Paris entretient une relation tumultueuse avec le black metal. La capitale a certes vu naître quelques légendes nationales du genre dans les années 90 et accueille régulièrement des évènements à même de flatter le vil instinct de provinciaux véhiculés ou de gros durs à capuche et cartouchières locaux. Mais les affaires
Finis Gloria Dei,
Negura Bunget, plus récemment
Goat Semen/Worhs et le fantasme récurrent de l'existence d'une prétendue liste noire de groupes interdits de séjour à Lutèce par un soit-disant triumvirat maçonnique Jean-Paul Bourre/Préfecture de Police/assos droit-de-l'hommistes subventionnées soulignent les limites d'un milieu parisien au positionnement nébuleux et génèrent fortuitement deux réflexions :
Ad Hominem et
Nokturnal Mortum ne sont pas prêts de goûter au faste du music-hall de la Ville Lumière et de se faire interviewer par Isabelle Le Maguet façon Star Club, et il existe en Hexagone des terres davantage propices au metal noir transgressif que
Paris, Bessancourt et Torcy.
Pêle-mêle : la Moselle enracinée et la vallée de l'Orne, la Provence et le triangle de la mort Toulon-
Marseille-Luynes, la vallée du Suran dans l'Ain chez les Giannelli ou encore le sud-soissonnais dans l'Aisne chez le père Ayoub et son hangar à motos où l'on peut se délecter de Deutsches Reichsbräu à la pression pour faire glisser de succulents petits falafels libanais (je vous vois venir bande de vicelards, sachez que Tabatha Cash a foutu le camp depuis un bail). Autant de terres ayant eu les burnes cette dernière décennie d'assumer offrir le gîte et le couvert à certains parias de la scène pourtant garants absolus de l'essence d'un style musical prétendument marginal et dangereux. Autre argument assez probant dans cet exposé réflexatoire, l'obédience wokiste et désopilante des petites affichettes injonctives et bien risibles qui ornaient le Petit Bain le soir des trente ans de la légende finlandaise
Archgoat, à considérer ; c'est selon ; comme aveu de culpabilité ou postulat de victime. Ceux qui y étaient se souviennent sans doute.
Archgoat est créé en 1989 à Turku en Finlande autour des frères jumeaux
Lord Angelslayer (vocaux/basse) et
Ritual Butcherer (guitare) et du batteur
Blood Desecrator. Fer de lance de la première vague finlandaise aux côtés de
Beherit,
Impaled Nazarene et
Barathrum,
Archgoat pratique un black metal bestial et brut à la gloire de
Satan et sort les démos "
Jesus Spawn" (1991) et "
Penis Perversor" (1993) avant de signer sur le label américain Necropolis Records qui édite alors le tout premier support de son catalogue avec l'EP "Angelcunt (Tales of
Desecration)" en 1993. Dégoûté par la commercialisation de la scène suite aux évènements de Norvège,
Archgoat splitte peu après mais renaît de ses cendres en 2004 pour s'offrir une seconde partie de carrière couronnée d'un certain succès dans l'underground et même dans les charts mainstream finlandais, ironie du sort. Les albums "
Whore of Bethlehem" (2006), "
The Light-Devouring Darkness" (2009), ou encore "
The Apocalyptic Triumphator" (2015) confirment entre divers splits et EP's le statut culte d'un combo s'avérant également être efficace et puissant sur scène malgré une sobriété de mise. Dans un tel contexte,
Archgoat est honoré par son label français Debemur Morti Productions le 28 septembre 2019 via cette fameuse soirée-anniversaire sur la scène parisienne flottante du Petit Bain. Concert unique célébrant trente ans de profanation et de chaos anti-cosmique immortalisé sur le live "
Black Mass XXX" qui atterrit dans les bacs en avril 2020 sous format digipack.
