Atypique ou original, deux qualificatifs qui reviennent sans cesse lorsqu’il s’agit de parler d’
Apocalyptica en général. C’est grâce à ce genre d’adjectif que le groupe a effectué un parcours lui aussi très original jusqu’à aujourd’hui. A la base, groupe de reprise de standards du metal au violoncelle,
Apocalyptica a fait bien du chemin, a collaboré avec de très nombreux artistes, sur scène comme en studio, et se revendique aujourd’hui comme un groupe complet, à part entière. Cette volonté d’indépendance, ils l’affichent via la cover de ce septième album ainsi qu’au travers des clips issus de ce dernier. On y remarque que les violoncelles y sont moins présents et que le groupe cherche désormais à présenter d’autres repères visuels. Ils semblent vouloir nous dire que même si le violoncelle reste leur identité, leur instrument phare, le temps où ce seul fait suffisait à justifier la musique du groupe est révolu, qu’il est temps pour eux de trouver une vraie place dans le paysage rock et metal. Pourtant, au fur et à mesure des annonces précédant l’album, on a constaté que les featuring y seraient toujours aussi nombreux. Paradoxal d’une certaine façon, non ?
Quoi qu’il en soit, après
Worlds Collide,
Apocalyptica a fait beaucoup parler, se faisant toujours autant qualifier de génial ou d’original, mais aussi désormais du célèbre « commercial » et autres « c’était mieux avant ». Ces critiques peuvent s'expliquer par l'orientation plus accessible prise petit à petit. Mais étant donné l’aura grandissante du groupe, elles semblent être heureusement l’un des symptôme qui annonce, qui l’eût cru avant justement, que
Apocalyptica s’est installé sur le devant de la scène et commence à marquer son temps. Mais assez contextualisé, parlons de
7th Symphony.
Le son du groupe s’illustre dans toute sa puissance dès les premières secondes de l’album. Avec seulement 4 violoncelles et une batterie, ils envoient du bois, c’est indiscutable. La production est en béton, loin de la simplicité des premiers albums, n’en déplaise aux fans de ceux-ci. Les crincrins prennent une sacrée saturation dans les cordes pour leur donner ce rendu metal auquel nous nous sommes désormais habitués. Mais cette fois-ci, le son semble mieux équilibré que jamais. La batterie, trop envahissante sur
Worlds Collide, a baissé d’un ton, pour prendre une place non moins importante, mais plus maîtrisée. Tant qu’on parle de Mikko
Siren, son jeu semble lui-même plus maîtrisé d’ailleurs, moins bourrin, puisqu’il peut aller du blast furieux à des rythmes mi tempo lents et discrets. Bref, ni vraiment transcendante ni trop bateau, la batterie a pour moi enfin trouvé sa juste place au sein d’
Apocalyptica. Quant aux violoncelles, ils profitent de la production et utilisent de multiples effets tout au long de l’album. Peut-être un peu trop par moments d’ailleurs. A plusieurs reprises, je me suis demandé pourquoi avoir des violoncelles si c’est pour autant vouloir singer la guitare. Un exemple parmi d’autres, le riff principal de «
End of Me », qui en plus d’être très proche d’un son de guitare, est très banal.
Quand la technicité du groupe s’amenuise comme ça, c’est toujours pour faire place à un invité. Ceux-ci sont nombreux sur cet album, cinq pour être exact, et sont accueillis avec méfiance par beaucoup de fans. Pourtant vu leur nombre, les chansons avec invités occupent une place prépondérante. «
End of Me », «
Not Strong Enough » et “
Broken Pieces” sont les trois titres qui bénéficieront d’un clip et sont donc la vitrine de l’album. Sans surprise, ce sont des chansons très metal alternatif radiophonique, c’est un fait. A partir de là, pas la peine d’en faire toute une histoire, si vous n’aimez pas du tout cette influence, vous n’aimerez pas ces titres, c’est clair. Personnellement en dehors de «
End of Me » qui n’a pas que le riff de banal, je trouve que les deux autres ne sont pas mauvaises du tout et remplissent très bien leur rôle de chansons accessibles. Passons à l’intervention de Dave Lombardo, qui n’en est pas à son coup d’essai, pour ce qui est de tenir les fûts d’
Apocalyptica. Une fois de plus, le
7th Symphony file un bon coup de nerf à sa piste pour lui donner un bon aspect trachy. Sans tomber dans la redite de ses précédents passages, sa grande technicité ne suffit pas cependant à vraiment casser la baraque, et souligne un peu plus le fait que
Siren ne fait finalement pas si tâche à côté (attention je n’ai pas dit que lui et/ou la chanson étaient mauvais). Dernier intervenant, Joe Duplantier (Cocorico !) qui arrive comme une baleine sur la soupe, et offre enfin quelque chose de vraiment nouveau (si l'on excepte la dispensable chanson avec Max Cavalera il y a déjà quelques temps). Son chant death, parfois doublé de clair, associé à un rythme qui lui convient très bien, se marie curieusement aux violons qui, en plus, ne sont pas toujours saturés. De plus, le break tout en lourdeur est vraiment délectable. Là, pour le coup, un auditeur pas très ouvert au metal aurait à son tour beaucoup de mal avec ce titre, qui reste un des meilleurs.
