Labyrinth

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17/20
Nom du groupe Fleshgod Apocalypse
Nom de l'album Labyrinth
Type Album
Date de parution 16 Août 2013
Labels Nuclear Blast
Enregistré à 16th Cellar Studios
Style MusicalDeath Symphonique
Membres possèdant cet album177

Tracklist

1.
 Kingborn
 06:06
2.
 Minotaur (the Wrath of Poseidon)
 05:10
3.
 Elegy
 04:19
4.
 Towards the Sun
 05:42
5.
 Warpledge
 04:32
6.
 Pathfinder
 05:12
7.
 The Fall of Asterion
 04:40
8.
 Prologue
 01:07
9.
 Epilogue
 05:44
10.
 Under Black Sails
 07:26
11.
 Labyrinth
 04:26

Durée totale : 54:24

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Fleshgod Apocalypse


Chronique @ Matai

02 Août 2013

La musique des Italiens alterne entre moments géniaux et gros bordel grandiloquent

En 2011 sortaient deux albums majeurs représentatifs de la scène death symphonique naissante et de plus en plus à la mode : « The Great Mass » des Grecs de Septic Flesh et « Agony » des Italiens de Fleshgod Apocalypse. Ces derniers avaient montré une approche moins théâtrale que leur confrères, plus bourrine et technique, et loin d’être dans la continuité du « Oracles » qui avait séduit un bon nombre d’amateurs de brutal death metal. « Agony » n’avait pas donc fait l’unanimité, mais avait fortement attiré les amateurs de sympho extrême à la sauce brutale. Une suite était donc attendue. Et c’est cette année que sort le troisième album, « Labyrinth », basé sur le mythe grec du Labyrinth de Cnossos ainsi que sur les personnages qui y sont affiliés.

Ceux qui avaient encore l’espoir de retrouver ce qui faisait le charme d’ « Oracles » ou de « Mafia » seront forcément déçus. Fleshgod Apocalypse s’éloigne encore plus de leurs racines pour se focaliser sur un death technique et symphonique extrêmement grandiloquent. Les orchestrations ont encore plus d’importance que dans l’opus précédent et remplissent énormément l’espace. Si les Italiens retiraient tous les éléments symphoniques, leur musique ne serait plus la même : les guitares servent principalement d’accompagnement et malgré des riffs technico-mélodiques, leur couleur serait toute autre si elles avaient le rôle principal.

Malgré tout, elles ont une présence. Même si une bonne partie des riffs est répétitive, l’autre partie est bien destructrice. C’est maîtrisé, carré et certaines envolées techniques font mouche, sans oublier les soli, c’est le cas sur un titre comme « Reborn », au poil niveau guitare, mais aussi niveau orchestrations, dont l’ensemble sonne comme une mélopée épique, accompagnée de chœurs très enveloppants et de piano.

En parlant de ça, le pianiste et orchestrateur Francesco Ferrini fait désormais partie du groupe à 100%, contrairement aux précédentes sorties où il avait juste collaboré. Cela explique la place prédominante des orchestrations, comme en témoigne l’épique et grandiloquent « Minotaur », imposant sa force et son agressivité. Ce titre mais aussi les dix autres (« Towards the Sun », entres autres), montrent aussi la folie du batteur Francesco Paoli en matière de blast beats. Il faut dire qu’il ne varie pas énormément son jeu. Il se concentre toujours sur un enchaînement féroce et sans concession de double pédale et de blasts à gogo, ce qui remplit une autre partie de l’espace.

Que dire aussi des vocaux…bien incisifs et bien ancrés dans les compos. Le growl est prédominant mais s’accompagne, à l’instar d’ « Agony », de chants criés ou clairs comme sur « Warpledge » ou « Elegy ». Sans oublier les voix bizarres et les chants féminins lyriques, histoire d’insister sur les influences classiques du groupe ainsi que sur le concept basé sur la mythologie.