Illustré par une splendide gravure du légendaire artiste français Chris Moyen mettant en scène la Bête surplombant un Sacré-cœur en proie aux flammes, "
Black Mass XXX" s'articule autour de quatre parties distinctes et chronologiques en référence aux quatre grands chapitres de sa destinée macabre. Face à un public hétérogène mais massif oscillant entre vieux baroudeurs de gigs extrêmes et jeunes pitres de bonne famille à la sémantique triviale, accrocs aux réseaux sociaux et davantage présents pour les copains et fumer des pétards avant le concert que pour glorifier le Porteur de Lumière, les frères Puolakanaho et le batteur Goat
Aggressor entament un volet en hommage aux premières heures du groupe tel une profession de foi. "This is my path" puise ainsi dans les trois premières sorties du gang scandinave pour asséner l'assistance de lourdissimmes "
Black Messiah", "Rise of the Black
Moon" et son break incantatoire, "
Jesus Spawn" et autres "
Penis Perversor". Si le propos est rapide et illustre une marque de fabrique de laquelle
Archgoat ne deviera jamais, ces premiers brûlots de la période 91-93 sont plus concis que ce que nous délivrera le trio à sa résurrection onze ans plus tard.
Ainsi, composant le chapitre "Total Dedication", les hymnes au blasphème de l'opus du retour "
Whore of Bethlehem" (2006) confirment l'obédience musicale initiée jadis avec les impériaux et denses "
Angel of Sodomy", "
Lord of the
Void" et son rythme effréné ainsi que le terrible "
Dawn of the Black Light" ayant défoncé ribambelle de nuques dans la fosse du Petit Bain ce soir de septembre 2019.
Pas varié pour un sou, sale et rétrograde, le black metal old school d'
Archgoat use et ré-use la même recette mais c'est justement dans la répétition que s'affirme avec toujours davantage de force le message luciférien et christo-exécratoire du combo nordique pour lequel l'idéal supplante largement le moyen. Relevons cependant les iconoclastes "Day of
Clouds" et "Grand
Luciferian Theophany" dans la setlist du show, mid-tempi assourdissants tirés respectivement de l'EP "
Heavenly Vulva (Christ's
Last Rites)" (2006) et de "
The Apocalyptic Triumphator" (2015) offrant un répit salvateur au pit déchaîné sur lesquels
Lord Angelslayer éructe d'une profondeur vocale abyssale. Ultimes assauts à l'endroit des disciples de Christ constitutifs du dernier volet "No Compromises" faisant louange au full-length dernièrement cité mais aussi à "
The Luciferian Crown" (2018), les cantiques impies "Nuns, Cunts and
Darkness", "Jesus Christ Father of
Lies" et autres "
Darkness Has Returned" épiloguent dans le chaos de l'outrage, une cérémonie d'1h20 violente et spirituelle rappelant le dévouement inconditionnel du mythique
Archgoat envers le culte de l'Ange de Lumière.
Pertinent dans son dessein rétrospectif de carrière et optimal dans le rendu de sa puissance sonore, le live "
Black Mass XXX" est un témoignage impactant du charisme scénique et de la vision anagogique du légendaire trio finlandais de Turku. Malgré la pirouette relative à son ancienneté, trente ans d'existence certes mais desquels il faut retenir un hiatus de onze ans,
Archgoat est une entité purement satanique et blasphématoire dont le but affiché dans ce bas-monde fécal à brûler est de détruire la religion du désert avec un black metal vieille école, sale, intégriste, bestial et authentique. Simplement dommage que ce concert événementiel ait eu lieu dans l'infamie du cadre trop propre, trop bienveillant, trop aseptisé du Petit Bain. Black metal is a crime against humanity !
In memoriam Hjarulv
Henker 1974-2022
"What is born of war is destined for life eternal"
RIP
Pavé très agréable qui s'est lu d'une traite, merci pour cette chro instructive mais frustrante, me rappelant que je n'ai pas eu l'occasion de participer à ce live, qui, même au Petit Bain, semble avoir été une tuerie!
De l'Archibouc, je n'ai que le 1er "vrai" album (Whore), plus quelques titres puisés dans les premières démos et réenregistrés à l'occasion du split avec le Maître de Guerre Satanique. Ce live enregistré en bord de Seine, auquel mon emploi du temps ne m'a hélas pas permis d'assister le jour dit, pourrait être une habile manière de me mettre à jour à peu de frais.
Merci pour la kro Adrien ! :)
Le Petit Bain, un rite de passage pour qui ?
