Les événements semblent s'accélérer ces derniers temps pour la formation autrichienne... Si quatre années séparent le puissant et chatoyant «
The Bonding », sorti en 2013, de son successeur, le somptueux «
The Great Momentum », deux ans seulement seront requis dès lors jusqu'à la naissance de «
Dynamind », leur dixième album full length. Le temps pour nos acolytes de réaliser un sculptural album live, le bien-nommé «
Live Momentum », en 2017, que relayeront deux singles – «
Live and Let Go » et «
On the Other Side » en 2019 – soit deux des dix pistes du présent opus, signé, comme ses plus proches aînés, chez le puissant label allemand Steamhammer. Ce faisant, les armes esthétiques et techniques de ce frais arrivage permettront-elles de nous faire oublier le dantesque «
Solitaire » ou encore le frissonnant «
My Earth Dream », voire de supplanter son rayonnant devancier ?
Plus encore, l'expérience studio acquise du combo au cours de ses vingt et un ans de carrière lui autorisera-t-elle, enfin, l'accès au rang tant espéré de valeur de référence du si convoité espace metal symphonique à chant féminin ?
Dans ce dessein, le line-up subira une légère refonte. Si l'on y retrouve le mastermind et pluri-instrumentiste
Lanvall, la chanteuse aux sensuelles inflexions Sabine Edelsbacher, le guitariste Dominik
Sebastian (
Serious Black,
Thirdmoon, A
Ghost Named Alice) ainsi que Johannes Jungreithmeier (
Thirdmoon,
Woodtemple) derrière les fûts, le bassiste Stefan Gimpl (
Crystallion) viendra, lui, grossir les rangs. Avec le concours, là encore, de Thomas Strübler (ex-
Crystallion) aux choeurs, le collectif ainsi constitué, conformément à ses fondamentaux stylistiques, nous replonge dans un rock'n'metal mélodico-symphonique gothique et progressif aussi fougueux et chatoyant que pourvu de judicieuses variations techniques. Est-ce à dire que les 55 minutes du ruban auditif de la galette seraient en passe nous imposer un frustrant bis repetita, à l'exclusion de toute sonorité alternative qui, précisément, lui conférerait son caractère propre ?
La production d'ensemble, quant à elle, demeure d'excellente facture. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, les maîtres d'oeuvre en la matière sont restés inchangés depuis «
My Earth Dream » : également produit par
Lanvall, mixé aux Thin Ice Studios (Virginia Water, Surrey, Royaume-Uni) par Karl Groom (guitariste (
Threshold) et producteur (
DragonForce,
Engraved Disillusion,
Intense,
Shadowkeep...) de son état), et mastérisé aux Finnvox Studios (Helsinki, Finlande) par un certain Mika Jussila (
Amberian Dawn,
Avantasia,
Finntroll,
Korpiklaani,
Nightwish,
Sirenia,
Sonata Arctica...), l'opus n'accuse par l'once d'une sonorité résiduelle tout en offrant une belle profondeur de champ acoustique. Des conditions d'écoute quasi optimales, aptes à nous garantir une traversée sans escale prématurée à bord du sécurisant navire...
Le groupe interpelle, une fois encore, par son habileté à générer ces séries de notes des plus enveloppantes, aptes à nous happer, et d'un battement d'ailes, dans la tourmente. Ce que révèlent, tout d'abord, leurs plages les plus éruptives, dont «
Live and Let Go », engageant et ''jamesbondien'' up tempo aux riffs crochetés, dont les grisants schèmes d'accords pourront rappeler «
Solitaire » ; doté d'un refrain catchy mis en habits de lumière par les chatoyantes ondulations de la princesse et d'un poignant solo de guitare, le ''tubesque'' élan poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée.
Plus sanguin, « Where Oceans
Collide » se pose, lui, tel un époumonant up tempo à la basse claquante, dans la veine rythmique de «
Return to Grace ». Calé sur des enchaînements intra piste ultra sécurisés, le frondeur mouvement génère une énergie aisément communicative. Dans ce sillage, on ne saurait davantage éluder le rayonnant « The Edge of Your World » ni le solaire « What Dreams May Come », tant pour leurs vivaces coups de boutoir et leur avenante ligne mélodique que pour leur pont atmosphérique qu'enserrent deux vibrants soli de guitare.