Malgré tous ces points, la musique de Fleshgod Apocalypse alterne entre moments géniaux et gros bordel grandiloquent. Autant on se retrouve avec des passages où la beauté des orchestrations, la brutalité et la technique du death metal nous font hérisser les poils (« The Fall of Asterion »), autant on découvre petit à petit et avec stupeur que la superposition des différentes couches rend difficile l’écoute de ce « Labyrinth ». Si on prend les blasts beats continus de Paoli et les orchestrations omniprésentes de Ferrini mélangés aux riffs massifs, au piano, aux différents vocaux, et à la guitare basse, on se retrouve avec des compositions dans lesquelles les instruments se happent les uns avec les autres : le sympho happe les guitares, qui elles-mêmes happent le sympho, le tout écrasé par les blasts…Il aurait sans doute fallu aérer les compositions, faire dans la subtilité afin de mieux dissocier les instruments et éviter ce trop-plein de blasts qui lassent très vite. Bourriner juste pour bourriner, faire brutal et ajouter du sympho par-dessus n’est pas nécessaire…surtout pour en faire de la charpie.

Il n’y aura au final que peu de moments de répit. Cinq minutes trente en vérité. La minute acoustique du « Prologue », et les quatre minutes vingt-cinq de conclusion sur « Labyrinth », reprenant le thème d’ouverture, avec des chœurs, du piano et du violon. On se croirait sur la BO d’un film. C’est donc avec du calme que se clôt ce « Labyrinth ». On ressort de l’écoute sans vraiment savoir quoi penser de cet opus. Un opus qui peut à la fois nous faire vibrer, nous transporter des milliers d’années en arrière en pleine Antiquité grecque, mais un opus qui peut aussi nous lâcher en cours de route, nous déstabiliser et nous rebuter, que ce soit l’overdose de blasts, les voix claires qui font de trop, les guitares cachées ou le sympho too much. Même si Fleshgod Apocalypse est unique et propose des moments intenses, il y a encore du travail…

21 Commentaires

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thefastandgrind - 04 Août 2013: Agony m'a scotché et je pense que celui çi va me plaire :)
Kysaduras - 14 Août 2013: "Comme Pugnae, j'ai plutôt bien compris la musique des Italiens. Si vous voulez, c'est un peu comme le "Moon In The Scorpio" de Limbonic Art dans un autre registre... La guitare n'est réduite qu'à un vrombissement face aux nappes célestes de clavier, mais est-ce vraiment un problème ? Non, au contraire. Si vous écoutez bien les morceaux d'"Agony", vous constaterez probablement que la guitare sert à apporter une certaine densité aux orchestrations, ce qui est un rôle à prendre au sérieux. La guitare surgit, en outre, lors des soli qui sont souvent dans un esprit néo-classique, donc l'approche est plutôt subtile et judicieuse. "

Le peu que j'ai écouté (c'est à dire les titres postés) le rapprochement avec Moon in the Scorpio est franchement artificiel. Les norvégiens arrivent à marier sans problème les deux (quoique les claviers dominent) mais on ENTEND les autres instruments. Là ça fait gros bordel sonore par moments et on peine à entendre et apprécier (enfin je parle pour moi).

Je vais rester aussi aux précédents et Agony sans être mauvais ne m'avait pas convaincu plus que ça lors de sa sortie.
Aeternam - 25 Août 2013: En fait, c'est le baroque/rococo de la scène Brutal Sympho, tout dans la démesure et la surenchère. Ça passe et ça lasse aussi vite, dommage. Ecouter l'album d'une traite relève du défi. Quelques moments épiques valent le détour, espérons que le prochain disque trouvera le bon équilibre.
NICOS - 19 Janvier 2014: Pas du tout d'accord avec les commentaires. C'est un superbe album, une réussite totale. Le morceau ELEGUY est selon moi leur meilleur morceau à ce jour.
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Chronique @ Eternalis

03 Août 2013

Les italiens vont là où encore personne n’a réellement posé les pieds, défrichant de vastes contrés encore vierges [...]

