Fufufuuuu, …, fufufufufuuuu, …, fufufufufufufuuuuu, fufuuuuu, fuuuu (désolé je n’ai jamais été capable de siffler correctement).
Levez le doigt ceux qui ont reconnu la chanson à laquelle appartient cette mélodie ? Personne ? Normal, je viens de vous le dire, je siffle comme une vache espagnole.
La réponse : “
Wind of change“. Oui, le hit gnangnan et dégoulinant de bons sentiments de
Scorpions.
(Et là, je parie que plusieurs parmi vous sont repartis en début de chro pour essayer de suivre la dite mélodie).
Oubliez la, car voici venu le seul “
Winds of change“ - avec un S - digne de ce nom, celui d’Y&T.
Nous sommes en 1982. De manière incompréhensible, son précédent disque, le fabuleux «
Earthshaker » (1981), ne s’est guère vendu. Nullement abattu, Y&T décide de revenir un an après avec un «
Black Tiger » hyper solide.
Dés les premières notes, avec guitares à la tierce, de “From the moon“, la magie d’Y&T opère. Mieux que personne, ce groupe a su réunir la quintessence du hard rock US des 80’s : variété des tempi et des « humeurs », mélodies divines, et une certaine technicité au service d’un énorme feeling.
Ce disque voit tout d’abord l’entrée en scène de John Taylor Dismukes. Bien connu des amateurs de rock, le bonhomme a bossé sur les pochettes de nombreux groupes :
Keel,
Foreigner, The Grateful
Dead ou encore
Steppenwolf. L'illustrateur travaille ici pour la première fois avec Y&T. Ce ne sera pas la dernière («
Meanstreak », «
In Rock We Trust » et bien plus tard «
Facemelter »). De même, cet album marque l’apparition du logo « classique » du groupe.
Enregistré au sud de Londres, où le groupe pose pour la première fois ses valises, l’ambiance dans l’espèce de vieux manoir qui sert de studio est studieuse - tiens ces deux mots auraient-ils des origines communes ? -. Dave et ses acolytes n’auront qu’une seule et même crainte tout au long de ces quelques semaines : oubliez de rouler à gauche lorsqu’ils prennent la voiture ! Aux manettes, Max Norman (Ozzy,
Loudness,
Savatage). La peur d’entendre le groupe s’orienter vers un son plus heavy s’éloigne dés l’écoute des deux premiers titres.
Pas un travail extraordinaire, mais la personnalité sonore du groupe est respectée, ce qui est déjà beaucoup, sachant combien il est indéniable qu’Y&T a une vraie identité.
D’un feeling moins bluesy que le précédent, cet album nous régale d’un hard rock racé (“
Open Fire”, peut être le titre le plus heavy de leur discographie, "
Black Tiger", "
Forever") auquel se mélange quelques compos que l’on qualifierait aujourd’hui d’
AOR ("
Don't Wanna Lose", "
Winds of change") et autres titres (boogie) rock (“Barroom Boogie”, doté d’un solo à pleurer, “My way or the highway“, que les amateurs de Ac/Dc mais surtout du
Van Halen des deux premiers albums devraient apprécier).
Le riff rampant de “
Black Tiger” - censé aux dires du groupe créer un feeling proche de celui de la musique du film « Les dents de la mer »,
Deep Purple fera également le coup avec son intro de “Knocking at your back door“ - explose subitement sous la frappe d’
Haze et la rythmique punchy en power chords d’Alves, pendant que les lignes de basse du fidèle Kennemore dansent tout autour. Du tout bon. Enfin, son solo résume à lui seul les immenses capacités de
Meniketti. Dave a raconté qu’il ne préparait que très rarement ses soli avant de les enregistrer. La plupart du temps, il fait ça à l’instinct - je suis écœuré, moi qui après deux heures d’entraînement ne parvient même pas à jouer correctement l’intro de “Back in Black“ -. Pour ce titre, après plusieurs essais, l’inspiration ne lui venait pas. Frustré, il s’accorda un break et revint avec la volonté de trouver un autre angle d’attaque. Le résultat ? Un solo qui au départ ne ressemble pas trop au style de
Meniketti, très heavy avec une multitude d’effets, avant une fin plus mélodique et davantage conforme à ce qu’il nous propose généralement.
