PARADISE LOST
HOST (Album)
1999, Nuclear Blast / EMI Records




Killy : 17/20
Qualifié d'ange déchu du metal à cause de sa soif de mélodies nouvelles et de son envie d'exposer sa tristesse par un autre son que celui des guitares et du son heavy, Paradise Lost rend hommage à un groupe très cher à leur coeur, The Sisters Of Mercy (et non pas Depeche Mode), véritable Icône à leur yeux.
Host est donc un album de Dark Rock électro. Il est difficile pour un métalleux habitué à Icon et Draconian Times de laisser ses oreilles s'orienter vers un tel album. Et pourtant il n'y a aucune honte à aimer cet album tant la musique y est riche.
La production assurée par EMI est tout d'abord impeccable avec une basse très en avant permettant à Steve Edmonson de nous montrer tout son talent. Greg Mackintosh a rangé sa guitare pour se mettre derrière le synthé, nous apportant ainsi une mélodie apaisante tout en étant dépressive. Les guitares ne sont pas absentes pour autant, le son qu'elles apportent est tout simplement différent ; cela n'empêche pas de frissonner sur ces riffs très electro. La batterie de Lee Morris possède désormais un son pop en harmonie avec l'album.

Mais le principal changement vient de Nick Holmes qui rend hommage à son père décédé et qui nous fait découvrir une voix claire, triste et reposante,avec des chuchotements très agréables (Harbour) et parfois quelques montées de colère (le fantastique Behind The Grey avec son jeu de guitare pleurant très fort en émotions). L'implication du chanteur très charismatique de Paradise Lost a rarement été aussi forte tant il a envie de nous faire ressentir ses peines et son désespoir.
Ce son nouveau se ressent donc parfaitement dans une piste comme "Nothing Sacred", véritable joyau de l'album à la compo travaillée. "So Much Is Lost" devient l'hymne de ce nouvel horizon gothique avec un refrain efficace et un tempo lent pour mieux apprécier la piste. "Behind The Grey" permet aux musiciens de lâcher leur tristesse progressivement sous une certaine rage distillée à la perfection. "Permanent Solution" prouve que Paradise Lost possède toujours ce don à laisser ses musiques parcourir notre esprit et rester dans notre tête. Chaque piste possède donc sa propre richesse permettant au disque de ne pas vieillir, ni de lasser l'auditeur.

Etant fan du groupe depuis ses débuts, cet album au souffle nouveau, m'a beaucoup apporté par sa richesse musicale et l'absence de son metal ne m'a absolument pas gêné. Au contraire, Paradise Lost a senti que son Metal Gothique ne devait pas tourner en rond, il fallait donc pour cela aller vers d'autres horizons. Cet album est donc le moins commercial et le plus triste et sombre du groupe ; l'écouter sous un temps pluvieux apporte une sérénité indescriptible dans sa tête, la mélodie des violons l'a remporté avec brio sur la violence des guitares, au grand plaisir des oreilles curieuses et à la recherche d'émotions que le metal n'arrive pas à transmettre tout seul. Oubliez le Metal ne serait-ce qu'un moment et laissez-vous bercer par Host, véritable bijou d'un groupe méritant bien plus de respect qu'il n'en a reçu à l'époque.

2007-08-10 00:00:00


Icare
Formé en 1988 et originaire d’Halifax en Angleterre, Paradise Lost n’a eu de cesse de faire évoluer son propos pour le meilleur et pour le pire. D’abord propulsé par un death-doom lourd et poisseux avec « Lost Paradise », le quintette mue vers un « heavy/doom » aux relents gothiques, qui trouvera son apogée avec la cultissime et référentiel « Draconian Times », qui fit suite à l’excellent « Icon ».

Puis, aux dires des deux principaux protagonistes que sont Gregor Mackintosh et Nick Holmes, la paire créatrice, éreintée par la tournée qui suivit la sortie de « Draconian Times » (la rançon du succès ?), décide d’opérer un contrepied artistique, en incorporant des « machines » dans sa musique, ainsi que de mettre au régime « Slimfast » les guitares, pourtant atout principal du son développé par les britanniques.

La sortie de « One Second » désarçonnera de nombreux aficionados, dont votre serviteur fait partie. Nick Holmes chante, plutôt pas assurément, les chansons sont assez bien ficelées (« One Second », « Say Just Words », « Soul Courageous ») mais tranchent complètement avec le style pratiqué jusqu’alors. Paradise Lost lorgne directement vers le rock gothique industriel avec comme point d’orgue « Take Me Down » qui n’a vraiment plus rien à voir avec le métal.

Une crise passagère se disait-on ? Et bien que nenni !! Car Paradise Lost enfoncera le clos avec « Host » qui a plus d’accointance avec Depeche Mode que notre musique de prédilection. La majorité des fans resteront dubitatifs car il est clair que les machines ont relayé les guitares au second plan. Ce disque très décrié, sera le point d’ancrage d’une période très difficile pour les britanniques, qui verra la publication d’albums juste moyens (« Symbol of Life », « Paradise Lost ») ou mauvais avec « Believe in Nothing », avant de renaitre de ses cendres avec « In Requiem ». La suite, nous la connaissons tous, Paradise Lost explorera son côté abrupt, avant une ultime réorientation vers le « doom » pachydermique sur l’excellent « Medusa », démarche initiée sur « The Plague Within » qui vit le père Nick renoué avec le chant « growlé ».

La peur n’évitant pas le danger, votre serviteur fait ressortir son côté téméraire, car j’ai décidé de m’atteler à la version remasterisée de « Host ». Comme stipulé plus haut, lors de la publication de « Host » et même en ayant l’esprit ouvert, ce disque m’a laissé sur le carreau, mais où donc était passé le Paradise Lost puissant et mélodique de « Draconian Times », la lourdeur du doom, la distorsion inhérente au style, les solos atypiques de Gregor Mackintosh ?

Même si le groupe est depuis, revenu à ses premières amours, il est clair que le père Gregor était lassé du son distordu et la signature chez EMI a bien influé dans ce sens. Nuclear Blast, en collaboration avec le quintette, décide de « réhabiliter » certains disques du gang d’Halifax, avec une remasterisation de « Believe in Nothing » qui comporte nettement plus de poils que cette nouvelle version de « Host », qui comporte que très peu de différences en comparaison de l’original, donc, au final, j’en cherche encore l’utilité…

Ne comptez pas sur moi pour donner une seconde chance à cette nouvelle mouture de « Host », qui est quasiment un « copier-coller » de l’original, avec une pochette plus verdâtre. Ce disque drainera éternellement son lot de détracteurs ou d’aficionandos. « Host » restera un OVNI dans la discographie du groupe, surtout au regard de la direction musicale empruntée sur « Medusa ».

Les gouts et les couleurs…

2018-08-04 11:57:40