Plus secret encore que les tombeaux des Pharaons de l’Égypte ancienne, la préparation du nouvel album studio de
Disturbed.
Outre la petite remise en question de quatre ans sur l'avenir du groupe, le public a pu en tirer la conclusion que David Draiman ne peut être que l'homme d'une seule formation à la fois, en l’occurrence, celle qui l'avait aimé servir pendant une quinzaine d'années suivant la courte ère
Brawl. Tout comme le charismatique Till
Lindemann d'ailleurs, qui, même avec tous les efforts du monde, n'est pourtant jamais parvenu à nous faire oublier
Rammstein avec les débuts de son projet en duo sobrement intitulé
Lindemann. Alors que Draiman semblait enfin mettre un point d'honneur à tirer une croix sur le passé, le fait est qu'il s'était visiblement perdu en chemin, allant même jusqu'à reprendre du
Disturbed électronique sous un autre nom pour en fin de compte en ressortir un premier album éponyme faible et anecdotique du nom de «
Device ». Si un retour musical est un événement particulièrement médiatisé, il ne fait aucun doute que celui des Américains l'est encore plus. De fait, nul ne s'attendait à recevoir aussi "rapidement" un successeur au décevant «
Asylum » ayant eu la particularité de signer le coup d'arrêt final du combo. Clairement,
Disturbed est capable du meilleur comme du pire et curieusement, une de ses forces principales réside dans le fait même qu'il sache citer quelques-unes de ses forces et faiblesses. Depuis environ deux albums, la bande tente ainsi de combler les vides ou les lacunes par un admirable solo de Dan Donegan et de limiter la casse en usant, parfois de manière un peu trop excessive, des "Ooh-wah-ah-ah-ah?" de son vocaliste. Le quatuor pourra-t-il encore se le permettre désormais ?
En tout cas, le quatrième membre factice du groupe (The Guy) a envie de semer le trouble dans ce beau monde et de faire régner l'ordre à sa manière. Voyez comme il tremble d'impatience de nous dire que
Disturbed est de retour en cette nouvelle année, sous ce décor chaotique imaginé et signé de la patte de Raymond Swanland. Soit dit en passant, aucun bouleversement musical digne de ce nom n'est à souligner, toutefois, les compères ont souhaité faire évoluer la production vers quelque chose de plus moderne avec une approche semi-expérimentale sur deux ou trois morceaux dont l'étonnante reprise de Simon & Garfunkel «
The Sound of Silence » dont nous aurons l'occasion de reparler. Pour cela, ils ont fait appel à un producteur externe à la bande cette fois-ci, le Canadien Kevin Churko (
Ozzy Osbourne,
Five Finger Death Punch,
In This Moment ou encore le dernier
Papa Roach « F.E.A.R ») d'où l'effort d'une certaine prise de risque puisqu'il fallait que la collaboration fonctionne et porte ses fruits (par le passé, ils privilégiaient surtout l'auto-production). Pour l'anecdote, Draiman avait eu la "malchance", deux ans plus tôt, de se retrouver en featuring sur le tant décrié « Super Collider » de
Megadeth afin d'honorer certaines parties du titre « Dance in the
Rain ». Peut-être a-t-il voulu s'inspirer de cela pour pousser la musique de
Disturbed vers un nouvel élan d'originalité ? Quoi qu'il advienne, ce skeud se veut bien plus lisse et surproduit que les précédents et malheureusement, les metalleux de l'Illinois continuent de lancer leur entreprise en mode automatique. Ce n'est pas un scoop, la formation serait bien plus à l'aise et destructrice sur un format EP qu'à travers un album à rallonge de treize titres, et ce, sans compter les bonus qui ne font qu'enfoncer le groupe dans l'auto-parodie. D'un point de vue des compositions et de l'efficacité, ce «
Immortalized » est finalement assez proche d'«
Asylum » (c'est-à-dire très limité) mais si les fans lui trouvent de l'audace ou autre chose de fabuleux, c'est sûrement en raison des années qui éloignent désormais les deux publications.
Dès lors où
Disturbed enfante un album, voilà ce qu'il se passe précisément ; le paquet sur l'illustration et les trois premiers titres puis ils farcissent la tracklist d'une autre tuerie un peu à part et d'une pièce qui change la donne. Et paf, la machine est en route. Pourtant, l'introduction laissait présager le meilleur pour la suite. Guitare vintage très expressive, un jeu plein de dextérité comme on en a souvent l'habitude avec le number two Dan Donegan et surtout, un brin de mélancolie instrumentale pour rappeler à quel point le groupe a manqué à ses admirateurs. Le bonheur des retrouvailles se faisant soudain lire sur le visage des auditeurs, le morceau-titre «
Immortalized » est lancé dans la foulée. Un gros riff d'ouverture bien metal, des couplets énergiques, un pont de fou, un chanteur qui n'a rien perdu de son groove, le tout posé sur des refrains très héroïques et un peu insipides il faut le dire allant dans le sens d'un blockbuster à la 5FDP qui se vend bien (« Oh, in the calm before the storm/Another legend will be born/Another battle will be won/We will rise »). Cela dit, par rapport à l'ambition habituelle des Américains, c'est tout-à-fait cohérent. En revanche, «
The Vengeful One » dans un premier temps et «
Never Wrong » sont de franches réussites qui ne font aucun doute sur le potentiel immense de
Disturbed même si celui-ci est parfois gâché par de l'auto-plagiat, en témoigne « What Are You Waiting For » où le style vocal est clairement copié-collé sur le single.
