Amerikkkant

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16/20
Nom du groupe Ministry
Nom de l'album Amerikkkant
Type Album
Date de parution 09 Mars 2018
Labels Nuclear Blast
Style MusicalMetal Industriel
Membres possèdant cet album46

Tracklist

1.
 I Know Words
 
2.
 Twilight Zone
 
3.
 Victims of a Clown
 
4.
 TV5/4Chan
 
5.
 We're Tired of It
 
6.
 Wargasm
 
7.
 Antifa
 
8.
 Game Over
 
9.
 AmeriKKKa
 

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Ministry


Chronique @ JeanEdernDesecrator

16 Mars 2018

Un album hypnotique et malsain

Le metal est rempli de rebelles en carton, de révoltés de salon, rois de l'attitude à la con. Mais Al Jourgensen, tête pensante de Ministry, est une incarnation de la rébellion avec toute sa rage idéologique, ses errements stupéfiants, ses eczémas présidentiels, sa maladresse en matière de plan de carrière chaotique. Depuis la fin des années 80, Ministry est le leader incontesté du metal industriel, dont il a posé les fondations. Une boite à rythmes frénétique, des gros riffs saturés au son d'azote liquide en fusion, un chant revendicatif gueulé à travers des effets distordus, des samples malsains.

L'album "The Mind Is a Terrible Thing to Taste" en 1989, puis surtout "Psalm 69" en 1992, ont marqué les esprits, et influencé une ribambelle de groupes, en dehors du metal industriel. Les décennies suivantes ont été plus contrastées, entre croisades anti-Bush, cures de désintox, participations hollywoodiennes, entrecoupés d'étapes discographiques inégales.

Ces dernières années, Ministry était revenu à un metal indus jusque boutiste, balançant des brûlots comme un soixante-huitard ses pavés. "Relapse" était furieux, mais moins bon... Moins bon qu'avant, un comble pour un éternel rebelle. Ministry avait annoncé deux fois sa fin du monde, en 2008, et 2013. Le décès de son compère guitariste Marc Scaccia en décembre 2012 avait eu raison de son envie de continuer, et l'album "From Beer to Eternity" , album posthume en quelque sorte, fut terminé et sorti dans la foulée, avant de tirer la dernière révérence. Ce dernier album était malheureusement du même tonneau que "Relapse", rapide et énervé, mais tournant un peu à vide, par force de l'habitude.

Mais il semblerait que l'arrivée sur le trône étasunien d'un certain magnat à la mèche folle ait sorti le brave Al de sa retraite. Les premiers morceaux de ce "Amerikkkant" illustrent sa sidération, l'incrédulité face à un scénario d'uchronie cauchemardesque. Le grand Mac Donald a la vedette, la voix samplée distordue comme dans un trip éthylique. Mais laissons la politique de côté pour nous intéresser à la musique.

"I Know Words" et les huit minutes rampantes de "The Twilight Zone" nous plongent dans une quatrième dimension grinçante, un bad trip psychoïde. Huit minutes, ça peut paraître long, mais quand on vous hypnotise bien, ça passe tout seul.

Le tempo est lent, ou mid tempo ; le répétitif "Victims of a Clown" se développe tranquillement, avant d'exploser et de finir dans un blast cinglant. L'explosion se poursuit après l'intermède "TV 5/4 Chan" sur le rapide et direct "We're Tired of It", qui secoue l'auditeur de sa descente de canapé. "Wargasm" et son refrain Killing Jokien est imparable, enchainé avec "Antifa" qui est aussi un tube métallique qui vous lime là où ça fait mal. Ça faisait longtemps que Ministry n'avait pas pondu d'aussi bonnes idées. Ça vous grouille dedans de manière tordue, mais c'est efficace, ça rentre dans la tête dès la première écoute, et on a envie de se le réécouter.

"Game Over" et "AmeriKKKa" enfoncent le clou, et lourdement, referment le cercueil cauchemardesque de cette BO de l'air du temps outre-atlantique. On notera quelques inflexions mélodiques positives dans cette dernière piste, dans le très joli solo qui clôt l'album, en particulier.

A la première écoute, "Amerikkkant" m'avait semblé un peu mou et trop "ambiancé", comme on dit dans les soirées marseillaises. Trois morceaux dépassent les huit minutes, nous faisant le coup de l'hypnotiseur pas sain dans sa tête. Mais l'utilisation de cette répétition est agile et intelligente, et surtout, cet album a une remarquable cohérence, et vous capte tout du long, vous laissant pendu à un genre d'élastique gluant.

Al Jourgensen n'est pas content, et il est bel et bien de retour.

12 Commentaires

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HeadCrush - 01 Avril 2018:

Je n'écoutais plus vraiment Al depuis Psalm 69, je l'entendais mais ne l'écoutait plus vraiment car ce que j'entendais ne me parlait plus.

J'ai acheté cet AmeriKKKant sur une intuition, subjectif ? Oui, mais assumé. J'ai attendu de rentrer dans un RER de banlieue avant d'appuyer sur "Play" attendant...je ne sais pas quoi et en fait j'ai été cueilli, ce disque est un truc à part de prime abord un délire sur la phrase de Kampagne de Trump le "We will make Amerkkka great again" mais, je me suis vite rendu compte quce c'est beaucoup plus que ça, une construction sonore ou quelques éléments sont immédiatement reconnaissables même si, moins mis en avant.

Merci pour ta chro, je partgae ce que tu écris, je constate aussi qu'Al à vieilli, ce dissque transpire une certaine fatigue plus de la rage et on sent que ce mec ne fermera sa gueule que lorsqu'il ne sera plus de ce monde. Merci à lui de nous montrer qu'un seul type élu,  ne représentera jamais un pays.

LeonardoXXVI - 27 Août 2018:

" "Wagasm" et son refrain Killing jokien " plus que ça. écoute le refrain de leur "Feast of fools"

JeanEdernDesecrator - 27 Août 2018:

LeonardoXXVI : Oui, effectivement, c'est flagrant ! On s'inspire toujours de quelqu'un, ah ! ah ! ah !

Cris001 - 19 Septembre 2019:

Et on ne m'avait pas dit qu'il y a des échos d'harmonica !? Mais c'est comme le poivre, j'adore ça...

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