pour les guitares il a privilégié une Fender Telecaster qui participe au nouveau son mais son éternelle PRS reste de mise pour les sonorités massives, comme en témoigne le riff abyssal au milieu de « Harridan ». Si les incursions Metal se font plus rares, elles restent d’une redoutable efficacité comme Steven sait le faire depuis l’illustre « In Absentia ». Au niveau du chant, le champ des possibles est ouvert par l’utilisation de sa voix aigüe, voie qu’il a exploré lors de son projet solo, avec notamment un falsetto sinistre du plus bel effet sur « Rats Return ». Les sujets abordés par ses textes reflètent les défis sociopolitiques actuels, la subjectivité superficielle, les préoccupations existentielles comme la Mort, et même des intrigues surnaturelles. Cette diversité de thèmes s’explique par une écriture étendue sur 10 ans, il ne s’agit donc pas d’un concept album, contrairement à son prédécesseur.

Pour finir, la production de l’opus est effarante de qualité. Gavin a mixé lui-même la batterie et Steven a mixé tout le reste pour un rendu d’une extrême maîtrise. A ce titre, le Blu-ray audio 5.1 de l’édition Deluxe n’est clairement pas un gadget et doit être une expérience inoubliable pour les amoureux du son.

Avec son grand retour, Porcupine Tree nous offre une très bonne surprise, moderne et pourtant teintée de nostalgie. Un habile mélange entre terrain connu et terre inconnue.

3 Commentaires

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krakoukass56 - 06 Juillet 2022:

Excellente chro, bravo

Kalamazoo - 09 Juillet 2022:

Que dire ,on l'attendait pas, plus ,J en voulais à Steven ,trop narcissique trop ouvert trop tout,  son visage sur chacun de ses albums solo.Ses discours et paroles plutot dur sur le monde du métal...J'avoue j'avais pas acheté ses trois derniers album solo plus par agacement que par gout .Mais le revoilà avec ses compéres de toujours .Ta chronique est bien juste,et il y a tant et tant à develloper encore aprés une vingtaine d'écoute j'arrive pas à tout graver et se perdre dans les compositions de PT c'est ça  le bonheur .!!!

Je ne comprends pas l'abscence de Collin ou plutot cela m'attriste .Mais ceci étant on sent trés bien à l'écoute une certaine ouverture d'esprit du principal intérressé à laisser s'exprimer les musiciens .C'est peu être bien le premier réel album de porcupine tree en tant qu'entité et non résultant d'un seul membre ce qui en soit augure de futures belles choses  je l'éspére.Je vais donc investir sur le 5.1 !!Merci pour ta chroposition 

JeanEdernDesecrator - 10 Juillet 2022:

Merci pour cette chronique très complète et documentée sur les coulisses de la création de cet album. J'avais aussi prévu de le chroniquer, donc ça fera deux avis pour le prix d'un ;-)

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Chronique @ JeanEdernDesecrator

25 Juillet 2022

Un album plein et abouti, au meilleur de sa créativité

Je ne pensais plus revoir un jour un nouvel album de Porcupine Tree, qui semblait une mue trop étroite pour les ambitions très personnelles de son fondateur et âme pensante : Steven Wilson. Rien de plus qu'une étape initiatique dans le parcours de l'homme. Je considérais même le divin binoclard perdu pour le prog, au vu de son dernier album "Future Bites", illustration clinique et désincarnée du monde 2.022 d'aujourd'hui.

Porcupine Tree semblait bien faire partie du passé, la carrière du groupe suspendue avec un dixième album "The Incident" en demi-teinte, d'autant plus que les carrières respectives de Gavin Harrison avec King Crimson, ainsi que Steven Wilson et Richard Barbieri en solo semblaient les contenter totalement. Le silence radio de la part de Steven a été maintenu, tant envers les membres du groupe que de son entourage ou de sa maison de disques. En lisant entre les lignes les déclaration de chacun des membres, il semblerait que les non-dits aient pesé lourd, alors que les griefs étaient somme toute de l'ordre du malentendu en série. Cependant il n'y a jamais eu split effectif, Steven et le batteur Gavin ayant continué à se voir pour jammer et composer tranquillement… un éventuel album, sans aucune obligation de résultat. Le confinement a été le détonateur pour s'atteler à le concrétiser, et ressusciter pleinement le groupe.
Steven Wilson (guitare, chant, programmation), Richard Barbieri (claviers) et Gavin Harrison (batterie) forment ce nouveau line-up, et ont enregistré et réalisé eux-mêmes ce disque dans leurs studios, quasi sans aide extérieure.
L'artwork a été confié à The Designers Republic (Aphex Twins,...). "Closure / Continuation " compte sept titres dans sa version CD classique, mais les trois bonus de la version Deluxe sont vraiment du même tonneau, au point que je ne vois pas une traître raison pour les ignorer : je les considèrerai donc comme faisant partie intégrante de l'album, qui totalise tout de même 65 minutes.