Seul le refrain change, ce qui est quelque peu embarrassant lorsqu'on a affaire à un groupe disposant d'autant d'expérience sur la scène alternative. On entend bien la basse, le solo est rapide, sympathique, l'intro, malsaine, mais le refrain est d'une bien belle banalité. Poursuivons. «
The Vengeful One », lui, sera désigné comme étant le tube du retour, le tout premier depuis la compilation de b-sides et raretés «
The Lost Children ». Desservi par un clip d'une superbe qualité, The Guy nous conte avec ferveur et assurance le résultat de ses dernières chroniques sanglantes avec « I'm the hand of
God, I'm the dark messiah, I'm
The Vengeful One ». C'est un
Disturbed encore plus perturbé et perturbant que l'on retrouve ici, toujours en compagnie d'un metal alternatif qui, de la même manière que chez
Godsmack, a tendance à flirter avec le heavy. La puissance et la force du marteau de
Thor nous propulse directement dans les airs et à l'heure où le pré-refrain baisse en volume, le groupe fait intervenir sur l'espace d'une seconde ou deux des violons et une voix très mélodique qui n'est pas sans rappeler le clair de Ryan Clark. Tout ça pour ensuite atteindre un pic de rage assez jouissif. Ajoutons à cet argument que le contenu lyrique se veut tout aussi fort, laissant entrevoir l'ombre d'une formation décidément engagée dans ce qu'elle produit ou fait (« The rabid media plays their roles/Stoking the flames of war to no surprise/Only too eager to sell their souls/For the apocalypse must be televised »).
En conséquence,
Disturbed s'embarque dans une légère expérimentation de son propre style sans toutefois perdre son précieux fan-club. Dans le contexte d'un album plutôt long et rébarbatif, on ne perçoit pas de suite cette différence alors qu'elle est pourtant bien réelle. L'introduction de « The Light » et le spatial « You're Mine » auraient, par exemple, eu beaucoup de mal à se retrouver dans la discographie antérieure du groupe pour la simple et bonne raison qu'ils ne voulaient en aucun cas sortir de leur position avantageuse et si confortable. Cet électro se veut aussi de bien meilleure facture que certains titres maladroits de
Device. Cependant, pour la première piste sus-citée, il aurait été intéressant de jouer davantage sur ces notes de piano dramatiques et ce début d'air pessimiste afin d'en assombrir l'ambiance et ainsi d'avoir l'opportunité de créer une pièce peut-être plus artistique, plutôt que de vouloir à tout prix envoyer un minimum de riffs. Hormis cela, on notera plusieurs fautes de goût au travers de cet album à commencer par l'utilisation presque automatique des "hey, hey" sur « Who » dans le seul intérêt de dynamiser artificiellement ce titre plat et facilement interchangeable et ensuite le «
Save Our Last Goodbye » partagé entre une certaine envie de donner dans la ballade pleurnicharde téléphonée et le bourrin efficace à peine épique influencé par R2-D2. Quand bien même, que leur est-il passé par la tête à la composition de «
Fire It Up » ? Rien ne se passe durant les trente premières secondes, la basse force de trop sa présence, et concrètement, c'est comme si le groupe avait posé un filtre bien moderne pour aplanir la voix au niveau des couplets. Bien loin de ce raté commercial, une performance éblouissante de la part de l'équipe qui a osé se frotter à la reprise des New-Yorkais de Simon & Garfunkel sur la base du tube «
The Sound of Silence ». De prime abord, le chant de son leader prend une toute nouvelle envergure ici, allant du petit Opéra au jazz style Noel dans un univers lyrique, cristallin et angélique. Draiman fait parler ses poumons tel un grand ténor, il nous donne une sérieuse leçon d'émotion à laquelle peu d'interprètes arriveraient à rivaliser aujourd'hui si ce n'est les multiples tentatives de Lzzy Hale sur le dernier album d'
Halestorm qui lui aussi, a eu le mérite d'offrir un certain vent de fraîcheur sur la seconde moitié de la tracklist.
En somme,
Disturbed possède une arme de gros calibre qui tire de petites balles. C'est-à-dire que le jus prend dans les trois premiers morceaux et s'arrête aussitôt. Il reprend sur le dernier, lorsque c'est déjà la fin. Une décennie des Américains, c'était de loin suffisant, alors autant se farcir l'écoute de « The Collection » quitte à considérer la formation comme définitivement éteinte.
J'ai acheté le CD pour les découvrir et parceque j'avais l'occasion de les voir en concert par la suite. Mon impression générale est que cela ressemble à un produit qui a été pensé, fabriqué, avec un gros soucis de vendre derrière. Je dois néanmoins reconnaître que c'est du gros son, efficace, avec des morceaux très catchy.
Après quelques années, je me rends compte que je n'écoute jamais le disque en entier, mais plutôt deux à trois morceaux ; je suis donc assez d'accord avec HACKTIVIST sur le fait que l'on écoute plutôt que leurs " tubes" : The Vengeful one est vraiment un morceau fabuleux.
Malheureusement en concert, je n'ai trouvé ni la puissance ni la hargne dégagées dans leur album.
Je trouve cet album très intéressant. Mais bon, quand on est un fan absolu d'un groupe, on est loin d'être objectif. Ceci dit, le son est monstrueux, la production est bonne et les titres ne manquent pas de qualité même si cela reste du Disturbed. Je trouve que le groupe poursuit sa progression (sans révolution) avec un vrai style et un super univers,
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