Lorsqu'il s'agira de donner suite à des œuvres à l'excellence et à l'exemplarité remarquable, le doute envahira parfois les acteurs créatifs adeptes d'Euterpe, muse présidant à la musique qui souffla à l'oreille de nombreux artistes aubades, mélopées et chansons, et ce depuis des temps immémoriaux. Les réflexions que s'imposeront alors ces musiciens, quant à ces choix délicats face à une nouvelle page blanche de leur art, engendreront quelques décisions déterminantes aux conséquences parfois dramatiques sur leurs œuvres. Car, en réalité, après un succès retentissant, tout au moins d'un point de vue artistique, peu de choix s'offrent à eux.
Pour synthétiser à l'extrême, un premier consiste à suivre le chemin de l'évolution. Cette voie est, certes, audacieuse mais surtout éminemment périlleuse et incertaine.
Une seconde option, quant à elle, consiste à se satisfaire d'une continuité, certes, prudente mais incroyablement conventionnelle et à poursuivre sans bouleversements profonds fort de ses valeurs.
Et quelle que soit la route empruntée, chaque pas trop marqué dans une de ces deux directions est une trahison.
En cette année
1994, après un somptueux
Eternal Prisoner,
Axel Rudi Pell nous propose de découvrir son quatrième et nouvel effort intitulé
Between the Walls.
Pour débuter cette analyse il m'apparaît important de dire qu'avec ce nouvel opus, les Allemands auront opté pour une sûreté facile consistant à axer leur propos sur leurs vertus les plus certaines. Pour se faire, ils auront donc poursuivi sur l'exacte voie tracée par leur troisième album.
Ce positionnement sans audace est cohérent et tout à fait acceptable, toutefois on ne pourra que le déplorer. Et ce d'autant plus que les titres de ce nouveau disque sont moins inspirés, moins charismatiques et moins efficaces que ceux présents sur son prédécesseur.
Bien évidemment, les saxons défendent toujours ici leurs convictions au son d'un Heavy
Metal mélodique auquel la voix chaude, sensuelle et superbe, tout emplies de feeling, de
Jeff Scott Soto offre une musicalité proche de l'univers plus édulcoré du
Hard Rock. Un art auquel, Jorg Michaels offre aussi sa science de la précision et de la subtile nuance. Une expression à laquelle pourtant
Axel Rudi Pell ne parvient plus tout à fait à offrir un supplément d'âme suffisamment marquant pour faire de ce
Between the Walls autre chose qu'un très bon album. La critique peut paraitre sévère tant chaque manifeste ne peut raisonnablement pas atteindre une perfection notoire et tant ce dernier demeure attachant mais la sentence reste sans appel:
Between the Walls demeure relativement moins séduisant qu'
Eternal Prisoner.
Au delà de cette différence qualitative criante, ce plaidoyer nous propose, tout de même, de nombreux moments plaisants tels que le très vif Talk of the Guns, les prompts Outlaw,
Between the Walls, l'instrumental
Desert Fire, les excellents
Warriors,
Cry of the Gypsies, aux rythmes plus posés, le lancinant
Casbah, la joli ballade Innocent Child qui est un exercice parfait pour mettre en valeur les chants de
Jeff Scott Soto, ou encore, par exemple, la bonne reprise du morceau de Free,
Wishing Well, initialement parue sur l'album Heartbreaker sortis en 1973.
Between the Walls est donc, au final, un bon album. Loin de la majesté de son prédécesseur, il conservera, tout de même, de nombreuses qualités suffisantes à conforter nos certitudes quant aux talents de ces musiciens allemands.
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