Décidément, les grosses pointures suédoises des 90’s n’en finissent plus d’effectuer leur come back ces dernières années : après le très bon Mark of the Necrogram de
Necrophobic et le nouvel EP d’
Unanimated en 2018, c’est maintenant au tour de
Naglfar de se rappeler à notre bon souvenir après huit ans d’absence. Fier représentant d’un black à la suédoise à la fois rapide, intense, glacial et mélodique, le trio nous avait laissé en
2012 avec un
Téras de bonne facture mais peut-être un peu convenu dans la discographie du groupe et se refusant à toute prise de risque.
Sortie sur la grosse écurie
Century Media, enregistrement et mix effectués par le gratteux du groupe, Markus Norman, mastering confié aux bons soins de Dan
Swanö aux Unisound Studios, cover signée Necrolord, neuf titres pour 43 minutes, a priori, la recette semble ne pas avoir beaucoup changé, affichant un classicisme assumé, et effectivement, une fois de plus, la musique de
Naglfar est sans surprise.
Ceci dit, l’ensemble est parfaitement rôdé, accrocheur et efficace et parvient à faire mouche la plupart du temps, à l’instar du titre éponyme qui démarre les hostilités sur les chapeaux de roue, avec une belle agressivité qui fait d’autant plus plaisir à entendre qu’elle était plus rare sur l’album précédent : riffs tranchants et mélodiques comme seuls les Suédois savent en pondre, blasts tonitruants, chant rageur et profond de Kristoffer Olivius qui éructe sa haine, harmoniques maléfiques et envoûtantes qui nous guident dans le silence d’une nuit glaciale, cet excellent premier morceau n’omet rien de ce qui fait la qualité de cette glorieuse scène black/death nationale des 90’s et ne souffre pas la comparaison avec les morceaux les plus black des
Necrophobic,
Unanimated ou
Sacramentum.
Horns poursuit, moins rapide et destructeur, mais toujours puissant et majestueux, soufflant avec ses notes glaciales et épiques un blizzard au parfum de grand nord, enrichi d’un travail harmonique remarquable. Les puristes reprocheront peut-être un son trop moderne et aseptisé pour du black, la production laisse néanmoins la musique respirer et chaque instrument s’exprimer parfaitement (la basse au début de Like
Poison for the Soul), tout en parvenant à envelopper l’ensemble de cette noirceur ésotérique et inquiétante qui sied si bien au genre. De plus, on ne le répètera jamais assez, mais la voix de l’ex
Setherial est parfaite pour le style, à la fois puissante, sombre, agressive et expressive, ce qui ajoute une belle plus-value à l’ensemble de ces neuf titres.
La première impression est donc très positive, dévoilant un groupe qui, en huit ans, n’a rien perdu de sa hargne ni de son inspiration mélodique et qui semble nous renvoyer à la belle époque de
Pariah. Pourtant,
Cerecloth n’est pas parfait, et au fur et à mesure que les titres défilent, les faiblesses de ce nouveau full length se révèlent : certains titres sont en dessous du reste (un Like
Poison for the Soul à la mélodie intéressante mais qui manque d’intensité et qui traîne un peu en longueur, un
Cry of the
Seraphim qui met bien trop de temps à décoller, heureusement sauvé par une accélération destructrice à 2,45 minutes, mais qui dans l’ensemble use et abuse d’un mid tempo tortueux, dissonant et poussif qui ne parvient pas à créer l’ambiance délétère escomptée).
Ceci dit, d’une manière générale, même si le trio n’invente pas la poudre et se recycle avec plus ou moins de réussite, les morceaux dynamiques et accrocheurs dominent (
Cerecloth,
Horns,
Vortex of
Negativity, l’explosif The
Dagger in
Creation, qui bien qu’un peu linéaire, s’illustre par un break plus calme porté par un solo plein de feeling, A
Sanguine Tide
Unleashed, totalement dépourvu d’originalité mais bien percutant, rappelant même un peu
Marduk dans son riffing guerrier et son matraquage intensif)…
D’une manière générale, c’est un fait, c’est sur les morceaux les plus rapides et directs que
Naglfar se fait le plus convaincant. Ceci dit, un titre comme
Last Breath of
Yggdrasil qui clôt l’album avec ses 6,31 minutes, est aussi une belle réussite, évoluant dans une veine plus mélancolique avec de belles mélodies de guitare et une double pédale infatigable qui nous tiennent en haleine jusqu’au bout.
On pourra peut-être reprocher le côté un peu générique et l’absence de prise de risque de l’ensemble, mais ce septième album se tient plus que bien, les Suédois tentant de varier les tempi et truffant chacun de leurs titres de ces harmoniques hypnotiques parfaitement intégrées qui épaississent l’ambiance. C’est un fait, le trio n’a pas perdu la main, et si vous avez apprécié les précédents albums de la horde de Umeå, cette nouvelle livraison ne devrait pas manquer de vous convaincre.
Pour conclure, sur ce
Cerecloth,
Naglfar ne fait ni plus ni moins que du
Naglfar mais il le fait indéniablement bien, avec une rage et un sens de la mélodie imparable toujours intacts après 25 ans de bons et loyaux services. Assez conventionnel au premier abord, ce nouveau méfait se révèle au fil des écoutes un poison tellement addictif pour l’âme qu’il pourrait bien tisser votre linceul sans même que vous vous en rendiez compte...
I am going deeper
Down into my own world
Where I can be alone
And your voices go unheard
I can't stand them no more
You're like poison for my soul
Cette chronique m'a donné l'eau à la bouche! De la vitesse et de la mélodie, tout ce que j'aime! Je ne connais le groupe que de nom mais la vidéo ci-dessous est plus qu'alléchante sur le style joué, je crois que je vais devoir me faire une nuit blanche à me palucher toute la disco^^
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