On continue d'entasser les cadavres l'ami... Une chronique, trop longue, trop précise et trop clairvoyante pour être digne d'intérêt : de la confiture balancée à la gueule des gardiens de porcs, devenus likers du dimanche. Lorsque l'une des plumes les plus perfides du circuit, devenu minimaliste, se permet de saigner sur l'une des légendes finlandaises, je sors de ma retraite, un court instant.
A une époque où l’ultime rite de passage est de se faire enfiler par le dernier des sodomites enturbannés sur une aire d’autoroute, symptomatique de la soumission morale et physique, de la France, face à ses anciennes provinces, le Petit Bain représente l’un des Temples de la Nouvelle Génération. « Le Petit Bain », un nom charmant, presqu’enfantin, pour décrire le repère de la fange LGBTQ(-RSTUVW) diffusant la propagande bienpensante la plus nauséabonde qui soit, le Général Von Choltitz doit s’en mordre les doigts. RIP. Hymne à la tolérance forcée qui cache à peine une banale foire à la saucisse. Les Rouges ont gagné, le droit de se faire mettre, mais ça ils ne l’ont toujours pas compris. Qu’est-ce qu’un des piliers du Black finlandais est venu se fourvoyer en terre ennemie ? Simple observation, combat d’arrière garde, baroud d’honneur, tentative de reconquête ? Ce concert a toutes les apparences d’un chant du cygne d’un scorpion vieillissant assailli par le feu.
Archgoat peut-il à Paris représenter autre chose, qu’un animal de cirque, une attraction, à bon prix pour qui veut frissonner quelques secondes sans avoir à s’exposer à une mort certaine. Il ne peut s’agir que d’une erreur de casting, aux faux airs d’alignement des planètes, profitable à quelques irréductibles et nuisible aux cloportes.
Et pourtant cet enregistrement le prouve, Archgoat ne souffre aucune compromission. Archgoat a déversé le feu sur la fange parisienne. Un triomphe qui se passe de commentaire, tellement cette entitée se fait un malin plaisir de perpétuer l’Art Noir des premières heures, même au milieu des ruines d’une ancienne cité dorée. Si Paris a failli, Archgoat est là, en qualité de juge et bourreau, pour la faire abjurer et payer le tribut des cités renégates. A genoux pour l’éternité.
Qu'Archgoat détruise Paris, après tout c’est dans l’ordre des choses. Mais qu’on le laisse faire, alors là, difficile à croire. Il n’aura échappé à personne que depuis quelques années, un phénomène bizarre se produit auprés des asso socio-culturelles de la capitale : une épuration systématique engendrée conjointement par la mairie gauchiste, doublée d’investisseurs étrangers souvent plus zélés encore que les locaux, renforcée par un rétrécissement des bourses chez une certaine population encore étrangement genrée. Tu dis que Paris connaît une relation équivoque avec le Black Metal, mais si on se projette un peu, il en est de même avec le sport, l’art contemporain, et bien d’autres domaines visant à assainir l’espace pour égaliser et contrôler les regroupements susceptibles de se forger à l’ombre de précurseurs. Etonnant, quand on sait que la seule ligue, qui subsiste, se prétend contre le cancer, oui mais lequel ? Le danger, la violence, et l’esprit d’initiative n’ont semble-t-il plus droit de cité à Paris hormis pour les associations à l’anus fragile qui phantasment de se faire ravager par des bataillons descendus du Nord et de l’Est, à l’instar des Kroda, Moloth, et Seigneur Voland, toujours en activité. Paris castré, Paris souillé, Paris ravagé. Paris fier d’être devenu un zoo, regagne sa superbe le temps d'une soirée.
Archgoat Akbar !!!
Merci pour vos retours avisés les gars !
@SilentSoul : merci pour cette diatribe aussi radicale que clairvoyante. Les nouveaux prophètes de la peur et de la violence parisienne, ne sont désormais plus les combos de black metal ni même leur public, mais les milliers de sans-papiers fumeurs de crack qui jonchent certaines aires de la capitale. Diapsiquir ou le Osculum Infame 2.0 à côté, ce sont des buveurs de Panaché. One people, one world, one love...
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