Dark Side of the Spoon

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16/20
Nom du groupe Ministry
Nom de l'album Dark Side of the Spoon
Type Album
Date de parution 08 Juin 1999
Style MusicalMetal Industriel
Membres possèdant cet album122

Tracklist

1. Supermanic Soul 03:13
2. Whip and Chain 04:23
3. Bad Blood 04:58
4. Eureka Pile 06:22
5. Step 04:06
6. Nursing Home 07:02
7. Kaif 05:25
8. Vex & Siolence 05:24
9. 10/10 03:43
Bonustrack
10. Linda Summertime
Total playing time 44:36

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Ministry


Chronique @ ArchEvil

07 Novembre 2010

Un nouveau destroyer hallucinogène des familles

Je commence cette chronique en mettant toute ma sainte objectivité sans faille au placard pour exhiber à vos yeux admiratifs une citation démontrant l'étendue de mon goût formidable et universellement parfait : Al Jourgensen fut l'un des plus grands artistes du metal comme de la musique industrielle ayant marqué les 80' mais aussi les 90'.

Voilà, c'est fait. On peut fermer le rideau... quoique... une petite seconde. Al Jourgensen a aussi été vachement critiqué. Ce salopard n'aurait jamais du arrêter la seringue, faut croire. Rio Grande Blood malgré son succès, fut le fer de lance d'une période encore plus politisée ( notre homme arborant sans retenue son costume anti-Bush en live, tel un cri contestataire, ou une marque de commerce plus simplement ) et décevante par son manque de créativité et d'identité par rapport à son passé mêlant un disque phare et précurseur ( The Mind Is a Terrible Thing to Taste ), une ogive cyber à la détonation monstrueuse, retenue comme étant l'emblème de Ministry ( Psalm 69 ) et une bombe heavy indus d'une lourdeur éléphantesque presque vomie, puant l'enfer cérébral et l'anti-américanisme dont notre héros fut l'un des plus acharnés protagoniste de notre scène chérie ( Filth Pig ) ... et puis Dark Side of the Spoon. Alors celui-là on ne sait pas de trop finalement. Ignoré du public faute à l'ombre trop étendue de Psalm 69, un disque « synthèse » poli par une tendance electro coagulée au max, histoire de lui donner une certaine consistance diront les mauvaise langues.
Celles qui hausseront les sourcils dédaigneusement si je leur affirme que Jourgensen et ses acolytes se sont non seulement recyclés sur ce disque mais ont en plus proposé un nouveau destroyer hallucinogène des familles. Bah on va avancer la preuve alors, les grincheux.

Dark Side of the Spoon, titre clin d'oeil à l'album le plus vendu des Pink Floyd ( après peut être Wish you were here... bref on s'en fout, on est pas chez EMI ), avec une cuillère à la place de la lune, référence à l'addiction à la came de Al, est sorti en 1999, distribué par WB record, après 3 ans de silence. Un laps de temps honnête pour un gars qui a tout de même enchaîné les sorties à intervalles moyens après Psalm 69.
Sur cet opus, Ministry aura été pêcher l'inspiration sur ses trois meilleurs albums ( pourtant tous terriblement différents ) et y aura ajouté un épice plutôt ténu jusque là dans sa discographie : Un léger penchant pour une musique électronique nettement plus proche de Wumpscut que de Aphex Twin. Evidemment, cela colle à merveille avec l'esprit psyché, théatral et dérangé de l'aspect neurotoxique et entêtant de la musique de Al. Un disque auquel les influences sont finalement assez ardues à décortiquer tant il ira piocher ses éléments sur la largeur de l'univers musical.
Du côté du line-up, peu de changement par rapport à Filth Pig sinon Rey Washam parti aussi vite qu'il n'était arrivé, chacun touchant désormais à la programmation et aux samplers qui élaboreront le plus gros de la charpente électronique, dont la batterie. Mais ne vous leurrez pas, nous restons encore bien dans le vrai metal industriel sous acide version Ministry. De leur côté, Al Jourgensen et Louis Svitek empoignent leurs guitares nettement plus acérées que sur Filth Pig, gardant un certain Hukik de réserve lorsque Al ira piocher d'autres instruments, et bien entendu, la seconde pierre porteuse de Ministry : Paul Barker, qui nous offre ici une basse distordue d'une pureté et d'une profondeur ravageuse.

Cette mouture bénéficie d'une organisation sans faille. On y balance les grumeaux au début avec l'hyper efficace et sans concessions Supermanic Soul, du pur Ministry période Mind is qui vous envoie le service de table au faciès et sans bavette. On intercale une accalmie inspirée du meilleur de Filth Pig avec Whip and Chain, sur lequel Jourgensen semble faire un face avec son addiction tout en ne pouvant la contrôler réellement et on termine ce tryptique avec Bad Blood, tube surpuissant et contestataire ( que l'on retrouve de manière anecdotique sur la bande original de The Matrix ).

