« Si tu finis pas ta soupe, t’auras pas de dessert. » (Légumes ou viande ça marche aussi).
Qu’est-ce que j’ai pu l’entendre cette phrase.
Pas vous ?
Ben oui, c’était comme ça avec mon père. Il m’a appris à toujours finir ce que je commence. Enfin, il a essayé. Parce que, à vrai dire, je m’y tiens rarement.
Pas vous?
La preuve, une nouvelle fois, avec cette pauvre discographie de Y&T que je laisse désespérément en plan après seulement quelques albums. Fastoche, le gars - c’est moi le gars - se fait les meilleurs albums du groupe, histoire de leur lécher les bo-les, ou les pires, histoire de leur mettre une olive en loucedé. Et les autres skeuds alors, ceux dont tout le monde se cogne, soit parce qu’ils sont sortis à l’âge du silex, dans les années 70, soit parce qu’ils sont sortis après l’
Apocalypse selon Saint Métal, lors des années grunge, est-ce qu’ils n’ont pas droit eux aussi à leur quart d’heure de gloire Warholien? Je pense que oui.
Pas vous ?
Bref, en ce début d’année 2018, les bonnes résolutions tout ça tout ça, j’ai décidé de finir ce que j’ai commencé. Ou plutôt de commencer à finir ce que j’ai commencé. Parce que, purée, il m’en reste des albums d’Y&T à chroniquer ! 8 exactement. Oui, je compte les disques live « officiels ».
Pas vous ?
Mon choix s’est porté sur le petit dernier «
Facemelter ». Pourquoi ? D’abord parce que j’aime pas chroniquer les live, les live ça se vit. Et ensuite parce que je n’ai pas les autres en support physique.
- « Oh l’autre, il connaît même pas les deux premiers et ceux du milieu des années 90 ».
Tttttttttt, on se calme, surinterprétation de votre part. Je les connais bien, très bien même. Mais j’attends leur intronisation sur mon étagère en bois massif de Suède - Nikéa quoi - pour m’y attaquer. Oui, j’ai une étagère Nikéa.
Pas vous ?
«
Facemelter », un titre d’album qui ne manquera pas de rappeler aux plus fidèles le nom de la maison d’édition créée par le groupe en 1981, Facemelting Music. Un fan du groupe déclara à Dave et ses boys un soir de 76 après un concert : 'I just wanted to tell you guys you melted my face out there.'
Facemelter, une expression désormais passée dans le langage courant aux US pour désigner (notamment) le fait de s’être fait botter le c-l en concert par un rock band.
Avec «
Facemelter » (2010) donc, pfff désolé, qu’est-ce que je m’égare parfois, le groupe attaque sa 5eme décennie dans la rock music. Respect. Les fans n’y croyaient plus trop, puisque 13 longues années séparent ce disque de son prédécesseur. Parfait pour se faire définitivement oublier, surtout lorsque l’on joue une musique très typée années 80. Heureusement, les quadras à bon goût, les quadras à mauvais goût n’ont plus de cheveux, ça leur apprendra, sont plus fidèles qu’un labrador. En outre, le groupe s’est remis à tourner dés 2001 et a pu constater que la demande était toujours là. A force d’entendre les fans lui demander « quand est-ce que vous sortez un nouvel album », Dave s’est décidé à composer à partir de 2009.
Aux côtés de
Meniketti et Kennemore, compagnons de la première heure, John Nymann (guitare), présent « officiellement » en live depuis 2003 et roadie auparavant, et Mike Vanderhule (fufuts), le petit nouveau, enregistrent leur premier disque avec Y&T.
Mes adorables lecteurs, ceux qui boivent mes mots tel les membres d’une secte vénérant leur gourou (coucou stach stach), ne manqueront probablement pas de me faire remarquer que j’ai déjà un peu fait le coup de l’intro avec l’histoire de terminer ce que l’on commence (cf. savoir tenir une promesse sur la chro de Lynott « Nineteen »). De un, un membre de secte, ça ferme sa gueule devant son gourou. De deux, recycler, faire du neuf avec du vieux, c’est exactement comme Y&T ici, je suis donc hyper raccord.