Où est-il ? Où suis-je ? Que fais-je ici ? Dans ce dédale monstrueux et Labyrinthique où la seule issue semble inéluctablement ma propre destruction.
La bête est prête à dévorer, lacérer les chairs et assassiner sauvagement mais non sans avoir préalablement chassé sa victime, la forçant à avoir peur, s’échapper, courir…espérer même parfois. Espérer pourvoir s’extirper de ce destin funeste sans y laisser la vie. Mais la créature ne laisse personne repartir de ses terres. Ce Labyrinthe est son esprit, sa création et le symbole de sa puissance, de sa force et son intelligence. Sa bestialité n’a d’égale que sa cruauté et sa perspicacité. Le minotaure se rapproche et la fin avec lui…la mort.

La mythologie grecque est un vivier inépuisable d’idées conceptuelles pour offrir une métaphore de la puissance, de la destruction, d’un certain gigantisme gargantuesque qui aime lui-même se contempler (certes, de nombreux groupes musicaux y ont puisé des influences mais le cinéma et les jeux vidéo, comme "God of War" pour ne citer que lui, en sont également des exemples flagrants).
Fleshgod Apocalypse, dont la musique sied parfaitement à cette idée de démesure et de puissance écrasante et infiniment destructrice, s’attaque donc à ce mythe qu’est le minotaure et son fameux Labyrinthe, dont les thèses explicatives sont diverses et variées. Les italiens vont d’ailleurs dans un sens aussi psychologique que mythologique, en voyant à travers ce Labyrinthe la complexité d’un psyché complexe, bestial mais initié par un instinct sauvage et incontrôlable ne trouvant d’autres solutions que de tuer, inlassablement (à l’image de ce superbe artwork laissant entrevoir un Labyrinthe à perte de vue).

Musicalement, Fleshgod Apocalypse est tout autant devenu un monstre que la créature qu’il conte, notamment depuis la sortie de l’acclamée "Agony", ayant créé une petite révolution dans la scène extrême il y a deux ans, bien qu’encore incomplet. Partant d’un death metal technique et ravageur sur "Oracles" et "Mafia", les italiens se sont embarqués dans une odyssée symphonique et outrancière en mêlant l’intensité paroxysmique du death metal à des symphonies renforçant la violence et la puissance quasi infinie du groupe pour un résultat foncièrement inédit, loin du rendu obscur d’un Hollenthon ou ésotérique d’un Septic Flesh. Les italiens voulaient être à la fois les plus extrêmes, rapides et symphoniques et ça s’entendait, tellement qu’un côté finalement brouillon ne pouvait que ressortir du disque, à force de matraquage ininterrompu et d’une trop grande similarité entre les compositions. Mais Nuclear Blast ayant abattu un boulot incroyable, Fleshgod s’est retrouvé en tournée avec Carach Angren et Septic Flesh pour assouvir ses dessins et se découvrir à un public encore plus large. "Labyrinth" doit donc se positionner comme l’album de la confirmation désormais.

"Kingborn" ouvre admirablement l’album sur une mélopée mythologique qui nous plonge en quelques instants dans l’ambiance. Des bruits de pas, de porte qui se referme, des halètements...et puis des chœurs, beaucoup de chœurs ainsi qu’une première ligne de piano et un blast beat frénétique accueillant l’auditeur après deux petites minutes. Les éléments de base sont là et on reconnait donc Fleshgod Apocalypse en quelques instants, sans présentation préalable.
La première chose qui saute aux oreilles, c’est la qualité incontestable de la production, plus claire et précise, qui permet enfin de discerner la totalité des éléments de la musique sans avoir l’impression d’entendre un amas d’instruments sous forme de capharnaüm imbuvable (ce que devenait parfois "Agony", il faut l’admettre). La seconde chose, c’est que l’intégration de Ferrini au line up officiel lui a conféré une place encore plus importante car on remarque dès le début que les chœurs et les claviers vont être encore plus présents et clairement plus importants que les guitares. Si les symphonies servaient surtout à renforcer la puissance sur l’opus précédent, elles sont ici complètement indépendantes, bien plus variées et surtout l’intégration massif de chœurs liturgiques ou d’envolées féminines apportent une dimension épique encore plus forte et mature. Concernant les vocaux, les changements sont minces puisque le chant death est toujours aussi dogmatique et impitoyable tandis que les vocaux clairs, bien que toujours approximatifs apportent une couleur parfois démentielle et schizophrénique incroyable à la musique.

