« L’amour ne va pas sans estime »
Alexandre Dumas (fils)
Un premier disque adulé bien que surestimé. Un deal inimaginable avec Sony pour des musiciens affichant une moyenne d’âge de vingt ans. Une première tournée en support d’Iron Maiden. Un dvd tourné dans le fabuleux
London Brixton Academy. Un statut de groupe déjà essentiel pour les jeunes et de posers détestés pour les autres. Tout ça en quelques mois.
Voici l’histoire de
Bullet for My Valentine.
Pourtant, si l’on prend un minimum de recul, il est évident que chacune des parties évoquaient avec bien trop de véhémence le combo britannique qui n’a rien révolutionné, à l’instar de
Trivium avec lesquels le groupe a été beaucoup comparé au début, mais a su tirer profit de multiples recettes pour plaire. A l’inverse, le groupe possède certaines qualités indéniables qu’il est impossible de laisser de côté, notamment un niveau technique déjà très haut pour des musiciens si jeunes et un sens du live qui en a fait un indéboulonnable des tournées et une valeur-sure des festivals.
Alors quoi ?
Pourquoi autant d’estime chez les uns et de haine chez les autres ? Beaucoup de choix discutables sans doute...
"
The Poison" eu la chance de sortir au bon m
Oment et d’enflammer la toile internet. Sans révolutionner mais en repensant le metal en y incorporant de la modernité, le metalcore commençant tout juste à exploser, le quatuor a su mêler le metal traditionnel, heavy et thrash, avec un chant tantôt hurlé, tantôt très moderne (tant décrié), des refrains catchy et FM et des passages mosh-part pour les plus adeptes de gros son. Un mariage détonant, n’inventant pas la poudre mais avec des qualités intrinsèques véritables. Probablement que sans l’énorme battage médiatique autour du groupe, "
The Poison" serait respecté par plus de monde.
"
Scream Aim Fire" avait pour lourde mission de lui succéder et un penchant plus thrash et traditionnel se fit ressentir sur ce dernier, toujours très bien produit et possédant son lot de classiques. Puis les choses se gâtèrent...
Un "
Fever" débutant sur les chapeaux de roue ("
Your Betrayal") mais s’étiolant inexorablement dans des compositions anecdotiques, sans idées et à l’atmosphère bien plus mielleuses, donnant raison à la plupart des détracteurs. "
Temper Temper" devait être l’album du rachat et du pardon mais il ne fit qu’enfoncer le groupe, certains fans se détournant carrément des britanniques. Sans impact, sans rage, l’opération des cordes vocales de Matt Tuck se faisant plus entendre que jamais, l’album fut un semi échec (malgré une belle 13e place au Billboard américain) et se vendra moins que ses prédécesseurs sur la durée. Les concerts qui suivirent ne furent pas non plus fabuleux, le groupe se concentrant sur ce qu’il avait de moins agressif dans sa discographie. Cela ne faisait plus aucun doute.
Bullet fut le groupe d’un album, objectivement incomplet mais jouissant d’une énorme popularité. Un exploit qui restera sans suite...
« «
Venom » est notre album le plus heavy à ce jour. Nous avons puisé très loin pour l’écrire et l’enregistrer »
Matt Tuck
Combien de fois avons-nous entendu ça pendant une promo ? Retour aux sources, promesses impossibles à tenir ou simple coup marketing, cela fait bien longtemps que nous ne tenons plus compte de ces phrases balancées à la volée dans les dossiers de presse pour attirer le chaland.
Et si, pour une fois, c’était réellement vrai ?
Le départ de Jay James ne portait pourtant pas à l’optimisme, le bassiste étant le seul semblant tenir à flot ce qu’il restait des phases les plus extrêmes du groupe ces derniers temps. Quant au médiocre "
Raising Hell" que nous avait sorti le groupe sur Youtube il y a de cela plus d’un an, il ne faisait que renforcer l'idée que
Bullet s’enfonçait inexorablement.
En une phrase, il faut cependant le dire. Objectivement et en faisant fi de toute consonance historique, "
Venom" est de loin le meilleur album de
Bullet for My Valentine. Voilà, clap de fin. Vous pouvez circuler.
Résurrection
"
Venom" possède les qualités et les défauts du groupe ancrés en lui et se veut de cette manière un fabuleux miroir de l’histoire du groupe. Parfois génial, inspiré ou au contraire exaspérant de niaiserie et de facilité, "
Venom" est surtout le retour à une musique beaucoup plus vigoureuse et brutale, Matt renaissant de ses cendres au chant hurlé et enchainant les brulots les uns après les autres.
