Il fut un temps où
Anathema était empreint de mélancolie, un temps où la vie ne méritait pas d’être vécue. Un temps où la souffrance s’emparait d’eux, un temps où ils nous le hurlaient accompagnés de leurs guitares énervées. Un temps où leurs pamphlets s’intitulaient « A
Dying Wish » ou «
A Fine Day to Exit », un temps où ils scandaient « Thinking to myself ; There's no escape from this fear, regret, loneliness...» … un temps révolu.
Aujourd’hui, leurs mélodies se nomment «
Untouchable », «
Lightning song » ou « Sunlight » et leurs messages sont empreints de sérénité : « My mind is clear; I have no fear ; I share no tears; For you my dear; This world is wonderful; so beautiful, if only you can open up your mind and see ». Aujourd’hui,
Anathema est libre,
Anathema est heureux et il tient à nous le communiquer.
C’est un long cheminement que le groupe a dû parcourir avant de trouver cette sérénité : sept ans entre «
A Natural Disaster » et « We're Here Because We’re Here ». Mais c’était le temps nécessaire pour trouver enfin la réponse à leur question, la réponse à l’énigme. Enfin, ils avaient découvert pourquoi ils étaient là. Et ils n’allaient pas s’arrêter là, non ! Ils ont encore des choses à nous dire et c’est pour cela que «
Weather Systems » survient seulement deux ans après son prédécesseur.
Fou est celui qui s’attend à retrouver la mélancolie omniprésente ou les guitares dissonantes des débuts.
Anathema l’a dit, c'est un groupe qui va toujours de l'avant : « jamais de retour en arrière ». Et effectivement, «
Weather Systems » n’est pas un retour, mais ce n’est pas non plus une stagnation : c’est encore une évolution. Si le bonheur est dorénavant perceptible, la mélancolie est toujours présente et, parfois, elle fait son apparition le temps d’une chanson (« The
Lost Child »). Elle n’a en fait jamais complètement disparu. Simplement,
Anathema nous parle du jour et de la nuit, du temps et des saisons qui, comme les sentiments, s’alternent et se mélangent.
Que dire de cet album, si ce n’est qu’il ne fait pas que s’écouter, mais il se ressent. Constamment noyé sous des arpèges sublimes, des orchestrations magnifiques, un piano omniprésent et un chant bouleversant.
Anathema vise toujours juste : jamais dans la surenchère, toujours dans la justesse et l’émotionnel. Dès la première piste, on est étourdi par ces arpèges, par la manière dont la batterie s’immisce dans le morceau et par la façon dont la guitare peu à peu prend son éveil, puis son envol éblouissant. Car, chaque membre s’est investi dans ce bijou, probablement plus que jamais. Chacun a composé et Vincent, Danny, mais aussi Lee
Douglas – plus présente que jamais – se partagent le chant et y apportent tous une étincelle supplémentaire.
L’influence de «
Falling Deeper » dans les atmosphères des différentes pistes est indéniable. L’album fait en effet la part belle aux très travaillées et sublimes orchestrations (on notera « The Storm Before the Calm », aux sonorités électroniques mais très réussi). Et c’est là que la magie opère : «
Weather Systems » est, au premier abord, facile d’écoute, voire accessible. Une fois arrivé à son terme, on ne résiste pas à l’envie de s’y replonger et, c’est à ce moment là qu’on (re)découvre que l’album dispose de ressources inépuisables pour qui veut bien faire l’effort de s’attarder dessus. « The
Lost Child » parait ainsi de prime abord sympathique, puis elle nous semble excellente, et enfin on se rend compte qu’elle est tout simplement épique.
L’album est planant et déroutant, à l’image du solo de guitare magnifique de « The Beginning and the
End ». Il est triste et joyeux à la fois. Il est produit excellemment, même après que le groupe se soit séparé de
Steven Wilson (c’est désormais un certain Christer-André Cederberg aux commandes). Pour peu qu’on se laisse volontiers égarer dans ses méandres, ce bijou promet un voyage au fin fond de soi-même, un voyage admirable et plaisant… un voyage ? Que dis-je ! Un exil. Et cet exil, c’est encore un pas en avant après « We're Here Because We’re Here ».
«
Weather Systems » ? C’est tout simplement ce qui se fait de mieux actuellement en matière de prog-rock atmosphérique.
Anathema n’a pas fini de nous faire rêver.
Ici avec cet album ils nous livrent ici leur meilleure création, et de loin le meilleur album prog de l'année et l'un des meilleurs de ces 10 dernières années.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire