Liste des groupes Néo Metal Disturbed (USA-1) Evolution

« Il n’y a pas d’évolution sans liberté d’essayer ».

L’innovation est parfois synonyme de réussite, de succès et de renom. Il est souvent lié également à la prise de risque, au changement et à la nouveauté. Mais il peut également s’unir à l’échec, à la déception et à la désillusion. Dans le cas de Disturbed, l’extravagance, la fantaisie et l’authenticité leur sourit plutôt bien. Déjà six albums au compteur, un seul vraiment mémorable et écoutable jusqu’au bout (The Sickness) et des mélodies que bon nombre pourrait fredonner, réécouter pour se remémorer le bon temps et qui, au fur et à mesure du temps, sont devenues des classiques de la scène néo. Down With The Sickness, Prayer, Stricken, The Sound of Silence, tant de titres qui ont propulsé le quatuor Illinois au sommet de leur art. Des sons simplistes mais sans jamais tomber dans la facilité et l’auto-parodie, voilà comment on pourrait décrire nos musiciens qui semblent pourtant perdre de la vitesse depuis un « Immortalized » déséquilibré, frisant parfois le ridicule (Fire It Up, quand tu nous tiens) et partant sur des notes plus heavy que résolument néo. On perd petit à petit ce qui faisait le charme du groupe : un David Draiman hargneux, usant de son maximum ses qualités indéniables de vocaliste, des rythmes plus groovy, des solos parfois époustouflants, sans excès et une batterie toute puissante. Sans oublier le projet perso « Device » qui tentait un énième retour en arrière aux sonorités électro : un ensemble plutôt fade et sans grand intérêt. Qu’attendre donc d’un nouvel album trois ans après ?

Tout d’abord, nous pourrons totalement oublier « El Mascotte » de notre formation, à savoir The Guy qui n’aura même pas eu sa place sur une pochette assez insipide, pour ne pas dire anecdotique. Un personnage pourtant fort dans le monde controversé et sinistre de Disturbed, signe de vengeance et de révolution. Oublions également les anciennes productions : on reste dans la même lignée que pour « Immortalized » avec un son moderne, aux connotations électro, sans réelle surprise. Pas vraiment de nouveauté donc sur ce point, malgré un nom d’album qui nous dit le contraire. Pourtant, trois ans se sont écoulés, cela serait fortement dommage que la musique de nos musiciens n’ait pas bougé d’un poil. Mais alors, où se trouve réellement l’originalité et le génie qui semble avoir quitté notre quatuor ?

Ce n’est pas vraiment dans le titre « Are You Ready ? » que nous allons trouver cette illumination. Cependant, on se réjouit de revoir un groupe qui semble encore avoir assez d’énergie pour nous faire vibrer. Malgré un instrumental assez simpliste, sans réelle variation (hormis ce solo de guitare, assez plaisant) et pourtant terriblement groovy, on retrouve surtout un David Draiman impressionnant de dextérité, capable comme auparavant d’aller haut dans les aigus. Ces « Are You Ready ? », signe de protestation, criés avec tant de passion et de volonté, notamment le dernier qui nous ferait presque dire : oui, nous sommes prêts, nous donne une vision de renaissance, de regain. Mais voilà, nos musiciens continuent de tomber dans leur travers et être dans l’incapacité de produire deux morceaux d’affilé de bonne facture. Même si on ne criera sûrement pas au génie avec No More, qui garde les mêmes défauts qu’Are You Ready ?, A Reason To Fight propose une ballade qui coupe complètement le rythme donné. La chanson est loin d’être mauvaise, bien au contraire, elle traite même d’un sujet très intéressant qui est la lutte contre la drogue et l’alcool. Les paroles sont magnifiques, l’instrumental est très émouvant mais pourquoi mettre ce titre à ce moment-là ?

Et ici est le défaut majeur de cet album : alterner entre morceaux lourds et titres beaucoup plus sensibles. Et malheureusement, l’énergie que l’on trouvait au début va se dissoudre petit à petit pour finalement totalement disparaître. La structure des morceaux ne variera quasiment pas au fur et à mesure du temps et l’enthousiasme va très vite tomber en lassitude interminable. Difficile de dire ce qui est le plus triste dans tout cela. Est-ce que ça serait de voir Disturbed faire une ballade country avec Watch You Burn, aux faux airs de chanson joyeuse, complètement niaise et sans intérêt ou encore est-ce de voir des ressemblances flagrantes avec le dernier opus de Five Finger Death Punch avec Savior Of Nothing qui n’est ni plus ni moins qu’un Sham Pain en moins hâtif? Il ne faudrait quand même pas nous prendre pour des pigeons. Cependant, au milieu de ces piètres mélodies, nous avons tout de même des pièces saluables telles que Best One Lies où l’on voit encore que les sonorités néo restent semi-présentes ou encore Already Gone, reflétant la tourmente, la douleur, la tristesse d’un être perdu trop tôt. David Draiman est incroyable de profondeur et de tourmente et semble continuer à se lamenter de sa chère, déjà perdue dans Inside the Fire. Je ne parlerai pas plus que ça des titres bonus et de cette monstruosité qu’est la version live de The Sound of Silence en featuring avec Myles Kennedy d’Alter Bridge. La reprise sur Immortalized est impeccable, pourquoi la détruire avec un duo qui ne va absolument pas ensemble ?

« Evolution » serait-il l’album de trop pour le quatuor Illinois ? Il s’agirait plutôt là d’un album parenthèse qui n’est ni bon, ni mauvais, qui est là surtout pour ravir les fans qui apprécient le Disturbed dans ses sujets sensibles et son émotivité plutôt que celui criard et intrépide. Nos musiciens semblent de plus en plus abandonner un néo devenu ringard pour laisser placer à un hard rock/heavy metal qui se laisse facilement écouter mais qui ne marquera pas les esprits et nous laissera totalement dubitatifs.