Comme vous le savez sans doute,
Devin Townsend est un artiste à part, avec sa propre patte, qui aura su sortir des albums de
Metal mémorables du plus rageur (City, avec
Strapping Young Lad) au plus apaisant quoique mélancolique (
Ocean Machine). Ces deux œuvres en particulier ont véritablement marqué de nombreux esprits et expliquent le statut culte du personnage, voire même pour certains la qualification de génie. D’autres diront que ces termes sont largement exagérés, mais qu’importe ce débat car aujourd’hui, c’est
Ghost, un album spécial du canadien que je vais vous présenter. Pourquoi spécial ? Parce qu’il fait partie de ceux où Devin s’écarte du
Metal pour explorer d’autres contrées musicales.
Pour ceux qui ne connaissent guère le personnage, autant dire que ce n’est pas avec
Ghost que vous découvrirez bien ce dont l’homme est capable. Avant toute chose, il convient de savoir qu’il fait partie d’une quadrilogie d’albums (Ki,
Addicted,
Deconstruction et
Ghost) évoluant chacun dans un style différent sortis entre 2009 et 2011, sous le nom The
Devin Townsend Project. Chacun de ces albums aura été enregistré avec un line-up différent.
Exit les guitares saturées. Ici, c’est un album tout en acoustique auquel nous avons droit. Mais pas avec simplement de la guitare acoustique, attention ! Cet album est plus qu’un simple portage de la musique de
Devin Townsend en «
Unplugged ». Musicalement, c’est à quelque chose de totalement nouveau que nous avons droit. Sur
Ghost,
Devin Townsend fait appel à des instruments divers et variés tels que de la flute (qui n’a rien de Folk, autant prévenir tout de suite), des claviers (beaucoup de claviers), du banjo, de la batterie (mais calme) et même du chant féminin de la part de Katrina Natale, qui accompagne Devin dans quelques duos… et encore, j’en laisse de côté !
La question que vous vous posez sans doute maintenant, c’est : mais comment mélange-t-il tous ces éléments en quelque chose de cohérent ? À quoi la musique ressemble-t-elle concrètement ? C’est très simple, puisqu’un mot décrit parfaitement
Ghost : apaisé. L’album a souvent été qualifié d’Ambient ou de New Age, ce qui devrait vous donner une idée. Les nappes de clavier dominent clairement l’ensemble et le chant est très souvent éthéré, lointain, fantomatique. Écoutez par exemple
Heart Baby, où Devin chante d’une voix douce, mais retirée, comme pour laisser place à la flute et aux quelques notes de guitare, le tout enrobé dans les nappes de claviers. L’album est lent, très posé et totalement axé sur l’ambiance. Si certains morceaux proposeront une mélodie et du chant très en avant, à l’image de Blackberry et son duo vocal masculin/féminin de qualité, nombre d’entre eux reposeront avant tout sur des nappes sonores directement issues du genre Ambient. Vous voilà prévenu : si vous voulez quelque chose qui bouge,
Ghost n’est pas fait pour vous.
L’intérêt de l’album réside dans l’interprétation que l’on peut en faire. L’atmosphère dégagée est telle qu’on peut soit y trouver la paix ou alors se plonger dans la nostalgie, voire dans une certaine mélancolie. Certains morceaux évoquent quelque chose de précis, il est vrai, à l’image de Fly, où l’on se prend à rêver d’évasion. Mais que doit-on ressentir à l’écoute de Kawaii, dont il est difficile à dire s’il évoque la paix intérieure ou la mélancolie ? Chacun y verra ce qu’il voudra et c’est là une des forces de
Ghost.
Cependant, tout n’est pas si bon que ça sur cet album et il possède de réelles faiblesses. Si le travail de production de Devin est irréprochable (comme à l’accoutumée) et parvient à réaliser des nappes riches et cohérentes, l’Ambient est un style difficile à maîtriser. Force est de reconnaître que les morceaux les plus réussis et les plus mémorables sont ceux qui reposent le plus sur le chant et la mélodie (Fly, Blackberry, l’enchaînement Kawaii/
Ghost…).
Plus on entre dans l’Ambient pur et dur (Infinite
Ocean ou la deuxième partie de Feather, par exemple), plus l’ennui s’installe.
On ne peut pas dire que ces titres soient véritablement mauvais, ils sont mêmes plutôt bien composés, mais ils ont souvent le cul entre deux chaises. Placés au milieu de morceaux portés par le chant, ils font tache. De plus, si les nappes musicales sont intéressantes, elles ne semblent souvent aller nulle part. Entre le début et la fin du morceau, on a l’impression qu’il ne s’est rien passé (comme Infinite
Ocean) et qu’on a plus ou moins tout entendu au bout d’une minute. Cependant, le plus gros problème vient selon moi de la longueur de l’album (une heure douze, quand même), qui rend l’ensemble difficilement digeste. Étant donné que les derniers morceaux sont souvent les plus Ambient, pour peu qu’on accroche que moyennement au ton de l’album, on en a rapidement marre et on ne retiendra que les morceaux les plus mélodiques.
Devin Townsend tente des choses avec
Ghost et s’en sort en réalité assez bien. Le problème étant qu’au final, l’album est handicapé par sa longueur excessive, qui lassera une bonne partie de son public, peu porté sur une musique très calme et atmosphérique pas toujours maîtrisée sur le bout des doigts. C’est bien dommage parce qu’en retirant les quelques passage inutiles, on gagne facilement une demi-heure et l’album en serait ressorti plus digeste. Cependant, il serait dommage de passer sur
Ghost, qui malgré ses défauts, renferme des passages véritablement envoûtants qui sauront charmer les amateurs d’ambiances méditatives.
En tous cas, sacrée idée que de faire se terminer la tétralogie comme elle avait commencé: les arpèges que l'on entend au début et à la fin de As You Were (dernier morceau de Ghost) sont les mêmes que ceux de A Monday (premier morceau de Ki). Simple, mais il fallait y penser...
Un album qui mérite sa place dans les magasins "Nature et Découvertes" comme sa pochette le laissait présager....comme le disait Cucrapok il ne se passe rien
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