Formule inchangée pour «
Axel Rudi Pell ». On retrouve ainsi les 5 mêmes compères depuis 1998, paraissant également toujours sur la même label SPV/Steamhammer. Le combo allemand aime conserver les bonnes vieilles habitudes et poursuit son petit bonhomme de chemin dans la tranquillité. Même line-up, même recette. Pour certains cela finirait par devenir lassant, mais le groupe trouve toujours un public ravi de l’accueillir et d‘écouter ses albums. Après un «
The Crest » sans surprise en 2010, la formation sortira un 4ème volume de ses ballades l’année suivante. Un « Ballads IV » qui parviendra 29ème des ventes dans les charts allemands. Belle performance! Après près de 25 ans d’existence et 1.500.000 albums vendus à travers le monde, rien n’obligerait aujourd’hui «
Axel Rudi Pell » à s‘aventurer. Cependant quelques très légers changements seraient à signaler sur «
Circle of the Oath », nouvel album sorti en
2012, venant un peu (juste un peu) interrompre le train-train quotidien. Encore pour cette fois, il ne faudra pas s’attendre à une révolution, juste à du «
Axel Rudi Pell ». Et c’est une bonne chose, quoi que l‘on puisse dire.
À l’écoute de l’introduction « The
Guillotine Suite », on se dit que nous avons encore affaire à du «
Axel Rudi Pell » classique. Le groupe deviendrait très prévisible. Une petite entrée en matière discrète avec cet habituel arrière fond atmosphérique en provenance des claviers de Ferdy Doernberg. Lui suivra de près la délicatesse d’une guitare acoustique, puis un rythme martial de batterie, faisant monter la pression. Le premier titre enchainant l’intro viendrait presque à nous surprendre. La batterie de Mike Terrana aurait pris du poids et les claviers beaucoup recul. D’où ce son claquant et prenant sur «
Ghost in the Black ». Morceau qui nous révèle un «
Axel Rudi Pell » plus nerveux qu’à l’accoutumé. Même si les principaux intervenants resteront naturellement
Axel Rudi Pell à la guitare et Johnny Gioeli au chant. Rien à signaler de nouveau chez eux. Le guitariste prend toujours autant d’aisance à développer ses mélodies et Johnny conserve toujours une voix aussi éclatante. On retiendrait par contre une certaine redondance liée à la structure des titres, et ce sera d’autant plus vrai pour ceux qui poursuivent le plus fidèlement possible la lignée des précédents opus.
Parmi ces titres au heavy bien tranché et riffé, il ne faudra pas faire impasse sur «
Run with the Wind », simple, direct, et efficace; ni sur « Hold on to Your Dreams ». Un morceau qui saura se montrer percutant et tout aussi cogneur. Il y aurait bien une certaine redondance propre à la formule «
Axel Rudi Pell », maintes fois utilisée. Mais on y remarquerait pour chacun une meilleure attention portée à la batterie, renforçant ainsi la force d’impact de ces différents titres. Nous nous permettrons de nouveau d’insister sur la batterie, car si on doit parler d’une évolution (bien que minime) dans la musique de la formation de heavy mélo allemand, c’est clairement chez cet instrument que nous devrons nous pencher. Les fûts de Mike Terrana prendront une place conséquente, voir dévorante, y compris sur quelques titres usant de l’atmosphérique des claviers. La démonstration est d’ailleurs frappante sur «
Before I Die ». Elle usurperait même ici le rôle sacré confié à la guitare d’Axel. Cette dernière aura davantage son mot à dire avec « Fortunes of
War ». Là elle mettra tout le monde au diapason, jusqu’à ce que la musique en devienne un peu trop conventionnelle pour le coup. Il y a sur ce présent titre un jeu abrasif qui alterne les passages non-chantés, donnant une certaine tension captivante. Les fans apprécieront tout de même l’harmonie créée sur le refrain, ne brillant toutefois pas d’originalité.
Et quand on vient à évoquer ce manque de singularité, ce sera pour aborder plus spécialement les titres à mid tempo de l’album. En parfaits représentants, nous avons les lancinants « Bridges to
Nowhere » et « Lived Our Lives Before », deux titres qui se suivent, adoptant un ton et un style identique. Dans les deux cas le chant se verrait offrir une place privilégiée, véritablement à la manœuvre pour guider nos émotions vers quelque chose qui se voudrait illustre, mais dénué du plus grand intérêt au regard d’autres morceaux bien plus attachants qu’offre l’opus. On entrerait véritablement dans le classique du groupe avec le solennel et froid « World of
Confusion ». Les claviers privés d’espace pour s’exprimer antérieurement trouvent moyen de sortir et d’échapper succinctement à la vigilance des autres acteurs devenus neutres. Des claviers tentant d’élaborer et de passer à travers champs parfois, notamment sur la belle ballade «
Circle of the Oath », bien que sa contribution chez le groupe ait toujours été réduite au strict minimum, pour ne pas perturber l’élément clef qu’est la guitare d’
Axel Rudi Pell. Quelques airs arabisants donc de sa part et seulement sur le refrain. C’est pour ainsi dire tout ce qui lui est réservé. La ballade en elle-même jongle entre deux ambiances, deux rythmes différents: l’un très posé et acoustique sur les couplets, l’autre littéralement emporté au niveau du pré-refrain et du refrain. Le titre, étonnement, semblerait avoir emprunté l’insolence du hard rock californien, si on en juge notamment par les riffs et la voix de Johnny Gioeli.
«
Axel Rudi Pell » privilégie toujours autant la tradition à la prise de risques. Ce serait néanmoins une décision sage, et encore une fois le groupe donne à ses auditeurs une prestation satisfaisante. Il sera tout de même à signaler l’investissement pris vers un son plus puissant, plus marquant, notamment en octroyant une meilleure assise au jeu de batterie. Une impression nettement perceptible sur la première partie de l’album, la seconde s’illustrant de manière moins avantageuse, plus stéréotypé. Le combo ajoute donc une nouvelle pierre à son édifice. La pierre est en soi un objet que trop banal, l’édifice en revanche l’est beaucoup moins. Celui d’«
Axel Rudi Pell » tient toujours debout malgré les années dans le monde clair-obscur du heavy metal.
14/20
Et encore merci AWL pour cette excellente chronique, car en général elles donnent souvent envie de découvrir les albums. Mais pour ARP, même si ils ne se renouvellent guère, leurs albums sont toujours plaisants et excellents.
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