C’est un surprenant album que nous livre
Theatre of Tragedy avec "
Storm". Tout d’abord, c’est le premier album où officie leur nouvelle chanteuse, Nell Sigland. Ensuite, on assiste ici à un véritable changement de style musical ; après
Musique et
Assembly, des albums en quelque sorte « électro-métal », le groupe s’oriente de nouveau vers un style plus « métal ». La guitare, la basse et la batterie sont mise à l’honneur dans des compos plus « rock ». Et on note évidement le style de Nell, radicalement différent de celui de Liv. Certains qualifieront la voix de Nell comme « banale ». C’est sans doute vrai, mais c’est tout de même une voix que je trouve très agréable à écouter. Au moins, elle est maîtrisée et juste.
C’est avec
Storm, premier titre et single de l’album, que nous sommes confrontés à la voix de Nell. Après le début au piano, c’est une
Musique beaucoup plus agressive qui nous embarque, bien vite rejointe par la voix de Raymond. Le refrain est puissant, émouvant aussi. La guitare, la batterie et la basse sont très présentes, même si quelques notes de piano percent au refrain. De bonne composition, le morceau est en bon choix en tant que single.
"
Silence" confirme la nouvelle direction du groupe, avec des instruments efficaces. Raymond s’occupe des couplets, il semble qu’il murmure. Le texte qu’il chante est conçu pour ne jamais être plat. Nell s’occupe des refrains, et maîtrise sa voix. On la sent assurée, et c’est très agréable à écouter. Le piano reste présent et apporte un plus discret mais considérable au morceau.
"
Ashes and
Dream" est introduite par une jolie mélodie jouée par un violon et un piano. Ici, chanteur et chanteuse se partagent les couplets. Le refrain est poignant, on sent que Nell chante « avec ses trippes » ; elle se donne à fond, et par conséquent donne à sa voix une dimension profonde, émouvante. Le morceau est par ailleurs d’un excellente facture, composé afin de créer des atmosphères prégnantes.
Raymond et Nell se partagent à nouveau les couplets dans "
Voices". Le refrain est un peu décevant, plat et long. Mais les couplets rattrapent le gâchis. Les instruments restent bons, quoiqu’un peu répétitifs. Nell assure.
"Fade" peut être considérée comme la ballade de l’album. Le piano et Nell, dont la voix semble fragile, entament une mélodie mélancolique, très émouvante. La chanteuse s’affirme dans le refrain, où elle est rejointe par la guitare, la basse et la batterie. Le piano revient au couplet, et on note les apparitions de Raymond, qui murmure entre les parties de Nell. Après le second refrain, on assiste à une partie instrumentale magnifiquement composée, que vient rejoindre Nell, dont le chant est toujours aussi poignant. On entend parfaitement la basse, ce qui est un véritable « plus » pour ce morceau déjà très réussit. D’ailleurs, on peut noter dans beaucoup de morceaux de l’album cette très audible basse qui magnifie les morceaux. Le morceau est conclu par un piano mélancolique.
Changement de décors avec "Begin and
And", et son départ très « métal ». Nell arrive et donne au morceau une atmosphère voluptueuse, mystérieuse, avec ses murmures. Sa voix assurée et maitrisée monte dans les refrains qu’elle rend envoutants. Raymond s’immisce dans le second couplet pour chanter dans un registre « dark » qui contrebalance la voix plus calme mais pourtant plus assurée que jamais des Nell. Un violon viendra donner une petite touche tragique au morceau avant d’être éclipsé par une guitare agressive.
Je pense que "
Senseless" est en quelque sorte le point noir de l’album. Il fallait bien que cela arrive, après les précédentes réussites. Comme les couplets, les refrains sont plats, et ce n’est pas le chant lent de Nell qui viendra mettre du piment dans cette composition simplounette, sauf dans une petite partie bien trouvée juste avant le second refrain. Les échos sur les refrains donnent une impression de brouillon, et les instruments peinent à se faire entendre.
Le piano de "
Exile" nous plonge tout de dans une atmosphère « dark ». Le chant de Raymond, rehaussé de la basse, ajoute du mystère à cette composition. Dans les refrains, Nell maîtrise vraiment bien sa voix. Ce huitième morceau rattrape le précédent. La basse est omniprésente, pour notre plus grand plaisir auditif.
Vient ensuite "Disintegration" et ses couplets géniaux. Le texte est habilement construit afin d’ajouter une rythmique superbe. Les refrains sont toujours aussi poignants. Les voix sont astucieusement modifiées afin d’apporter au morceau une dimension plus aboutie, et ces effets sont judicieusement placés afin de faire rebondir la
Musique.
Debris, la dixième piste de l’album, est une chanson que j’aime beaucoup. Les parties sont bien trouvées, différentes mais pourtant cohérentes, les murmures de Raymond toujours plus rythmés. Le jeu de batterie s’intègre parfaitement aux couplets mélancoliques, et la guitare aux émouvants refrains, où la voix de Nell est mise en avant par les chœurs. La basse est encore une fois très présente.
Et enfin, "Highlights", une chanson bonus. Quel dommage qu’elle ne soit pas intégrée à l’album ! C’est de loin ma préférée. Des riffs puissants, une mélodie efficace… Le chant de Raymond est très entrainant, tout comme celui de Nell. Et le refrain ! Magnifique. Nell maitrise sa voix, autant dans ce refrain que dans le chant oriental qu’elle exécute et qui donne une touche d’originalité inattendue et bien trouvée au morceau.
Vous l’aurez compris, l’écoute de cet album m’a rempli d’enthousiasme. Cette chronique en étonnera peut être, mais pour tous ceux qui n’ont pas acheté l’album et qui hésitent à le faire, ne vous laissez pas décourager par le changement de frontwoman. Certes, on est très loin du TOT de
Velvet Darkness They Fear, mais ce changement reste toutefois positif. Les compositions sont réussies, la chanteuse chante bien, et chaque morceau possède son originalité. Je ne dis pas non plus que cet album est un chef-d’œuvre incomparable, mais qu’il faut lui laisser une chance, et j’espère que comme moi vous serez enthousiastes à l’écoute de
Storm.
Je trouve que "Storm" répare quand même un peu les "dégats" de la dérive electro-pop de "Musique" et "Assembly" par une volonté manifeste de revenir à un son plus "rock". mais on est quand même à des années-lumières du style si original de leurs débuts...
Le gros problème que je trouve à cet album, c'est que tous les titres s'enchainent l'un après l'autre sans aucun temps d'arret (ou alors je suis tombée sur une mauvaise version?) C'est franchement pénible d'avoir sans cesse un fondu bien moche au début et à la fin de chaque chanson, et ça donne l'impression d'écouter toujours la même chose du début à la fin.
Alors j'ai quand même réussi, après quelques efforts d'ecoute, à isoler quelques morceaux qui pour moi sortent du lot (sans pour autant être parfaits) :
_"Storm", single efficace
_"Ashes and dreams", une jolie mélodie
_"Debris",la seule chanson vraiment originale
C'est peu... Pour le reste, j'ai une impression de brouillon musical, plein de bruit, de grosses guitares sans âme qui ne sont là que pour remplir une partition bien pauvre...
Autant dire que la note n'est pas haute : 10/20 pour les rares bons moments, et les efforts de la nouvelle chanteuse...
Je suis peut-être minoritaire mais bon...
Les goûts et les couleurs :-)
On retrouve des éléments de chacune des différentes périodes du groupe et surtout un bon songwriting.
Nous ne sommes pas destabilisés par le changement de front-woman, tout en continuité...
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