Archgoat, tu connais forcément, ou alors, tu peux pas prétendre écouter du metal extrême, je veux dire vraiment extrême : en effet, ça fait quand même près de trente ans que les frangins Puolakanaho roulent leur bosse dans les bas-fonds les plus ignobles de l’underground, et leurs blasphèmes innommables ont fini par arriver aux oreilles de tout bon metalleux qui se respecte. Brutale, crue, primaire, volontairement régressive et fondamentalement anti-chrétienne, la « musique » du trio est le cauchemar de tout pacifiste, brutalisant la bien-pensance à coups de titres provocateurs, d’artworks satanistes ultra explicites et d’un art sonique infernal dégueulasse, poisseux et dévastateur.
The Luciferian Crown est le quatrième album d’
Archgoat, et vient après un Apocalyptic
Triumphator qui levait un peu le pied et proposait plus de mid tempos pour soigner ses ambiances. Autant le dire tout de suite, malgré le retour au rouge sang du logo originel,
Archgoat continue imperturbablement sur cette voie, proposant sur ce nouveau méfait la suite logique de l’album précédent. Un peu trop logique même.
En effet, la production gagne encore en clarté, les enceintes ne vibrant plus du tout en crachant ces riffs si typiques à trois accords, et on ne ressent plus ce son de basse qui nous enveloppait et nous fouillait les tripes ni ces coups sourds de batterie qui nous lobotomisaient en puissance.
Satan merci, la voix de
Lord Angelslayer est toujours aussi dégueulasse et reconnaissable entre mille, mais l’écho gargouillant qui rendait sa voix encore plus ignoble semble également moins présent que sur les réalisations précédentes, comme si le trio infernal avait perdu une partie de son animalité. L’ensemble est certes puissant, et la musique est toujours impeccablement jouée, les titres ne différant pas foncièrement de ce que l’on connaît d’
Archgoat, mais le traitement sonore rend le tout plus lisse, ce qui fait indubitablement perdre en crasse et en aura sulfureuse au trio. Mauvais point lorsque l’on s’évertue à jouer la musique la plus diabolique et blasphématoire possible, comme
Archgoat le fait si bien depuis ses débuts.
Ensuite, à mon sens, les mid tempo prennent ici trop de place sur la bestialité primaire et chaotique qui fait en grande partie l’identité du groupe. Bien sûr, ces passages ont toujours fait partie de l’entité
Archgoat, mais ici, on les retrouve sur des pistes entières, ce qui casse un peu le rythme de l’ensemble. Si les passages plus lents de Star of
Darkness ou du morceau éponyme sont tout bonnement excellents, des pistes comme The
Obsidian Flame et I Am
Lucifer Temple sont trop mous et quelconques car n’apportent pas ce frisson de noirceur et de blasphème tant attendus : entièrement englués dans cet enchaînement de riffs simplistes et lents, les mid tempo ne ressortent pas assez et ne parviennent pas à imposer l’ambiance occulte indispensable à tout bon morceau d’
Archgoat qui ne joue pas la carte de la brutalité. D’une manière générale, il manque un ou deux brûlots de l’acabit de
Congregation of Circumcised pour rééquilibrer la balance, car si ces 36 petites minutes ne manquent pas de violence, le groove ressort plus que la bestialité pure (l’enchaînement de The
Messiah of Pigs, qui me fait penser à du
Mortician, avec le sympathique et punky
The Darkness has Returned), et ce n’est pas forcément ce que l’on attend du combo de Turku.
En tout état de cause, on appréciera la volonté du groupe d’évoluer et de proposer quelques nouveautés (les backing vocals glaireux à la Glen Benton sur The Jezebel’s Black
Orgy, le groove prononcé de certaines parties, le doomy I Am
Lucifer’s
Temple aux relents de
Necros Christos), et on se régalera des quelques titres explosifs et proprement irrésistibles dans la grande tradition du groupe (Jesus Christ Father of
Lies,
Sorcery and
Doom). Mention spéciale également à l’excellent Star of
Darkness qui après les cloches de rigueur, nous tatane bien la gueule sur les coups sourds de ce blast marteau pilon si caractéristique du groupe ; lorsque le growl d’outre tombe de ce bon vieux Angelslayer résonne, on se fait dessus avec un plaisir coupable, et lorsque les claviers faussement angéliques se font entendre, venant ajouter la petite touche de décadence infernale de ce qui est probablement le meilleur titre de l’album, on en rajoute une couche dans notre calebard déjà bien souillé. Le mid tempo qui suit est imparable, parfaitement amené, et nous plonge dans l’ambiance noire, poisseuse et réellement envoûtante que l’on aurait aimer plus retrouver le long de ces dix titres. Bravo messieurs.
Au final, vous l’aurez compris, c’est un peu déçu que l’on ressort de l’écoute de ce nouvel album, qui, même s’il reste de qualité, est en deçà du reste de la discographie des Finlandais :
The Luciferian Crown est indubitablement un bon album, mais il est moins intense dans ses parties furieuses, moins prenant dans ses passages plus lents, et l’ensemble manque un peu de noirceur, ce qui est presque rédhibitoire pour un album d’
Archgoat.
Quoi qu’il en soit, les inconditionnels du groupe, aveuglés par la foi, risquent une fois de plus de se jeter les yeux fermés sur cette nouvelle offrande (il n’y a qu’à voir les chroniques dithyrambiques qui fleurissent un peu partout sur la toile), alors que ses détracteurs continueront à les abhorrer de toute la force de leur âme. Finalement donc, malgré une légère baisse de régime,
Archgoat reste
Archgoat et c’est peut-être bien après tout ce qui compte.
You are in My
Flesh,
You are in My
Blood,
You are in My Soul,
I am Your
Luciferian Temple.
L’avis du chroniqueur est quand même un tantinet mitigé et c’est son droit bien entendu !
Bien-sûr mais moi j'adore ;-)
Ben moi je vais me fier aOlivier et tormy , en comande direct , sinon tormy ton avatar c'est fait la malle ?
Apparemment oui faut que j'en remette un...
Je pense que tu ne seras pas déçu de ton choix pour ce skeud d'Archgoat
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