Des exemples ? Une intro "Prelude" - pas terrible d’ailleurs, un peu trop grandiloquente je trouve - précédant le premier titre "
On with the Show" comme au temps de «
Black Tiger » avec "From The
Moon" et "
Open Fire", et qui raconte à nouveau ce feeling unique que l’on ressent en rentrant sur scène pour lancer un show, une influence
Van Halen évidente à mes oreilles (avec l’intro de "Shine on", tout Eddie - arf arf -, le groovy "I want your money") comme c’était déjà le cas sur «
Down for the Count » (1985), la présence de l’indispensable power ballad ("If you want me"), et un "
Blind patriot" franchement sympa mais à l’air de déjà entendu tant "
Hurricane" n’est vraiment pas loin. Un dernier exemple, Dave est allé chercher Dismukes, l’auteur des pochettes de «
Black Tiger » ou «
Meanstreak » pour créer ce nouvel artwork. C’est bien lui en effet qui est derrière cette merde dont la laideur est une honte au talent du groupe. J’ai envie de pleurer.
Pas vous ?
Alors, quand je lis Dave raconter qu’il n’a essayé de dupliquer aucun de leurs albums précédents en prétextant que les fans ne veulent pas entendre toujours la même chose de la part de leur groupe préféré, je dis coquin Dave, tu nous prends un peu pour des jambons. Mais au final c’est tant mieux puisque je n’attends rien d’autre d’Y&T que des rock songs mid ou up tempi magnifiées par le talent de soliste de
Meniketti ("
On with the Show", "How long", "I want your money") même s’il me faut reconnaître qu’il nous a proposé plus étincelant encore par le passé.
Des nouveautés ? Ca va pas prendre trois plombes. Juste quelques soli à deux guitares superbement réalisés ("
On with the Show", "
Blind patriot"). Quoi que y’en avait déjà sur "
Midnight in Tokyo" donc on oublie pour les nouveautés.
La première (grosse) moitié du disque laisse espérer une totale réussite. Hormis un "
Wild child", seul titre écrit en solo par Nymann, quelconque malgré le chant de Dave - on croirait entendre Coverdale au départ -, les morceaux s’enchaînent avec plaisir jusqu’à "If you want me" inclus. Jamais mielleuses les ballades d’Y&T. Je préfère entendre ça que toutes celles que
Whitesnake ou
Aerosmith ont chié par paquet de douze depuis 20 ans. 30 en fait, depuis "
Angel" sur « Permanent Vacations » pour l’un et "Is this love" sur «
Whitesnake » pour l’autre. "
On with the Show", "How long", écrit par Phil à propos de nos démons intérieurs, et "I’m coming home" sont mêmes franchement convainquant. Je me surprends souvent le matin sous la douche à fredonner ces titres. Oui je me lave, j’ai jamais dit que j’étais un trüe.
Concernant ce dernier, voilà un titre aux multiples lectures possibles. Grosso merdo, nous avons tous un chez nous, où qu’il soit, un endroit où nous nous sentons comme à la maison. Un soir, Dave, malade et ne pouvant sortir le moindre son de sa voix, reçut l’aide des fans de Newcastle pendant tout le concert. Merci à eux de m’avoir fait me sentir chez moi en cet instant, voilà le message. Il résume tout ce que j’aime tant chez Y&T avec ce superbe riff d’intro suivi par la rythmique « cavalcade », - ta tata tata tata (yoyo) -. Un chant gorgé de feeling, un refrain réussi, un break de batterie sympa et un bon solo, jackpot ! Un « single » vu quand même 1 718 200 de fois sur YT depuis sa sortie, la preuve que le groupe en intéresse encore certains. Quoi que, ça ne veut pas forcément dire grand chose puisque le premier connard qui est filmé en train de se casser la gueule de son vélo fait 3 millions de vues. Donc à vrai dire, les vues YT je m’en cogne pas mal.
Pas vous ?
Avant d’oublier, je me permets de préciser que Dave, celui que le lutin Ronnie James présentait comme l’un des chanteurs les plus sous estimés de la planète, affole toujours autant les compteurs de cette voix chaude qui laisse transpirer toute sa passion pour la musique.