Verdict de Norman, assis en face de Dave : « Well, c’est pas trop mal ». Un peu mon neveu que c’est pas trop mal !
Comme sur l’album précédent, le groupe place intelligemment une bombe atomique à la fin de chacune des faces ("
Winds of change", "
Forever"). Sur "
Winds Of Change", ballade poignante, Dave sait accompagner des arpèges simples d’un chant chargé en émotion, ce qui me permet ainsi de faire le lien avec ce qu’a souvent proposé
Gary Moore. L’Irlandais, tant pour la voix que pour le jeu de guitare, est la référence que j’ai immédiatement à l’esprit lorsque j’écoute
Meniketti. Pour ce qui est de "
Forever", probablement dans le Top 3 des compositions jamais écrites par le groupe, le titre démarre par une reprise du thème de “From The
Moon”, pour rapidement accoucher d’un hard rock classieux au solo d’anthologie (en live lorsque le bougre est motivé, ça peut carrément tout exploser).
Ce morceau, lancé à partir d’une jam en studio, dans lequel les musiciens pouvaient passer jusqu’à 14 heures par jour, sortira en single aux States avec “
Black Tiger” en face B. Pour l’Angleterre, ce sera "Don’t wanna lose", un morceau plus popisant. Phil avouera avoir été influencé par le
Foreigner de "Feels like the first time" (1977). Un Phil absent lors de la fin de l’enregistrement de la chanson, la faute à un important mal de dos apparu lors de la série de concerts données au beau milieu de la réalisation du disque, notamment avec Ac/Dc sur le « For Those About To Rock Tour ». Ni le single britannique, ni son pendant américain, ne rentreront dans les Charts. Dur.
Pour faire quand même un peu mon rabat-joie, j’excelle dans ce domaine, je regrette l’absence d’un poil d’enthousiasme et d’énergie supplémentaires et un nombre plus restreint de « classiques » comparés à «
Earthshaker ». De même, “
Hell or high water“, pas si éloigné que cela de
Kiss, au refrain gonflé de chœurs trop répétitifs est sauvé de la mention passable par de superbes lignes de chant lors des couplets. Le break lancinant accouche d’un solo d’abord tout en retenue puis plus énergique. L’ombre de Moore plane à nouveau… Voilà, c’était la minute « monsieur fait la bine fouche ».
Au regard des standards de notre époque, l’album est très court (huit titres pour 38 petites minutes), mais comme dit le proverbe, peu importe le flocon pourvu qu’on ait l’adresse ! Et l’adresse je l’ai :
http://store.meniketti.com/ProductDetails.asp?ProductCode=YTCD%2DBT. Vous y trouverez l’album remasterisé, version 2005, avec en prime un titre bonus enregistré à l’époque.
Enfin, pour les ultimate fans du groupe, notez la sortie en mai
2012 du « Ye Olde
Metal: Y&T’s
Black Tiger », une application pour iPad, iPhone et iPod touch proposée par Monsieur Martin Popoff himself, qui raconte l’histoire du making of de ce disque (faut que je fasse gaffe, encore un mot dans la langue de Jekspire et la chronique passe sur la version anglaise du site), avec interview, oups entretien, de Dave
Meniketti. A tout seigneur tout honneur - en plus le plagiat c’est pas beau et ça peut m’envoyer en prison ; or je n’aime ni les oranges, ni les barbus costauds -, la plupart des anecdotes évoquées dans cette chro en sont issues.
Sinon, qui avait reconnu la mélodie de Scorpions? Personne? Vous etes nuls les gars.
Idem pour moi comme Swit35 ;)
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