C'est à partir de là que Ministry prouve qu'il est encore tout à fait capable d'impressionner, au lieu de se contenter de cette ouverture détonante et faire du remplissage par la suite, notre homme réserve le coeur de son album pour ses fidèles les plus acharnés. On y retrouve des titres variés tendant vers l'expérimental au potentiel pourtant très accrocheur. Un Eureka Pile langoureux et longuet, mais bénéficiant de certaines sonorités étrangement orientales qui lui attribuent une dimension solide.
Un énorme Step sur lequel un swing de dingue vient réveiller ceux qui n'auront pas tenu le précédent, tout en copulant joyeusement avec un cyber punk pas très éloigné de Psalm 69, un Just One Fix habillé d'un costume presque jazzy, moins intoxiqué mais totalement déglinguant pour votre matière grise.
Enfin arrive le plat de résistance : Nursing Home. Un contraste fou entre la basse ultra-pesante de Barker et les légèretés de Jourgensen, que ce soit ces ritournelles frivoles au Banjo ou ce saxophone complètement allumé ( qui rappellera sans doute le Ian Underwood de Hot Rats à nos mélomanes chevronnés ) traduisant une folie que notre homme décide de libérer à l'état brut. Et ces cassures, ces relancées sans retenue, ces couches de sample, ces variations de hauteurs dignes d'une overdose apportant chacune une pierre à un édifice barge, voire dérangeant, sont autant d'éléments essentiels. On soulignera aussi les paroles dont la dégénérescence est tournée à tel point en dérision, Al garde son titre de faux prophète mimant et ridiculisant la bienséance. Un titre gravé dans la bible épileptique du groupe.

Sur KAIF, le disque tombe en état de semi-léthargie. Comme Psalm 69 tomba sur Scarecrow, les ventricules battent à vide, cette basse profonde et amère inexorable sonne comme un appel à la déchéance morale de sa victime, aplatie sous le poids des lenteurs qui semblent appuyer les derniers efforts d'un coeur ravagé par l'usure. Constat éprouvant parachevé par le lourdingue et mélancolique Vex & Siolence, cette guitare saignante attaque l'auditeur de partout par ses gémissement fauves transpirant un goudron âcre que le groupe tente de relever en y insérant quelques sonorités plus légères, mais écrasées sous cette presse en acier. Nothing... Les derniers mots de Jourgensen tournent et se reproduisent sans contrôle tel la chute finale à un mauvais trip.

L'album en lui même se termine ici. Le 10/10 instrumental qui suit reste assez générique bien que nous proposant un riff sympatoche et le retour du sax de manière beaucoup plus contrôlée. Un agréable petit air des 68 pour clôturer ce chapitre.

Et là on se dit que Ministry n'est pas mort. Au contraire, fort d'avoir pris en souplesse un certain nombre de virages stylistiques, Jourgensen et Parker purent assumer leur melting pot jusqu'au bout, lui donnant une texture à la fois nouvelle pourtant délicieusement familière à son époque de gloire.
Cependant, malgré son accessibilité, Dark Side of the Spoon fut un échec au niveau de sa reconnaissance médiatique. Et après avoir tenté un vague retour au sources peu inspiré sur Animositisomina, le groupe perdra l'une de ses clef de voûte, Paul Barker, et sombrera dans la redite et l'auto-caricature. L'apogée de Ministry semble désormais derrière eux, le groupe ne s'est pas encore remis de ce départ.

Dark Side of the Spoon représente la fin de l'époque fer de lance de Ministry, finalisant un quartette détonnant. Et si les mots ne sont pas toujours en mesure de décrire l'impact qu'un tel disque est capable de provoquer sur votre santé mentale, il ne vous reste plus qu'à l'acheter. Vous serez alors convaincus en ramassant vos neurones à la cuiller.


5 Commentaires

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metalhertz - 09 Novembre 2010: Merci, pour la chronique de ce disque, je suis assez étonné que psalm 69 soit toujours le plus connus, pour moi tout les albums de ministry sont bons, le truc c'est qu'ils faut s'y plonger.
eulmatt - 11 Novembre 2010: Superbe texte, désormais c'est vraiment du cousu main à chaque chro.
J'aime Ministry depuis longtemps, mais la parenthèse ouverte avec Filth Pig a créé un trou dans le suivi de la carrière de ce vieux fou de Al. J'ai repris la main en même temps que l'élection de Bush et le retour à de la colère indus plus directe (prévisible mais pas dénué de finesse).
Je connais toutefois ce disque même si je n'en rappelle que par bribes. Nursing Home c'est sûr, barrée mais inquiétante et profonde, ça ça m'a marqué.
La manière dont tu restitues le disque croisée avec mes souvenirs me laisse à penser que c'est un disque à ressortir avec le temps.
Ouais, un vrai putain de merci le chat. Tu me fais comprendre ce que je n'avais pas saisi d'un groupe qui m'accompagne pourtant depuis presque deux décennies.
Tfaaon - 18 Novembre 2011: donc selon toi, The Last Sucker, c'est de la redite et de l'auto-caricature ?
 
Spaceman - 17 Octobre 2014: Le dernier bon album de la "première" période Ministry. Ce niveau de qualité se retrouvera sur Houses of the Mole
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