2003. Depuis ses débuts en 1997 avec l'EP
Missa,
Dir En Grey n'avait de cesse de faire évoluer sa musique tout en s'éloignant de son Visual Kei originel. Cette évolution était palpable sur
Kisou, son dernier album en date, expérimental et plus barré que ses deux précédente sorties et qui avait dérouté quelques fans de la première heure. Mais c'est en cette année 2003 que va se produire un véritable schisme; un schisme entre
Dir En Grey et la scène Visual Kei dont ce
Vulgar est la cause (ou la conséquence) directe.
Dir En Grey opère sur cet album une véritable mue. Si les concepts développés par le groupe restent globalement inchangés, c'est la musique qui subit ici une véritable transformation. Dotée d'un son beaucoup plus lourd et puissant (notamment grâce au sous accordage des instruments)celle ci prend une coloration Neo
Metal, ce qui, dans le cas présent, n'a rien de péjoratif. Car, qu'on se le dise,
Dir En Grey n'est pas un groupe comme les autres. Si l'on peut désormais considérer que la base musicale est désormais Neo
Metal, celle ci se pare de multiples expérimentations et brasse un nombre d'influences sidérant. On passe donc allègrement d'un Neo
Metal torturé à de l'Indus (
Child Prey), de la Pop (Sajou No Uta) ou encore à des influences Thrash voire Death
Metal le tout agrémenté d'ambiances Electro (Amber) ou de mélodies typiquement nippones.
Si les thèmes abordés par le groupe n'ont jamais été des plus réjouissants (dépression, aliénation mentale, viol ou perversion, ...), le groupe a décidé d'allier le geste à la parole. La musique est en effet beaucoup plus violente que sur les précédentes livraisons du quintet japonais. Néanmoins le groupe n'en perd pas sa puissance émotionnelle. A l'image de la performance vocale de Kyo, alternant hurlement d'aliénés, borborygmes rageurs, chuchotements inquiétants et refrains déchirants, la musique de
Dir En Grey est sans cesse empreinte de cette dualité entre brutalité et émotion.
Cette dualité se retrouve dès Audience
Killer Loop, le morceau d'ouverture : intro inquiétante déchirée par un cri suivi d'un riff ravageur avant que le morceau ne pose des ambiances plus mélancoliques pour ensuite alterner entre rage et tristesse. Ceci se ressent également sur
Obscure, l'un des chefs d'oeuvre du groupe, qui alterne entre ambiances glauques, break ultra brutal et un refrain tout simplement déchirant de beauté.
Comme chaque album de
Dir En Grey,
Vulgar est un album difficile à appréhender. Entre morceaux brutaux et barrés (
Child Prey, New Age
Culture, The III D
Empire), ballades mélodiques (
Kasumi, Sajou No Uta) et chansons mélangeant allègrement ces deux aspects, l'auditeur sera forcément perdu lors des premières écoutes. De nombreuses écoutes seront en effet nécéssaires pour assimiler la complexité de la musique du groupe et l'apprécier à juste titre. Car la musique de
Dir En Grey semble refléter à merveille le malaise d'une société japonaise impitoyable, déshumanisée et envahie par la technologie; tiraillée entre avenir et tradition, devoir et émotion.
Avec
Vulgar,
Dir En Grey ne se réinvente pas,
Dir En Grey redéfinit son univers, transforme son spectre musical pour un résultat qui lui sied à ravir. Brouillon et fouillis d'apparence,
Vulgar est un album d'une richesse peu commune dont la teneur ne se révèle qu'au fil des écoutes et qui amorce avec brio la seconde ère de
Dir En Grey.
NB : pour éviter d'heurter la sensibilité d'éventuelles personnes, la vidéo jointe est la version CENSUREE du clip d'
Obscure. La version originale est facilement trouvable sur le net.
L'intro de Audiance Killer Loop nous plonge directement dans l'ambiance torturée de Dir en grey et on en ressort pas jusqu'à la fin.
Du grand art tout simplement!
Non pas par la musicalité plus néo métal, au contraire mais plutôt par cet aspect décousu comme Kisou sur certaines parties de l'album, mais c'est surtout le mixage général et la production globale de l'album. Je n'aime pas le son des fûts de Shinya ou certaines notes de Kyô comme pour Sajou no Uta et ça handicape grandement.
Cependant en relisant ta chronique, cela me remotive pour replonger dans les coins profonds de l'album (En excluant les morceaux phares que sont OBSCURE, Child Prey, The IIID Empire, Audience killer Loop, Shokubeni -dont je préfère la nouvelle version- ou encore Amber car je suis conquis depuis longtemps par ceux-ci)
Une nouvelle fois merci ! Et vraiment au plaisir !
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire