“Notre nouvel album est le plus heavy que nous ayons jamais réalisé. Il n’y a jamais eu autant de cris sur un de nos disques, jamais eu autant de colère. C’est la version la plus extrême du groupe.”
Si ce genre de déclarations promotionnelles et tapageuses est désormais monnaie courante, elle est malheureusement trop souvent peu suivi d’actes dans la réalité. Dans le fond, il est bienheureux qu’un groupe trouve son nouveau disque plus complet, plus heavy, plus travaillé ou simplement supérieur au précédent mais le manque de discernement joue rarement en la faveur des principaux intéressés.
Néanmoins, avec l’avènement du Covid, s’il y a une chose que l’on remarque, c’est que les albums qui sortent sont effectivement guidés par un regain d’énergie, voir parfois de violence. Comme si toute la frustration de cette période sans concerts, enfermés et privés les avait poussés à mettre le curseur de l’agressivité un bon cran au-dessus. On a pu le remarquer sur le dernier
Trivium par exemple, où les Floridiens nous ont fait profiter de riffs surpuissants qu'on n'avait pas entendus depuis des années. Venant de
Bullet for My Valentine, le constat est encore plus saisissant, puisque les premiers extraits qui ont abreuvés le net depuis plusieurs semaines impressionnent par le virage à 360° en comparaison d’un "
Gravity" bien molasson, à la production complètement gonflée d’artifices et lisse comme une presse hydraulique. Si Matt Tuck en parle comme d’un disque expérimental, il était surtout une tentative ratée de revenir à une musique plus accessible et mélodique, avec un chant clair omniprésent et des structures très marquées. Ce qui avait de quoi décevoir après la claque qu’avait été "
Venom" (qui redressait sacrément la barre après l’échec artistique de
Fever, néanmoins un énorme succès commercial, et surtout "
Temper Temper" qui fut un vrai bide pour les fans).
La question était plutôt de savoir si les deux premiers titres de l’album seraient à l’image du reste. Et la réponse est oui, très clairement !
"
Parasite" s’ouvre sur des sons
Parasites reprenant plusieurs passages connus du groupe ("
Your Betrayal", "
Waking the Demon", "
No Way Out", "You Want a Battle ? (Here’s a
War)", etc...) avant que l’ensemble ne bascule dans un chaos d’une violence rare pour les gallois, parfaitement propulsé par une production absolument dantesque de puissance concocté par Carl Bown (pourtant à l’origine de "
Gravity"), sonnant à la fois puissant, moderne, tranchant et explosant de toutes parts pour conférer une sensation impressionnante de brutalité à l’ensemble. On a presque jamais entendu Matt aussi énervé, mis à part sur un refrain en semi-clair qui ne fait pourtant pas baisser l’intensité tant les riffs sont lourds et sombres. On pourrait presque penser au
Machine Head du début des années 2000, avec des instants syncopés et un côté très américain dans l’aspect live de l’attaque des vocaux. Le solo sonne troublé et torturé, rapide et tortueux et on sent que Michael Paget a décidé lâcher les chevaux sur le sujet. L’intensité ne faiblit pas d’un iota avec un "
Knives" déjà connu mais des plus radical et arrivant parfaitement à point pour démontrer que cet album n’allait pas rigoler. Le “Let’s the madness begins” hurlé qui débute le titre donne d’entrée la couleur. Les riffs sont secs, tranchants comme des rasoirs et le refrain donne l’occasion au groupe de proposer un instant agressif mais à même d’être gueuler par toute une salle ! Je me répète mais, mis à part sur quelques titres de
Venom, jamais BFMV n’avait dégagé une telle agressivité avant ce jour (le break en a surpris plus d’un à sa sortie !).
Si cette entrée en matière dévoile une bête affamée et prête à dévorer le monde, la suite est globalement du même acabit, parfois sensiblement plus mélodique, plus technique mais conservant cette rage et cette noirceur surprenante. On évoquera un "No Happy
Ever After" aux riffs acérés, aux vocaux très core mais qui fracasse particulièrement tout par ses parties de batterie et le break presque thrash et millimétré qui débouche ensuite sur un nouveau solo comme nous n’en n’attendions plus tellement ils déboulent de notes et d’envie. "Paralysed" est dans le même genre, foncièrement brutal et porté sur l’agressivité vocale (ce hurlement à 3min10 presque blackcore qu’on aurait jamais cru entendre chez eux) tandis que le final "Death by a Thousand Cuts" profite d’une intro typique du groupe (lead mélodique, chant clair) pour propulser une double pédale frénétique sur de nouveaux screams pleins de rage. Si le refrain se fait plus lumineux, le riff et le ton du titre n’en est pas moins très sombre et clôture l’album sur un rythme rapide pour coller une ultime baffe en travers de la tronche à des auditeurs qui, il faut bien l’admettre, n’attendait pas ça du septième album des gallois.
Entre temps, l’album éponyme aura pu nous gratifier d’un plus technique "Can’t
Escape the Waves" au riff principal hypnotique et particulièrement inspiré. "My Reverie" profitera d’une certaine accalmie sans pour autant se différencier de la teneur toujours très lourde et pleine d’urgence de l’album, comme l'attestent les instants fugaces de fureur qui découlent des quelques hurlements sur les couplets. Il en va de même sur le très lourd et tortueux "
Shatter", parfois presque suffocants dans son approche des riffs et le martèlement des toms. Il n’y a finalement que "
Rainbow Veins" qui ne semble pas vraiment à sa place, rappelant bien trop "
Gravity" et cassant sensiblement la dynamique du disque lorsque son m
Oment intervient.
Mais quel album
Bullet for My Valentine vient de nous offrir. Un des disques de metalcore de l’année avec le dernier
Architects mais surtout un des disques de l’année tout court. Le groupe a toujours été clivant et le restera mais cet opus éponyme pourrait mettre tout le monde d’accord pour son agressivité, sa puissance et la qualité indéniable de sa production qui enterre bon nombre de sorties. Un must have dans la discographie du groupe, qui surprendra probablement les fans les moins metalleux de quartet mais pourrait et devrait ravir les autres. Une belle réussite, inattendue et rafraîchissante dans sa violence.
Grosse surprise ce nouvel album! Merci pour la chronique.
Je suis fan de Paralyzed depuis la sortie du disque. Je pensais qu'avec Gravity, le groupe avait définitivement viré de bord, c'était sans compter sur cet éponyme violent.
D'accord pour le Trivium, en revanche pour Architects, je n'y arrive vraiment pas avec cette cuvée de 2021, je m'ennuie sur les 15 titres...
Ok je vais m'y intérésser !
Pour moi, en metalcore qui plus est novateur et original (création du Northcore), ATLAS n'a pas d'équivalence....
merci pour cette chronique qui m'a donné envi d'écouter cette album et m'interesser plus a ce groupe pourtant que je connais depuis the poison mais vite oublier, trop de chant clean, mais avec cette album et ce que tu a dit je vais retenter ma mon oreille.
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