Alors, faire revenir Porcupine Tree à la vie était-il une bonne idée ? Oui. Quelques minutes d'écoute de "Harridan", premier titre de cet album du retour, valent mieux que n'importe quelle justification. Cette ligne de basse obsédante, cette ambiance tour à tour dépressive et lumineuse, cette rythmique pressée et millimétrique, ces claviers intrigants, tout nous ramène dans le monde onirique où Steven Wilson se complaît à nous perdre. Je me rends compte que cet endroit, qui n'est après tout qu'une émanation des mondes de Rush et Yes mélangés, ayant évolué dans une dystopie qui est la nôtre, me manquait cruellement. Peu importe que ce soit sous l'incarnation de Porcupine Tree ou un avatar à lunettes de Steven Wilson, y revenir me met dans un état de catatonie bienheureuse. On peut dire qu'ils ont repris les choses là où elles s'étaient arrêtées avec "Fear of a Blank Planet". Les clins d'œil se font aussi aux albums solo de Steven Wilson, avec un "Rats Return" aux dissonances alienophiles, qui aurait aussi pu figurer sur "Hand Cannot Erase"… ou un album de Voivod. Les ambiances sont plus soignées que jamais, le goût de l'étrangeté teinte les arrangements de claviers, grâce au travail d'immortalisation d'accidents sonores de Richard Barbieri sur ses machines, et il est difficile de ne pas se faire son petit cinéma intérieur sur cette B.O fantasmagorique.

Aussi, le trio réussit le tour de force de pouvoir partir en tous sens, avec une fluidité limpide et en étant efficace dès la première écoute. Les durées de morceaux sont très variées, et que le voyage dure 04:27 ou 09:39, chaque titre donne l'impression d'avoir la longueur idéale. On est au-delà du travail abouti : un morceau de huit minutes est ingurgité sans s'en rendre compte et sans finir ballonné comme avec la fatale coupe de champagne qui menace de faire vomir un réveillon. Les vieux briscards surprennent encore, alors qu'ils font précisément ce qu'on attendait d'eux : les pistes qu'ils nous font suivre sont bien connues, et ils se font un plaisir de tendre des embuscades avec un commando du Riff rompu à toutes les tactiques. La sensation de déjà vu est inévitable, comme dans l'intro au piano aux cordes bien usitées de "Never Have", mais elle ne se prolonge pas, taillée en pièce par le sens de la diversion des trois compères.
Les surprises sont nombreuses, tel ce virage new wave tribal sur "Love in the Past Tense", qui évite à ce morceau calme de roupiller trop confortablement, ou ce break d'une lourdeur oppressante sur "Harridan". J'ai même trouvé des similitudes avec Opeth sur le très bel instrumental "Population Three", qui a le même genre de riffs alambiqués, et joue au chat et à la souris avec l'auditeur. Le rythme peut aussi être celui de la balade nonchalante, même si l'orage de guitares crunch menace à tout moment de déchirer le ciel comme sur "Of the New Day". Il nous évite de justesse l'ennui, même sur "Dignity", une ode acoustique de plus de huit minutes, en posant un faux démarrage, en se calmant comme une averse d'été, en égrenant un solo à la chaleur bluesy, avant de finir tel un Def Leppard plein d'allant.

La basse a pris une place importante dans la musique de PT, principalement au détriment des guitares, et ce n'est pas un hasard : Steven Wilson a composé la majeure partie de l'album avec cet instrument en ayant trouvé SON propre son, …ce qui a fait que Colin Edwin n'a pas participé à la fête. La dextérité est toujours de mise, et si le combo a autant une image de prog technique, c'est en grande partie dû à son fantastique batteur Gavin Harrison : il allie une technique et un toucher jazz à un jeu plus métal privilégiant la puissance, le tout couronné des connaissances théoriques hors pair. La batterie n'est pas aussi exubérante que sur d'autres albums de Porcupine… si on y regarde pas de trop près, comme sur "Walk the Plank", tout en finesse sur le charley, et en puissance sur les toms. C'est évidemment un festival de signatures rythmiques farfelues, mais ce n'est pas fait de manière ostentatoire.
Le Porcupine Tree 2022 emprunte aussi au rock et hard des années 70/80, comme sur la fin zeppelinnienne de "Chimera's Wreck", avec des guitares tranchantes, dont les arrivées fracassantes sont délivrées avec parcimonie.
La seule chose qui ne change pas trop, c'est finalement la partie vocale de Steven, qui semble réciter son journal intime en voix off qui pense en chantant à voix haute (si ça c'est pas de la mise en abîme…). Il a cependant gagné en assurance, avec son expérience en solo qui lui a fait explorer les aigus de sa voix de tête.


Loin de réapparaître en fantôme fané, le groupe semble au meilleur de sa créativité, en paix avec lui-même, et a livré avec "Closure / Continuation" un album plein et abouti comme rarement il a pu le faire. La seule chose qui manquerait, serait des vrais hits, ou des grosses tueries qui l'auraient rendu encore plus mémorable. C'est à mon avis l'un des opus les plus ouverts et variés de Porcupine Tree, d'autant plus que c'est celui sur lequel chaque membre du trio s'est vraiment investi, bien que Steven Wilson reste l'élément central. Bien remis sur les rails, les anglais vont, si tout va bien, repartir en tournée dès cet automne, accompagnés pour l'occasion de deux musiciens de scène, le guitariste Randy McStine et Nate Navarro pour assurer la basse. Est-ce que ce sera une tournée d'adieu et ce disque leur pierre finale, il est trop tôt pour le dire, et ce disque magnifique prouve qu'il ne faut jamais dire jamais.


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