Il en est de certains disques comme de la plupart des matchs de l'équipe de France de football : pas besoin de trop longuement s'étaler pour constater le désastre. Ce huitième opus studio d'Y&T rentre dans cette catégorie.
Habitué à ce que le groupe parte à l'abordage avec son hard rock 100% pur jus aux guitares bluesy, il est davantage question ici à mon sens d'un sabordage en bonnet de forme (ou bonne et due forme, je sais plus trop).
"
In Rock We Trust" (1984) et plus encore "
Down for the Count" (1985) avaient annoncé la couleur, "
Contagious" le confirme, Y&T rentre dans le moule (burnes).
Le fan ne peut que constater, amer, le nauffrage du groupe qui s'aventure dans les eaux troubles du hard US à paillettes, sans odeur certes, mais hélas sans poils non plus - épillation du maillot obligatoire, sinon ça frotte pour enfiler le moule burnes -.
Leonard
Haze, le batteur zinzin a senti le coup (d'arrêt) et s'est fait la belle, remplacé ici par Jimmy DeGrasso. Ce premier changement de line up après presque quatorze années d'existence traduit probablement le malaise existant à bord. En outre, le groupe fait encore appel à des membres extérieurs pour la co-composition (Al Pitrelli, Taylor Rhodes, Robert White Johnson). Mauvaise pioche.
Afin d'être bref mais didactique - chiant quoi -, j'argumenterai ma critique autour de trois points.
Tout d'abord, je regrette que l'identité du combo s'efface derrière des influences trop pesantes. Cela lui était déjà arrivé par le passé mais jamais avec une telle évidence.
Vous voulez du
Van Halen? Voici "L.A. Rocks"; l'intro et le break suffiront à vous convaincre, même l'ouverture vocale au son d'un "Waow" sonne très Roth. Rebelotte avec "The kid goes crazy". On n'est pas loin non plus des Deutch frangins sur "
Eyes of a stranger". Faut pas pousser mémé dans les orties les mecs.
Bon Jovi vous inspire? En avant pour "
Contagious", avec son synthé et sa ligne de guitare façon "Livin on a prayer" (la preuve sur la vidéo postée ci-bas).
Ma deuxième critique porte sur ces refrains gonflés (et gonflant) de choeurs aux "hoho hohoho hoho" archi-clichesques.
Trop de choeurs tue le coeur. Exemple avec "Temptation" où le Y&T capable de tirer des larmes à un nauffragé du désert est bien loin, la faute à ces satanés choeurs plus faux que nature. Attention, variante possible avec "wo ohohoh wo houho" comme sur "Bodily harm".
Dernier point concernant ce qui fait (faisait) à mon sens tout autant la force que la grâce d'Y&T : les soli de
Meniketti. Ici, ils ne font pas vraiment honneur au talent du bonhomme, exceptions faites de ceux présents sur "
Fight for your life" (un bon titre avec au passage une petite influence
Def Leppard) et "Armed and dangerous" (putain ces choeurs, quelle purge!).
Le sourire qui revient au début de l'instrumental "I'll cry for you" se transforme vite en rictus nerveux. Il suffit de faire entendre le titre à un de vos camarades pour qu'il vous réponde sur le champ qu'il s'agit de
Gary Moore.
La malhonnêteté qui partage ma vie s'étant faite la malle quelques instants, je dois convenir que
Meniketti chante magnifiquement et que ceux qui ne connaissent pas ou mal les travaux antérieurs du groupe pourront même apprécier l'opus.
Pour ma part, les larmes coulent le long de mes petites joues rougies par la colère. Adieu mon bel étalon, bonjour le cheval de trait...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire