Mine de rien, voilà un peu plus de 15 ans que
Papa Roach nous balance son néo-metal qui, depuis, a mué en un Rock US forcément un peu formaté – style oblige – mais non dénué d'intérêt. «
The Connection », précédent opus du groupe, avait d'ailleurs conforté la position de
Papa Roach dans ce style, après un «
Metamorphosis » (2009) plus glam (Mick Mars pose d'ailleurs un solo sur cet album). Autant le dire tout de suite, F.E.A.R est dans la droite lignée de son prédécesseur direct : durée des chansons formatée pour squatter les ondes (pas une seule de plus de 4 minutes!), production triturée d'effets (nous y reviendrons), et bien entendu, des refrains tous plus accrocheurs les uns que les autres.
F.E.A.R donc, acronyme de « Face Everything
And Rise ». Affronter ses peurs, tourner la page, trouver la foi, blablabli et blablabla... Pour être très aimable, je ne m'étendrai pas plus longtemps sur ces réflexions philosophiques, dignes d'un adolescent de 15 ans, pour en venir à ce qui nous intéresse le plus ici, à savoir, la musique, à commencer par le son du disque.
Oeuvre de Kevin Churko (
Five Finger Death Punch,
In This Moment,
Ozzy Osbourne...), celui-ci est complètement surfait, gavé d'effets et lisse au possible. Non pas qu'un son clair et moderne soit désagréable lorsqu'il sert les compositions, mais tous ces albums qui se ressemblent chaque fois un peu plus entraînent le désagréable sentiment d'écouter toujours la même chose. De l'aveu même des musiciens, simulateurs d'amplis, logiciel Pro-Tools et autres plug-ins ont été les principaux ingrédients de la mise en boite de
F.E.A.R. Un exemple flagrant est donné avec «
Warriors » et son intro au synthé, qui pourrait presque passer en boite de nuit. Bref, on décèle un manque de personnalité assez dommageable dans ce domaine, l'album risquant fort de mal supporter le poids des années.
Fort heureusement, le son ne nous empêche pas de profiter de morceaux pour la plupart énergiques, avec un riffing souvent accrocheur à défaut d'être original (« Face Everything
And Rise », «
War Over Me », « Broken As Me »...). Le meilleur moment est sûrement formé par la doublette « Falling Apart » et « Love Me Till It
Hurts » (super refrain!), deux morceaux bien construits et qui se démarquent un peu par leur ambiance du reste. Le titre bonus « Fear Love
Hate » aurait, quant à lui, largement mérité de figurer sur l'opus, avec son riff beaucoup plus heavy que la tonalité générale de l'album et un refrain rageur. «
Never Have To Say Goodbye » est, quant à lui, l'exemple type du morceau hyper calibré qui montre un savoir-faire indéniable, avec sa mélodie qui reste en tête, sans toutefois sortir des sentiers battus. Autres défauts notables : pas un seul véritable solo ne pointe le bout de son nez, et la construction des morceaux est plus que banale, avec des breaks n'excédant jamais les 30 secondes, se contentant la plupart du temps de balancer à nouveau le riff principal de la chanson, mixé différemment et avec quelques effets. Quelques clics de souris ont d'ailleurs certainement permis de rallonger des chansons qui tournent en rond rapidement (« Broken As Me », «
Devil », «
Warriors »... ).
Alors, que dire de plus ? F.E.A.R n'est pas un mauvais album, c'est évident. Mister Shaddix et ses compères ont la science du refrain qui reste en tête, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Néanmoins, le groupe devra veiller à faire évoluer sa formule la prochaine fois, au risque de lasser une bonne partie de son auditoire.
Papa Roach devra notamment prendre des risques au niveau du son, afin d'éviter un formatage passant mal l'outrage du temps.
Enfin, très bon commentaire en tout cas, détaille peut être un peu plus la prochaine fois.
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