Difficile de parler de
Venom en occultant son glorieux (et moins glorieux) passé. Toutefois, et sans faire injure à un des inventeurs du metal extrême et blasphématoire depuis 35 ans, ces lignes ne visent pas à faire un énième récapitulatif de la discographie ou des tourments du gang de Newcastle, que tous les hard-rockeurs, metalleux, deathsters ou thrashers connaissent dans ses grandes lignes.
La cuvée 2014 judicieusement intitulée "From The Very Dephts", en référence à l'annonce de leurs concerts, est fournie par le même line-up que le disque précédent ("
Fallen Angels" - plutôt sympathique), à savoir
Conrad Lant (basse, chant, et seul membre d'origine), John Dixon (guitare) et Daniel Needham (batterie), signe d'une stabilité inhabituelle. Fort d'une belle pochette réalisée sur un fond rouge dégradé, l'album ouvre (passée l'intro classique) sur le titre éponyme, et d'entrée, le son saisit de clarté. Tous les instruments, basse en première ligne, sont parfaitement audibles, tout en dégageant une impression crue, sauvage et délibérément saturée.
Les titres se succèdent, alternant avec un équilibre que l'on devine travaillé, tempi lents et rythmiques plus véloces, avec toujours le meilleur de la marque
Venom : refrains mémorisables en deux écoutes, voix déclamée plus que hurlée, riffs simples mais efficaces dignes de Motörhead, basse rugissante à l'extrême, distinction entre couplets et refrains amenant l'auditeur à mémoriser aisément les structures des morceaux. Les percutants "Temptation" ou "The Death Of Rock'n'roll", le speed "Long Haired Punks" sont percutants et sont à hurler sous la douche. Du connu, du bien fait, rien de révolutionnaire, mais, à l'instar d'un vieil orfèvre,
Venom sait faire et le prouve.
Si le groupe n'a jamais été réputé pour expérimenter, le fan notera tout de même des petites incursions inhabituelles. Oh, rien de choquant, mais des gimmicks, notamment à la guitare, qui laissent à penser que John Dixon (
Rage pour les intimes) a pu se prévaloir d'une certaine liberté dans les soli. De même, des titres plus mélodiques (les lignes vocales lancinantes de "
Smoke", les riffs saccadés sur-heavy de "
Evil Law" qui précèdent le plus rapide "Grinding Teeth") amènent un surplus de dynamisme qui manquait quelque peu à son prédécesseur. Paradoxalement, cela rapproche ce disque des albums que
Conrad Lant (
Cronos pour les ignares) réfute pour n'y avoir pas participé, le méconnu mais néanmoins excellent "
Prime Evil" en tête.
L'album est assez long (51 minutes passées), mais doté de morceaux courts et assez distincts les uns des autres, grâce à cette alternance de tempi évoquée plus haut, il ne lasse pas. Le retour gagnant dans son passé glorieux ("Méphistopheles" et son côté rock aurait pu être sorti dans un Maxi en 1983) n'y étant pas non plus étranger. Le triptyque final conclu par le faux live "Rise" parachève d'ailleurs idéalement l'album.
35 ans de service actif ne peuvent donner un album mauvais, comme ce fut le cas par le passé ("
Possessed", "The
Calm Before the Storm", "
Metal Black", pour n'en citer que trois).
Venom, toujours aussi fidèle à lui-même quitte à s'auto-caricaturer (le basique "Crucified", les intonations de
Cronos, tellement typiques, à prendre au second degré), réussit à montrer qu'il n'est pas qu'un groupe live et sait encore produire des nouveaux titres de qualité, dont certains trouveront idéalement leur place dans les concerts.
Un bon album de
Venom, c'est toujours ça de pris, n'en déplaise à ses détracteurs. Comme peu de groupes évoluent dans ce créneau, ce peut être un bon moyen pour certains de revoir une vieille connaissance pas vue depuis longtemps, ou, pour les plus jeunes, de constituer une alternative crédible à Motörhead, sans risque d'être déçu.
Ce dernier album maintient la cadence, tout aussi long que Fallen Angels (que j'ai tout simplement adoré avec ses tonnes d'hymnes)! Rock'n roll à mort, toujours aussi frontal, Venom au top! Par contre la pochette c'est pas trop ça, là où celle de Fallen Angels est magnifique.
Merci pour la chronique! :)
Tu as cité le groupe dans ta chro Jérome mais c'est incroyable comme, avec le temps et les écoutes, j'ai l'impression d'entendre un album de Motorhead. Bon ok, je force le trait mais vous pigez l'idée. Je l'aime vraiment bien en fait celui là. Si seulement le groupe n'avait pas eu cette facheuse manie de le remplir ras la gueule.
Et bien sur, toujours merci pour la chro.
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