Ministry a obtenu la reconnaissance tant espérée avec son album Psalm 69 (1992), et est devenu par l'occasion un incontournable du courant Rock/
Metal Industriel, si ce n'est un de ses représentants les plus emblématiques. Ultra (re)connu est donc le Psalm 69. Tellement (re)connu qu'il focalise beaucoup l'attention sur lui au détriment notamment des deux albums qui l'encadrent dans le temps, à savoir "
The Mind Is a Terrible Thing to Taste" (1989) et ce "
Filth Pig" qui sortira quatre ans plus tard en 1996 donc. Deux excellents albums largement vampirisés par la renommée du psaume 69.
Et il faut avouer que "
Filth Pig" n'a pas reçu un accueil très enthousiaste à l'époque. En tout cas une chose est sûre : il ne recherche pas la facilité, il n'est pas commercial pour deux sous. Bref, il n'a rien a priori pour plaire.
Tout d'abord encore Industriel cet album est : d'entrée à l'instar du direct "
Reload" et déjà la distorsion laisse des traces dignes d'une electro-indus sans compromis. Mais dès le second titre c'est la lourdeur qui nous gagne. Une impression de "Rock-
Doom" pachydermique en guise de rouleau compresseur inéluctable. Une descente lente mais irrésistible. La plongée dans les enfers se poursuit sur "Lava", un titre qui transpire le bad trip avec ses riffs hypnotiques et ses voix hallucinées qui nous interpellent. Un chef-d'oeuvre de noirceur et de sentiments dérangeants. La torture continue et
Ministry ne relâche pas la pression sur "Crumbs" et un "Useless", sur laquelle la folie est palpable avec ses petites voix qui scandent "useless". Enfin nous passons sur le titre le plus metal de l'album à savoir "
Dead Guy" à la basse fortement mise en avant, aux guitares incisives et lourdes et son chant aux accents Hip/Hop.
Nous insistions précédemment sur le fait que cet album était lent et lourd, complètement torturé. Et ce n'est pas le titre "Game Show" complètement doom qui nous fera mentir. Ce titre est totalement réussi, la pesanteur est totale, nous empêchant de fuir ce cauchemar plein d'hallucinations. On reste littéralement scotché au sol, les pieds collés dans la crasse la plus collante.
"
The Fall" (welcome to
The Fall !) est lui aussi torturé mais intéressant, on a l'impression d'être en face d'un titre
Cold-Wave qui aurait été chanté par un The Cure dégénéré et sous héroïne. Tout comme "
Lay Lady Lay" ... superbe.
Alors malgré tout cela, ce
Filth Pig un album décevant ?
Pas à la hauteur de son aîné ? Non sans doute pas à la hauteur de son aîné. Mais il n'est pas à reléguer pour autant en Ligue 2. Petit chef-d'oeuvre de noirceur et de crasse, il n'a pu toutefois que dérouter et déranger. Ce disque n'est assurément pas grand public.
Car là où Psalm 69 scandait de manière simple et redoutablement efficace,
Filth Pig est chanté de manière plus torturée, et la voix reste plus que jamais distordue par les filtres.
Là où Psalm 69 gagnait en rapidité,
Filth Pig est lourd et lent et fait parfois figure de pachyderme, comme sur le titre éponyme, les morceaux "Lava" ou "Game Show".
Là où Psalm 69 était déjanté et complètement barré, bref original,
Filth Pig se normalise et rentre dans le rang, dans une construction rock plus commune et déçoit.
Là où Psalm 69 était immédiatement compréhensible et accrocheur,
Filth Pig est a priori déroutant et se doit d'être assimilé plus longuement.
Et surtout, là où Psalm 69 nous faisait vivre malgré sa noirceur le meilleur du trip, celui qui nous entraîne, nous rend invincible,
Filth Pig nous fait connaître la descente abominable, la déchéance, et devient repoussant et complètement éprouvant. Et nous finissons par errer tels des zombis dans les quartiers les plus dégueulasses et mal famés de la ville.
Ministry nous avait mis pourtant en garde : "
Never trust a junkie".
Et pour cause ...
Eprouvant, halluciné, il fait un peu figure de ce qu'est le repoussant et incompris, mais ô combien attachant, "
Born Again" de
Black Sabbath. Ce "
Filth Pig" n'est rien d'autre qu'un bad trip long de plus de 50 minutes. Difficile d'en ressortir indemne. Pourtant croyez-moi il ne possède pas de faiblesses particulières. Il est vraiment excellent. Mais qui n'aimerait vivre que les mauvais moments du voyage ?
Pas grand monde ! Mais celui qui se décidera à franchir le pas aura l'occasion de décrouvrir un grand disque de
Ministry. Grand mais éprouvant ...
Note : 17/20.
D'ailleurs je trouve que après cet album c'est devenu moins intéressant (a part Dark SIde of the spoon évidemment).
Allez je vais aller me faire un p'tit Reload puis un Cannibal song....
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