Cela faisait quelques temps que je n'avais pas fait de chroniques. Je décidais donc de m'attaquer à
Alternative 4 de
Anathema, le groupe de rock metal gothico-dépressif progressif (bref des dieux pour moi). Le groupe britannique décide alors de continuer dans la même lignée que
Eternity sauf que plusieurs points nouveaux sont à observer dès le début.
Tout d'abord la production. Enfin une prod' à la hauteur de ce groupe, le son est clean, rempli de pureté comme ce blanc qui constitue la jaquette magnifique de cet album. Les guitares et le piano rentrent dans nos oreilles avec une légèreté impressionnante ; tout est maîtrisé à la perfection au niveau de l'ambiance sonore ; on reste la bouche ouverte ne sachant quel mot juste il faudrait dire pour peser le talent de cet album. Vraiment bluffant!
Ensuite Vincent Cavanaugh, quelle claque! Une voix d'ange déchu, claire, triste, chargée d'émotions, naturelle, avec des échos judicieusement placés. Lui qui montrait quelques faiblesses dans
Eternity vient de nous prouver toute sa motivation et toute son envie de nous faire ressentir la dépression d'
Anathema. Car la dépression est bien présente, elle parcourt les veines de cet album sur chaque piste. L'auditeur n'a qu'à bien se tenir : quand on écoute anathema, on ne sourit pas, on pleure et c'est beau!
Et tout ceci est orchestré par un homme qui signera ses plus belles compositions dans cet album : Duncan Patterson. Mais il n'est pas le seul maître à bord, c'est en fait son harmonie musicale avec les frères Cavanaugh qui permet à cet album d'être un véritable bijou. L'extase est vite atteinte avec ce tempo envoûtant de "Fragile Dreams" et ses guitares magiques, "Empty" continue cette atmosphère rageuse en la débridant totalement (Vincent se lâche dans un chant rapide, précis, bref parfait). Puis, avec "
Lost Control", nous retombons dans la tristesse que "Shroud Of False" avait introduite, les larmes tombent avant que l'on comprenne ce qui nous arrive, l'auditeur perd vraiment le contrôle de lui-même. "Re-Connect" est la piste la plus floydienne de l'album avec cette superposition des voix qui nous rappelle le duo Gilmour-Waters dans son apogée.
"Inner
Silence" repose un peu le jeu, servant à son tour d'intro à une deuxième partie de l'album beaucoup plus progressive et atmosphérique. En effet, la piste "
Alternative 4" nous entraîne dans cet univers un peu extra-terrestre symbolisé par cette pochette, un monde fait de blanc et de vide où les âmes nous regardent sans pour autant faire attention à nous, assez intrigant mais définitivement beau. Et que dire de "Regret"? Mon coup de coeur : 8 minutes de démonstration musicale, une basse omniprésente, une voix à son sommet, une guitare acoustique parfaitement relayée par une électrique et un synthé et une batterie qui nous plongent dans un désespoir et une souffrance toujours aussi difficiles à décrire. Cette piste est lourde moralement mais impossible à quitter. Et c'est cela toute la magie du groupe : réussir à nous faire affronter des sentiments que l'on évite toute sa vie. C'est cela pour moi la vraie musique.
"Feel" plonge l'album dans un certain chaos avec cet orgue qui donne une atmosphère spéciale, comme si un ange venait se confesser et déversait ses sentiments calmement, suivi d'un cri de rage surprenant pour ensuite laisser les guitares clore cette piste au rendu très théâtral. "
Destiny" finit cet album comme il a commencé, c'est-à-dire avec calme et justesse.
Vous l'aurez compris,
Alternative 4 fait partie de ces albums uniques, cultes, que peu de groupes arrivent à maîtriser. La fusion de l'expérience de Patterson et du potentiel des frères Cavanaugh a permis à ce bijou d'émerger et il est difficile de comprendre comment un groupe comme
Anathema a pu aujourd'hui avoir autant de mal à trouver un nouveau label (Music For
Nation ayant coulé) alors que peu de groupes peuvent se vanter d'avoir sorti de si beaux disques dont ce
Alternative 4 qu'il faut posséder à tout prix dans sa discographie.
Définitivement culte!
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