La seconde moitié du skeud est franchement en dessous je trouve. Exception faite de "
Blind patriot" - en l’honneur de tous ces hommes qui mettent leur vie en jeu pour défendre une cause ou un pays sans avoir la plupart du temps la moindre idée de ce à quoi ils vont être confrontés - que j’apprécie mais pour lequel j’ai déjà évoqué le fait que je le trouve un peu trop proche de "
Hurricane", les autres titres peinent à pleinement (me) convaincre : "Hot shot" est un rock n roll pas folichon, Ac/Dc like, le groupe préféré de Dave, que l’on verrait bien du côté de chez
Krokus, "Don’t bring me down", à l’ambiance sudiste roupille un peu et nous avec – dommage avec des lyrics adressés à tous les haters sur internet, fuck you ! -, "Gonna go blind" dont l’intro bluesy à la guitare acoustique laisse espérer le meilleur mais qui, une fois lancé par un riff purement n rock n roll, génère un morceau plutôt quelconque, ou encore "One life" dont on ne retient pas grand chose sinon un solo agréable et un refrain sympathoche. Un titre dont le riff me fait penser immédiatement à celui de Judas sur "
Redeemer of Souls".
Pas vous ?
Un dernier point concernant la prod’. J’ai souvent pu lire de ci de là sur le net que celle de «
Facemelter » enterait les albums du groupe du début des eighties style «
Earthshaker ». Grosse blague sérieux. C’est même le point un peu faiblard du disque selon moi, notamment le son de la batterie. Mais bon, à chacun ses oreilles comme disent les toreros.
Au final, Il aurait été tellement simple d’ôter 3 ou 4 titres à ce pavé de plus d’une heure pour en faire un album franchement réussi. Ce qui nous donne une note en totale adéquation avec ma légendaire mauvaise foi : 14/20.
Nostalgie quand tu nous tiens…
Pour finir, une grosse pensée pour les membres « historiques » du groupe, Kennemore, out depuis janvier 2011, Leonard
Haze, dégagé en septembre 2016 et enfin Joey Alves, sorti du jeu en mars 2017. Dave est donc le dernier des mohicans.
Pas rassurant. J’ai toujours un peu la trouille d’être le prochain sur la liste moi.
Pas vous ?
Encore un magnifique papier Sam. Tu es prêt à te lancer en campagne de fin de quinquenat pour devenir notre nouveau gourou... pour avoir vu Y&T aussi à Vauréal mais fin 2016, je reste scotché par la voix de Dave toujours aussi chaude et son jeu qui ferait palir encore un paquet de jeune tripatouilleur de manches sans feeling. Un album trop long, c'est vrai. A gaver avec des titres moins aboutis un album, on le transforme en quelque chose sans la saveur escomptée.
Tiens, en parlant de cette pochette pas jojo, faudra que je t'explique ce que l'on fait des dragons qui volent avec Phil et Jean-Luc
Pas fan de ce groupe mais j’avoue que tes textes me transportent à chaque fois et donnent envie d’en savoir plus quand même. Good job vieille branche ! ;-)
J'ai bien réécouté ce "Facemelter" ces jours-ci et je te trouve un poil sévère, même si je comprends ton point de vue. Pour moi, l'album souffre plus d'un manque d'homogénéité que de "remplissage".
Une partie de l'album (On with the show, How long, Coming home, If you want me, Blind patriot par exemple) nous ramène vraiment à la grande époque 81-83, alors que les titres "en dessous" évoquent plus la période commerciale du groupe, mais à mon avis, en largement meilleur que ce qu'ils ont fait sur des albums tout pourris comme l'immonde "In Rock We Trust". Moi je l'écoute en entier avec grand plaisir, ce "Facemelter", et je ne trouve pas qu'il y ait un titre à jeter même si, bien sûr, on n'égale pas leur trilogie référentielle.
C'est exactement ce que j'attends de Y&T donc pas déçu du tout pour ma part. Et j'aime bien l'intro aussi, vieux grincheux !
2018, année de la chronique : on attend la suite poto !
L'immonde In rock We Trust???? WTF Zaz! (bon d'accord tu avais déjà émis cet avis sur la chro de l'album). Immonde est bien "dur" je trouve. Tu dis quoi sinon des 2 suivants, y'a pire qu'immonde?
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