ACTE I : Auto-psy
Baignée d’un halo de lumière blanchâtre,
Masquant son intimité par un pli de toile mauve
Elle se tenait là, mi-allongée et la tête en arrière
Fausse figure statique, prête à s’éveiller et se mouvoir.
Le printemps s’achève, c’est une grande fille à présent
Elle ne se cache plus sous une pierre et une paire de rose
La voici plus assurée et libre de ses mouvement
L’année passée lui a fait le plus grand bien.
La voici plus grande, et à nouveau prête
À honorer son contrat passé avec
Massacre Records
Aujourd’hui, elle tourne le dos à la sécheresse du suédois Dan
Swanö
Et s’embarque pour l’Allemagne de Pete Wee Coleman
Où elle pourra s’exprimer, en partie, en langue germanique.
Et ainsi les lourdes notes monotones du passé devinrent plus mûres
Car les lignes aériennes et le chant adouci de son partenaire
Les retours de films et les compositions complexes
S’invitèrent dans son petit univers cristallisant : The THEATER!
ACTE II : Evocations
Ce soir-là, la répétition fut excellente. Les artistes étaient enthousiastes et au meilleur de leur forme. Et ils étaient satisfaits d’eux : ils avaient tenu leur petit public en haleine alors que cette deuxième pièce durait légèrement plus longtemps que la précédente. Maintenant, ils étaient à nouveau prêts pour monter sur Scène.
Et lui, jeune spectateur curieux arrivé sur le tard, fut charmé. Lui, jeune pousse, ignorait alors ce qui se disait en coulisses.
Plus tard, il entendit ces ragots. Et jeune con, il apprit à rester indifférent voire à devenir exécrable devant ce qu’elle fit dans la suite de sa carrière de tragédienne. Car il ne la reconnaissait plus dans ce nouveau théâtre. Il ne pouvait pas imaginer qu’une telle métamorphose soit dans le même esprit que dans ses premiers émoluments sur Scène.
Et ainsi, il fit mine de se contenter des violons et du piano de “
Velvet Darkness They Fear ”, du violon et du clavecin de “ Fair and ‘Guiling Copesmate Death ”, de l’orgue introductif et de la batterie organique de Hein Frode Hansen rythmant “ Der Tanz der Schalten ”, des cordes sèches ou brutes de “ Sepharic Deviltry ” spécialement composé par le soliloque Raymond ou les breaks de piano et la fin tambourinée de “ The
Masquerader and
Phoenix ”. Il se souvint que Pål Bjåstad était guitariste dans la première pièce, mais que pour celle-ci il se contentait occasionnellement de l’écriture musicale, notamment pour la séquence cinématographique “
And when He Falleth ”. Le violoncelliste Anders Måreby n’est plus là, mais cela n’est bien grave : le synthé de Lorentz Aspen joue son rôle avec brio. Sans parler de la place accordée à Tommy – qu’il repose en paix !
Ainsi, il avait trouvé sa préférence… Jusqu’à ce qu’un jour, il réalisa qui était vrai et qui était sur scène. Il réalisa qui devait représenter sur Scène et ce qui devait rester dans le domaine de la Vérité. Et lorsque le rideau se refermera à nouveau, suffoqué, il paniqua. Il eut besoin d’un bon bol d’air frais, d’un autre astre. Par la suite, il pensa que le mieux n’était pas de fuir complètement mais d’assister à une autre représentation (quasiment la même dans le fond) mais dans un autre temps, un autre lieu et, évidemment, réorchestrée.
Dès lors, il garda bien en lui-même l’écho de cette voix gorgée de références classiques qu’il entendait, de temps en temps, murmurer la nuit sans jamais prendre le temps de l’écouter : « Je m’adresse à toi. Toi l’impatient qui veut retirer tous ses voiles, d’un seul coup, pour connaître son visage. Toi qui perdras vite tout espoir de la comprendre, tu te morfondras de l’avoir ouverte et explorée. Et tu erreras dans les ténèbres, désenchanté et vanné, à ressasser sans cesse les mêmes réflexions et masturbations qui te servent de points de repère... ou plutôt de refuges. Médite mes paroles ou n’en tiens pas compte, fais à ton gré, mais sache bien que je t'aurais prévenu : tant que ta mémoire sera claire, cette garce continuera de te hanter. »
À quoi reconnaît-on les œuvres emblématiques d’un genre artistique ? Celles qui vous font douter des grosses notions « originalité » et « sincérité ». Chienne de vie, va !
NOTE : A+
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