Veleno

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17/20
Nom du groupe Fleshgod Apocalypse
Nom de l'album Veleno
Type Album
Date de parution 24 Mai 2019
Labels Nuclear Blast
Style MusicalDeath Symphonique
Membres possèdant cet album89

Tracklist

1.
 Fury
 04:38
2.
 Carnivorous Lamb
 04:39
3.
 Sugar
 04:17
4.
 The Praying Mantis’ Strategy
 01:04
5.
 Monnalisa
 05:24
6.
 Worship and Forget
 04:32
7.
 Absinthe
 06:09
8.
 Pissing on the Score
 04:30
9.
 The Day We’ll Be Gone
 05:58
10.
 Embrace the Oblivion
 07:49
11.
 Veleno
 02:42

Bonus
12.
 Reise, Reise (Rammstein Cover)
 04:42
13.
 The Forsaking (Nocturnal Version)
 06:00

Durée totale : 01:02:24

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Fleshgod Apocalypse


Chronique @ Eternalis

28 Juin 2019

De sa musique à son esthétisme en passant par les thèmes de ses paroles, "Veleno" représente la consécration

“Vivre est une torture puisque vivre sépare.”
Albert Camus

Vivre un art, une passion et un métier pour se séparer de son autre vie, de son existence civile, dite « normale ». Certains y parviennent pendant des années, tandis que d’autres craquent plus tôt et ne peuvent se résoudre à se couper constamment en deux entités distinctes selon la période de leur vie.
Au grand désarroi de ses fans, lorsque Fleshgod Apocalypse annonce le départ de Cristiano Trionfera et Tommaso Riccardi, membres originels du groupe, pour des raisons entièrement personnelles, l’incertitude demeure. Ne désirant plus tourner et vivre constamment loin de leurs familles, le chanteur depuis "Mafia" et son compère guitariste quittent le navire, laissant l’un des plus gros groupes actuels de death symphonique, sinon sa figure de proue, seul sans guitaristes ni chanteur. Mais les italiens sont de ce bois que rien n’arrête, et non sans certains questionnements sur la suite de l’aventure, décident de repartir de l’avant sous l’impulsion de son principal compositeur Francesco Paoli, chanteur initial du groupe puis délocalisé derrière la batterie suite à l’arrivée de Tommaso en 2009. C’est presque naturellement qu’il décide de reprendre le chant et la guitare, tout en s’accrochant à enregistrer la batterie (bien qu’il avouât récemment que ce sera la dernière fois). A peine deux ans plus tard, "Veleno" est entre nos mains, préparant la suite d’un King qui montrait une évolution notable dans la composition, toujours plus grandiloquente mais moins étouffante, voir inaudible comme cela pouvait l’être sur les passages les plus intenses (et bordéliques) de "Agony" ou "Labyrinth". Restait à savoir comment allait se préparer ce cinquième album ...

A titre personnel, j’étais resté plus mitigé sur "King" que sur "Labyrinth", qui assumait complètement sa démesure mythologique et confortait son intensité maximale par cette sensation constante d’être poursuivi par des créatures démentielles et impressionnantes. "King" mettait un peu d’eau dans son vin, se voulait plus propre mais n’apportait rien de nouveau musicalement, ce qui le rendait plus accessible mais finalement plus convenu.
"Veleno" vient corriger ce tir car il parvient à regrouper le meilleur des deux mondes. Plus construit, plus musical, aux arrangements classiques somptueux (véritable orchestre enregistré par un professionnel, dans un studio dédié, idem pour la chorale) mélangés à un death brutal probablement plus aéré et technique, "Veleno" se veut probablement moins impressionnant de prime abord mais beaucoup plus sur le long terme.
Le niveau technique est assez impressionnant et la spontanéité qui se dégage des morceaux tranchent avec l’aspect très réfléchi qui caractérisait King. Francesco, en se replaçant au centre du groupe en tant que « leader visuel » (ce sont ses propos), a eu la totale maitrise de la composition et le résultat est sans bavure, les erreurs du passé gommés (notamment l’utilisation, cette fois-ci, très sporadique du chant « clair » de Paolo Rossi qui s’est en plus énormément amélioré).