Certes, "Labyrinth" possède toujours une rapidité d’exécution incroyable mais il faut tout de même souligner la plus grande présence de mid-tempo, permettant justement de placer les chœurs et les claviers au centre des débats. "Minotaur (The Wrath Of Poseidon)" par exemple, s’ouvre sur une ligne de piano pour ensuite placer un riff relativement lent et lourd pour justement imposer un tempo plus posé ne faisant que rendre la musique plus imposante et massive. Le groupe a compris que la puissance et les ambiances ne passaient que par la rapidité, et le (relatif) tempo plus lent permet de créer des ambiances beaucoup plus malsaines et grandioses, à l’image de l’énorme "Towards The Sun", tourmenté et glauque tel une âme en peine perdue dans les limbes de ce Labyrinthe infini (bien que le groupe retrouve ses habitudes sur la seconde partie du disque).

Certes, on trouvera des réminiscences du passé avec par exemple "Elegy" qui se veut très proche d’"Agony" (ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le groupe l’a dévoilé en premier). Néanmoins, là encore, malgré une rapidité exaspérante, la clarté de la production permet de ne pas sombrer dans l’assemblage de couches presque vomitif pour que l’on puisse entendre autant les riffs que les symphonies de manière distincte (paix à l’âme en revanche de la basse de Rossi, définitivement inaudible dans cette extase musicale).
On ne pourra que s’incliner devant une composition du calibre d’"Under Black Sails", épique et jusqu’au-boutiste, débutant sur un superbe chorus de guitare et un rythme martial initié par Poali à la caisse claire. Les lignes vocales s’entremêlent à la perfection, entre la furie extrémiste du death et le clair tourmenté mais néanmoins hurlé, le tout sur un riff écrasant au possible et une partie symphonie magistrale et pleine de subtilité parfois proche d’un Howard Shore dans l’esprit. Des soli très mélodiques, permettant de respirer, aère magnifiquement le titre pour démontrer la qualité avant tout de composition des italiens (cette partie de gratte à six minutes en tremolo picKing est juste géniale) qui, au bout de ce périple de sept minutes, placent une pointe mélancolique de finesse avant le final acoustique éponyme.
Il est certes difficile, au début, de dissocier l’ensemble des titres les uns des autres (en sachant que pas mal se suivent) mais certains ressortent de manière flagrante par des riffs inspirés, tels que "The Fall os Asterion", peut-être le meilleur titre de l’album, avec un côté très fluide dans les guitares qui évoquent parfois un peu de shred.

"Labyrinth" s’impose comme l’une des sorties majeures du style, sinon de l’année. Il dresse le portrait d’un Fleshgod Apocalypse désormais à maturité, certain de sa force et prêt à prendre une ampleur supplémentaire. Les italiens vont là où encore personne n’a réellement posé les pieds, défrichant les vastes contrées d’un brutal death symphonique et épique encore vierges. Les derniers espoirs d’un retour aux débuts sont définitivement annihilés, le groupe imposant son nouveau visage avec autorité et brutalité. Sans être encore parfait de bout en bout, "Labyrinth" marquera probablement la scène comme rarement, comme une porte vers une nouvelle ère, ouvrant une brèche qui ne devrait faire que s’agrandir dans les mois à venir…

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Daweed - 08 Août 2013: J ' avais flashé sur Agony, mais si ce Labyrinth va encore plus loin, j' ai vraiment hate d' y mettre la main dessus.
Merci pour la chro
Detonation - 13 Août 2013: Juste pour préciser qu'à la sixième minute de Under Black Sails ce n'est pas du sweeping mais du tremolo picking, voilà mon âme de guitariste est satisfaite!

Très bonne chronique qui donne envie d'écouter l'album donc bon boulot.
Eternalis - 19 Août 2013: Bien modifié. Merci à toi ;)
dissikator - 24 Août 2013: Je suis d'avantage d'accord avec toi qu'avec Mataï. Je trouve cet album vraiment bon. Je trouve même que les gars ce sont un peu calmés. Certes ça envoie toujours du pâté, c'est incontestables, mais il y a plus ce côté boucher désinhibé totalement fou-fou qui caractérisait "Agony". Comme tu l'as dit, c'est plus carré, chaque élément est d'avantage à sa place que par le passé. Il est finalement assez varié dans la composition avec des interludes qui font vraiment du bien pour digérer un peu avant la prochaine vague.
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Chronique @ rattsou

25 Avril 2014

Sortirez-vous vivants du labyrinthe ?