Un poil moins enfiévrés, d'autres espaces d'expression trouveront, à leur tour, matière à encenser le pavillon. Ce à quoi nous sensibilise, en premier lieu, « The Memory
Hunter », mid/up tempo aux riffs acérés dans la ligne harmonique de «
The Great Momentum » ; recelant un entêtant refrain mis en exergue par les troublantes impulsions de la sirène et un fin legato signé
Lanvall, l'entraînant méfait ne se quittera qu'à regret. Dans cette mouvance, eu égard à ses seyants arpèges d'accords, à la fluidité de son léger tapping et aux insoupçonnées et grisantes montées en régime de son corps orchestral, l'invitant « All Our Yesterdays » ne lâchera pas sa proie d'un pouce.
Quand il ralentit encore le rythme de ses frappes, le collectif ne n'est guère avéré plus malhabile, loin s'en faut. Ce qu'atteste le solaire mid tempo «
On the Other Side », tant pour la jovialité insufflée par son atmosphère celtique – que souligne un pont techniciste bien amené et finement esquissé – que par sa mélodicité toute de fines nuances cousue. Mais le magicien aurait encore quelques tours dans sa manche...
Lorsqu'ils nous mènent en des contrées plus apaisantes, nos compères détiennent quelques clés pour nous rallier à leur cause. Ainsi, dans la veine atmosphérique de « Until the
End of Time », la ballade progressive «
Tauerngold » se fait des plus émouvantes ; eu égard à l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre, où se calent les magnétiques médiums de la maîtresse de cérémonie, et à la graduelle et poignante densification du dispositif instrumental, l'instant privilégié comblera assurément les attentes de l'aficionado de moments intimistes. En revanche, si ses séries de notes se révèlent finement échafaudées – et en raison de son atmosphère résolument éthérée doublée de quelque linéarité mélodique – la brève ballade a-rythmique «
Dynamind » n'accrochera le tympan que par touches.
Enfin, comme ils nous y avaient habitués, nos acolytes nous octroient à nouveau une ample pièce en actes metal symphonico-progressive, non sans laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Aussi, l'aérienne et ''jamesbondienne'' fresque « The Last of His Kind » égraine ses quelque 12:14 minutes d'un parcours à la fois épique et romanesque ; n'ayant de cesse de varier ses phases rythmiques comme ses tonalités tout en sauvegardant une sente mélodique des plus liantes sur laquelle se greffent les fluides modulations de la diva, et instillé de pas moins de quatre soli de guitare – dont un sculptural aux consonances jazzy en son centre –, cet altier et orgiaque effort n'aura pas tari d'armes efficaces pour nous faire plier l'échine. Sans doute le masterpiece de l'opus.
A l'issue d'un parcours à la fois tumultueux et grisant, force est d'observer que nos cinq valeureux gladiateurs s'en sortent avec les honneurs : aussi émoustillant qu'enivrant et bénéficiant à son tour d'arrangements orchestraux de bon aloi, ce nouvel élan se suit de bout en bout sans encombre. Demeurant dans le sillage technique et harmonique de ses devanciers sans pour autant faire montre d'un quelconque renouvellement de ses gammes, in fine, ce frais arrivage peinera, hélas, à surprendre un tympan déjà familiarisé aux travaux du combo autrichien. Et s'il a varié son propos sur les plans rythmique et atmosphérique, le collectif ne concède que peu de prises de risques, une fois encore, tout en nous privant de l'une ou l'autre joute oratoire. Toutefois, sans supplanter son rayonnant aîné, ce dixième effort n'en dissémine pas moins d'enchanteresses vibes, plaçant dès lors le collectif à deux doigts des valeurs de référence de cet espace metal. Affaire à suivre, donc...
Note : 15,5/20
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