Les autres chansons laissent enfin le groupe s’exprimer seul. Et à ce jeu-là, le progrès principal depuis
Worlds Collide est qu’on n’a plus du tout l’impression d’écouter des titres dont le chant aurait été remplacé par un violon solo. Les structures retrouvent un aspect complexe, progressif même, qui avait presque disparu. Les meilleurs exemples sont « At the
Gates of Manala », et surtout «
Rage of
Poseidon ». La première ouvre l’album peut-être un peu trop brutalement mais se rattrape par la suite en variant davantage les plaisirs, présentant assez bien le propos. «
Rage of
Poseidon » offre un final sombre et puissant à l’album. On y imagine très bien, comme le suggère le titre, un bateau charrié par une mer de plus en plus furieuse, avant de sombrer sous des flots surpuissants et que l’album ne se referme majestueusement sur cette démonstration. Ces deux titres profitent bien de la charge émotionnelle que peut transmettre le groupe. On citera également la trop courte « Beautiful » ou le violoncelle retrouve enfin son essence, son jeu clair et simple, plus chaleureux que sur la majorité du reste de l'album.
Ainsi vous l’aurez compris, les chansons de ce
7th Symphony sont d’un très bon niveau, mais un problème entache tout de même l’album dans sa globalité : la cohérence. En effet, d’entrée de jeu, passer de « At the
Gates of Manala » a «
End of Me », sans temps mort en plus, fait presque peur. On a l’impression d'avoir affaire à une compil' tellement la différence stylistique est flagrante. Ce problème n’est pas nouveau pour le groupe mais n’est vraiment pas résolu ici. Passer d’une chanson metal alternatif à un genre trash avec Lombardo à la batterie, puis à un titre planant uniquement au violoncelle ne fait apparemment pas peur au groupe, mais déroute complètement l’auditeur. Heureusement que le son reste assez constant, sinon l’album ne serait qu’une succession de titres, bons, mais presque sans queue ni tête. Dans ces conditions, beaucoup d’auditeurs accrocheront probablement à quelques titres selon le cas, mais pas toujours à tous.
Apocalyptica va de l’avant sans se révolutionner. Ce
7th Symphony se place au-dessus de son grand frère
Worlds Collide dont il reprend tout de même le concept. Le problème reste qu’on sent encore que le groupe ne sait pas sur quel pied danser, même s’il améliore son savoir-faire dans plusieurs des genres entre lesquels il hésite.
Oui effectivement, le groupe semble virer de bord avec leurs morceaux chantés, mais dés Worlds Collide j'ai commencé à apprivoiser ce côté, quoique ce n'est pas si déplaisant que ça(du moins pas toujours). J'aurais juste aimé qu'il y est plus de titre à la beautiful, les compositions de Perttu m'ont toujours subjugué. Mais en somme l'album s'est facilement trouvé une place sur ma playlist.
J'ajouterais juste que le groupe a quand même fait des efforts pour se rapprocher de ses fans sur facebook ou myspace avec des vidéos expliquant les sonorités de chaque titre, on y découvre des membres très joyeux et drôles loin du stéréotype du métaleux grincheux
Bref, j'espère que le prochain ne reprendra pas les mêmes erreurs et qu'ils ne prendra pas plusieurs années à sortir.
Album qui se laisse écouter, mais qui ne m'emballe pas.
16/20
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