D'après les musiciens eux-mêmes,
Apocalyptica était au départ plus proche du délire entre potes que du véritable groupe. D'ailleurs, c'étaient les reprises qui prédominaient et qui leur ont permis de se faire un nom, jamais, au grand jamais, ils ne pensaient pouvoir s'attirer les faveurs de Dave Lombardo aux fûts et, entre autres, Ville Valo et
Corey Taylor au micro. Seulement voilà, la sauce à la violoncelle a bien pris et de nombreux auditeurs ont voulu savoir comment sonnaient les classiques de leurs groupes favoris joués ainsi. Et un nom s'est fait dans le monde du metal - et du rock! - :
Apocalyptica.
Alors les covers, c'est bien beau mais des musiciens de ce talent se devaient de démontrer qu'ils savent tout aussi bien composer.
Reflections, bien qu'un peu inégal, laissait fortement entrevoir les qualités d'
Eicca Toppinen dans ce domaine. Cette fois, Perttu Kivilaakso s'y colle également. Et le résultat est ... bluffant! On dit souvent qu'un album éponyme a pour spécificité de souligner l'identité véritable d'un groupe, et
Apocalyptica n'échappe pas à la règle, ils ont trouvé leur voie. Premier constat : est-ce réellement des violoncelles que l'on entend? Un riff purement rock débarque avec
Life Burns! (qu'ils ont joué le temps d'un interlude à l'Eurovision, grandiose!). Il semble clair que les Finlandais ont décidé d'imposer leur style, et fini les reprises! On a également déjà droit au premier guest, Lauri Ylönen de The Rasmus. Personnellement, je n'aime pas cette voix mais, en fin de compte, la chanson passe plutôt bien.
Suivront deux instrumentales : l'une, très mélodique et que l'on se remémore sans problèmes dès la première écoute (Quutamo), ce qui n'enlève rien à sa qualité, l'autre, plus heavy et entraînante (Distraction), rappelant ainsi que le groupe a des racines metal telles que
Metallica ou encore
Pantera (Dieu sait que j'en passe...). Le tout est servi avec une batterie désormais parfaitement intégrée à la musique, et qui se montre également et sous plusieurs aspects un élément non négligeable d'
Apocalyptica, j'y reviendrai le moment venu.
Pour l'heure, parlons plutôt de
Bittersweet dont l'intérêt vient surtout du duo entre, une nouvelle fois, Lauri Ylönen, et Ville Valo de HIM. Et encore, si c'est beau et ''bien'' chanté (la voix de Lauri ne passe pas, chez moi...), la chanson ne mérite véritablement sa place que pour une raison : laisser une pause avant le retour de ce qui rend l'album si bien rôdé : des instrumentales de tout poil, mais toujours excellentes. Misconstruction, mid-tempo dans la lignée de Quutamo avec également, en guise de refrain, un superbe air de violoncelle, est suivi de l'un des grands moments de l'album, sans conteste metal, le très pêchu Fisheye. Et, c'est ici que la batterie prend tout son sens, elle est tout particulièrement travaillée et on hésite sans cesse entre se concentrer sur ces violoncelles qui sonnent décidément souvent comme des grattes, ou sur ces fulgurantes descentes de toms. Ils nous gratifient en plus d'un final complètement déjanté auquel on ne s'attend pas, et un petit grain de folie par-ci par-là peut conférer beaucoup d'intérêt à une chanson, voire à un album complet. Très agréable.
Farewell, nouvelle ballade sans paroles cette fois (elle n'en a pas besoin), calmera le jeu pour cinq minutes, histoire de se préparer aux deux derniers assauts avant un final plus posé. L'émotion monte crescendo, on se laisse aller... Jusqu'à être rappelé à l'ordre par la batterie de
Fatal Error. Moins déchaînée que sur Fisheye, elle offre tout de même un rythme bien soutenu pour une instrumentale heavy, avec en prime un solo de violoncelle très très metal.
Et là attention, le voilà. Celui qui tabasse le tonneau dans
Slayer! Dave Lombardo en personne vient marquer de sa patte la thrashy
Betrayal/Forgiveness, chanson la plus violente de l'album. Et, gardez-vous bien de passer le début de ce titre à un novice qui ne connaît pas
Apocalyptica en lui assurant qu'il n'y a pas l'ombre d'une gratte sous peine de vous faire traiter d'affabulateurs! La grosse baffe finale du cd, proprement démentielle, jamais on n'aurait pensé voir et entendre des violoncelles jouer un truc pareil. Lombardo envoie sa patate comme il sait le faire, du moins pendant les deux premiers tiers du titre, le dernier laissant la part belle à une mélodie mélancolique sans batterie. Mélancolie qui ne nous quittera pas avec les deux derniers morceaux, en particulier Ruska, déchirant.
Pas de batterie et de folles envolées ici, mais une atmosphère sombre et triste, fascinante. Même si je préfère
Apocalyptica dans son registre le plus ahurissant donc metallique, ce sont deux réussites à conseiller aux amateurs de violon.
Un album éponyme qui force le respect et qui fera taire ceux qui, jusque là, refusaient de comprendre en quoi
Apocalyptica peut prétendre au titre de groupe de metal. Son successeur
Worlds Collide offre également son lot de morceaux de bravoure et de soli décoiffants (
Last Hope, à laquelle Lombardo prête encore ses baguettes!), mais une ombre commerciale plane quelque peu. Espérons que les Finlandais sauront, à défaut de la chasser, la tenir à bonne distance.
17/20
Un bon album.
16/20
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