Les trois premiers titres impressionnant ainsi car ne laissent aucun répit. Une introduction sombre et menaçante (une première !) et "
No Way Out" déboule sans crier gare. Le chant hurlé et les riffs techniques tranchent littéralement avec l’opus précédent. Un premier pont mélodique place le refrain qui, s’il est en clair, démontre un boulot mélodique remarquable souvent trop rare chez le groupe. Surtout que la furie du riff reprend vite le dessus et on se surprend à non seulement aimer mais être soufflé par la puissance de la production de Colin Richardson, bien moins émoussée et liquoreuse que sur les deux précédents disques. On pourrait regretter un jeu de batterie toujours aussi peu séduisant mais il s’agit d’une constance chez un groupe n’utilisant majoritairement que la caisse claire et la double pédale, sans véritable variation. Dommage car car Matt et Padge s’amusent en revanche sur les guitares et une partie soliste particulièrement efficace.
Sans interruption, "
Army of Noise" instaure un riff destructeur et supersonique propulsé par un hurlement qui continu de surprendre et de s’interroger sur la nature des aliments que les anglais ont ingurgité avant d’enregistrer. On nage certes en plein metalcore mais avec une énergie, un chant clair bien plus maitrisé et une hargne retrouvée faisant toute la différence. "Worthless" nous achève sur une ouverture plus lourde portée par un hurlement et une coupure rythmique laissant traverser des arpèges mélodiques très intéressants. Le ton se fait plus lourd, pressant et sombre, notamment sur ces mots martelés et ce riff monolithique, marque de fabrique relativement neuve pour
Bullet. Certains regretteront un chant clair un peu facile mais l’effort et le soin apporté aux lignes vocales est en soi une preuve évidente d’un énorme boulot réalisé de ce côté-là. Quant au break, il permettra à coup sûr de faire participer le public en live. De bons augures.
Globalement, le groupe n’a fait que des bons choix et, sans réaliser un chef d’œuvre (qu’ils ne feront probablement jamais, au contraire d’un
Trivium possédant un "In Waves" fabuleux dans sa discographie), "
Venom" se veut cohérent, fort et révélateur d’un groupe en renouveau. Le single "You Want a Battle (Here's a
War)", s’il peut décevoir sorti de son contexte, est excellent dans le disque, particulièrement par ce refrain entêtant et les quelques parties hurlées qui parviennent à chaque fois à retranscrire la violence du propos. "The Harder the
Heart (The Harder It Breaks)" est un rappel évident de "
The Poison" entre sa mélodie au tapping, son riff syncopé, sa mélodie vocale et l’aura qui s’en dégage. "Broken" ou "Pariah" continu d’insuffler cette rage qui manquait tant pendant que, étrangement, c’est le titre-track qui dénote le plus tant il évoque le disque précédent et cette ambiance si délétère, si fade et molle. Dommage.
On efface tout et on recommence ?
Pas sûr que les exigeants metalhead traditionalistes, les fans butés sur "
The Poison" ou ceux n’appréciant simplement pas l’image du groupe se tournent désormais vers "
Venom" mais les déçus de l’orientation récente du combo ou ceux n’en attendant plus rien pourraient bien recevoir une belle correction à l’écoute du disque.
Il ne marquera sans doute pas les esprits comme "
The Poison", le timing étant désormais passé, mais il se veut musicalement mieux construit, plus cohérent (presque aucun remplissage) et surtout bien mieux produit.
Une belle preuve de courage et de détermination pour un groupe qui se doit d’assumer un statut envers un public souvent jeune, pas toujours tolérant et une frange de la scène les détestant éperdument. "
Venom" est leur réponse.
Cependant, j'ai toujours eu beaucoup de mal à supporter la comparaison Trivium BFMV et je ne comprends pas qu'aujourd'hui encore tu t'attaches à rappeler les similitudes de perception initiales entre les deux groupes.
Le premier album de BFMV qui a suscité mon intérêt depuis The Poison. Scream Aim Scream a beacucoup trop de chansons-remplissage, Fever est fade et très peu inspiré, Temper Temper j'avais passé mon tour je n'avais même pas osé l'acheter tellement il était pourri. Venom m'avait redonné espoir envers le groupe, avec des compos contenant une hargne et une puissance qui m'ont agréablement étonné. Matt Tuck nous sort ses vocaux les plus agressifs, les compos présentent de solides influences thrash et sont bien plus inspirés, l'ambiance se veut lugubre et les chansons ont repris de l'efficacité.
La plupart des chansons fonctionnent très bien, "No Way Out" et "The Harder the Heat" ont un très solide refrain, "Worthless" a un côté mélancolique que j'aime bien, "Broken" est rageant, ou "Hell or High Water" qui propose quelque chose d'inédit et intéressant. Un vrai retour en force, pas parfait certes (quelques chansons plus faibles), mais suffisant pour m'avoir redonner espoir envers un groupe qui s'est trop englué dans la médiocrité. Le meilleur après The Poison, clairement.
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