"Sugar" et son sublime video clip furent un parfait ambassadeur pour l’album. Un riff dévastateur et saccadé, une batterie rapide mais s’écartant du 320 bpm outrancier d’antan, des parties de piano envoutantes, des chœurs impressionnants de grandiloquence, donnant un côté renaissance ultime à la musique...et surtout ces lignes de chant rageuses et très percutantes qui bénéficient pourtant clarté exemplaire. On se surprend complètement à comprendre la quasi intégralité du texte dès la première écoute. Le break qui pose un solo mélodique est d’une inspiration sans faille avant une reprise sur le refrain et les arrangements symphoniques qui ne font qu’embellir la composition, sans l’étouffer mais lui apporter ce qu’elle a besoin. Là où Fleshgod avait pris l’habitude d’en faire constamment trois tonnes (les Epica du death pourrions-nous dire), ils ont pris ici la mesure des titres pour que les orchestrations soient un véritable complément et pas toujours une couche supplémentaire. Cela ne fait que renforcer la puissance des titres, cette sensation baroque d’extravagance et d’emphase toujours plus grande, à la limite d’une prétention parfaitement dosée.
"Fury" impose dès le début un rythme très soutenu, des chœurs assommants et les déferlements de notes d’un Francesco Ferrini forçant le respect. Les riffs sonnent également plus audibles, plus directs et radicaux, plus taillés pour le live. Le soin apporté au mixage de Jacob Hansen y est également pour beaucoup tant chaque élément est parfaitement audible (le pont de "Fury" justement, où même les quelques cuivres en toile de fond s’entendent distinctement, au même titre que les guitares, les chœurs, le piano ou les voix). Un solo mélodique mais très rapide viendra ponctuer ce titre pour ce qui va devenir une autre particularité de "Veleno", à savoir ce focus sur les soli.

L’intro de "Carnivorous Lamb" a pu faire peur lorsque le titre fut diffusé mais il s’agit surement du seul passage à tirer (sensiblement quand même) sur le folk puisque lorsque le riff débarque, c’est une véritable sauvagerie musicale qui s’abat sur l’auditeur. Brutal à souhait, le refrain laisse exploser les progrès de Paolo au chant, beaucoup plus agressif et possédant enfin un caractère propre (lui qui était souvent raillé par sa voix qu’il ne maitrisait pas). Un solo se déchire (cette belle basse derrière), l’orchestre se taie et laisse justement le groupe dans ce qu’il voulait aussi retrouver : du death technique. Cette envie se retrouve sur "Worship and Forget", agressif et rapide, avec certains passages plus lourds pour accentuer les ambiances. Il en va de même pour l’alambiqué mais jouissif "Pissing on the Score" qui, après une ouverture au piano, propose un riff et une structure étrange et malsaine, faite de multiples changements de tempo.
Néanmoins, dire que FA s’est orienté plus efficacement sur les guitares seraient faux, tant certaines compositions démontrent une précision dans le détail et une théâtralité plus forte que jamais. L’intro "The Praying Mantis' Strategy", faite de chœurs et de la sublime voix de la soprano Veronica Bordacchini, annonce le lent et ambiancé "Monnalisa", très différent de ce que les italiens nous ont déjà proposé. Les guitares sont presque absentes, le piano et les orchestrations (surtout les vents en fait) sont presque seuls avec la chorale et le growl. L’intensité va grimper crescendo (ces descentes de gammes avant le solo) jusqu’à une partie impériale de la soprano. "Embrace the Oblivion", presque huit minutes, rejoint les deux univers et témoigne d’une grande maturité de composition, tout comme le presque parfait "Absinthe", très théâtral et prenant des formes de tragédie grecque.

"Veleno" est un immense cap de passé. Définitif et irrémédiable. Car Fleshgod Apocalypse possédait ce luxe d’être assez seul dans le genre, plus intense et direct qu’un Septic Flesh ou plus death qu’un Mayan. Cependant, il restait toujours un petit quelque chose à gommer, comme cette sensation d’avoir une créature pas totalement maitrisée en face de nous, d’une bête adolescente ambitieuse mais capricieuse et prétentieuse qui manquait d’une évidente maturité pour s’imposer définitivement aux yeux de tous. Afin de se placer en tant qu’artiste et de ne laisser que des miettes à la concurrence. "Veleno" possède tout ça. De sa musique à son esthétisme en passant par les thèmes de ses paroles, il représente la consécration, après dix ans et cinq albums, de Fleshgod Apocalypse. Le monde leur appartient. A eux d’en faire ce qu’ils souhaitent désormais ...

4 Commentaires

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ExtremeOnction - 29 Juin 2019:

Merci pour ta chro bien détaillée (comme toujours) , çà donne vraiment envie de le découvrir.

Goneo - 01 Juillet 2019:

Super chro! ce groupe est très impressionnant. Je ne serais pas aussi enthousiste mais l'album est vraiment bon, je ne serais dire si c'est leur meilleur album, j'ai bien aimé "King". En tout cas le premier single "Sugar" m'a laissé sur le cul, un gifle ce morceau. Le point noir de l'album est pour moi la compo "absinthe", le chant aigue me saoule, un petit peu sous forme de coeur ne me dérange pas, mais quand il prend de la place, j'ai du mal. A par ça Fleshgod reste vraiment un groupe de qualité et comme tu le dis, les maitres dans leur domaine. 15/20.

David_Bordg - 01 Juillet 2019:

l'album de la maturité et de l'équilibre musical.

Baal666 - 03 Juillet 2020:

Embrace The Oblivion, quel déferlement de toxines , et tout en symphonie ! Le final est grandiose 

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