La mythologie grecque est très souvent une source inépuisable de richesse et d’inspiration en tous genres, et ce dans de multiples domaines. Que ce soit dans le cinéma, la littérature ou encore la musique (ce qui nous intéresse aujourd’hui), l’artiste a pu puiser dans cet univers fascinant afin d’en retirer sa propre histoire et créer ses œuvres sur la base de ces récits héroïques et légendaires. C’est justement le cas du groupe italien de Death Metal symphonique nommé Fleshgod Apocalypse.

Depuis cette année 2009 et leur premier brûlot, Oracles, le groupe n’a cessé de meurtrir nos pauvres petites cervicales. Nous servant alors un death rapide, technique et sans fioritures, le groupe avait rempli son rôle en nous assommant d’une production tranchante et d’une rythmique acérée. Fleshgod Apocalypse avait ensuite, et à la surprise générale, évolué vers un death saupoudré d’ambiances symphoniques sur leur deuxième méfait, non sans oublier leur jeu destructeur et rapide. Le recrutement définitif du claviériste Francesco Ferrini en 2010 avait d’ailleurs été l’un des indices précurseurs de la future évolution de la bande italienne. Mais en cette année 2013, qu’en est-il ? Réponse dans le Labyrinthe au sein duquel le groupe nous enjoint à rentrer !

Labyrinthe ? Vous avez dit Labyrinthe ? Eh oui, car la bande à Tommaso Riccardi est bien décidée à nous emmener cette fois-ci en Crète pour nous conter une des légendes les plus connues de la mythologie, l’histoire du célèbre Minotaure et son exécution finale par Thésée. Et autant vous dire tout de suite que les éléments symphoniques qui faisaient l’identité de l’album Agony seront de nouveau de la partie afin de nous embarquer dans l’aventure. Ce penchant mélodique semble finalement très bien convenir au groupe, assumant pleinement le virage amorcé.

Le nouveau concept de Fleshgod Apocalypse est d’ailleurs immédiatement reconnaissable par le biais d’une pochette évocatrice du fameux Labyrinthe dans lequel le roi Minos enferma le monstre, fruit de l’amour passionnel entre sa femme, Pasiphaé, et un taureau blanc envoyé par le dieu Poséidon. Le lieu est sombre, silencieux. Sous la faible lueur du soleil couchant, le Labyrinthe s’élève et attend sa prochaine victime…

Le bruit des vagues retentit derrière la colline. Quelques insectes de nuit s’éveillent dans l’herbe. La respiration sifflante, nous approchons des portes du Labyrinthe, demeure de la honte éternelle du roi de Crète. Nous poussons les portes. Ces dernières se referment dans notre dos. Un noir opaque nous fait face : nous voici dès à présent entré dans le Labyrinthe. Telle est la mise en scène du groupe pour le commencement de notre voyage à travers les ténèbres, avant que le premier titre « Kingborn » ne rugisse de ses rythmiques destructrices et de ses chœurs symphoniques. Dès la première écoute, le fan se sentira rassuré. Fleshgod Apocalypse joue du Fleshgod Apocalypse. Les symphonies sont toujours aussi présentes, les jeux des guitares sont toujours aussi techniques, Tommaso Riccardi envoie toujours du lourd de sa voix caverneuse, et doit-on seulement parler du rouleau compresseur Francesco Paoli situé derrière ses fûts, ne cessant de marteler ses toms tout le long des compositions et accompagnant avec brio ses petits copains dans la danse classique et symphonique de cet album ? L’ancien chanteur de Hour Of Penance effectue parfaitement sa part du boulot.

« Kingborn » déverse ainsi sur l’auditeur sa brutalité mélodique à laquelle le groupe nous a d’ores et déjà habitués sur sa précédente galette. Les claviers épiques suivent à la trace les guitares et semblent nous conter la fureur du roi Minos devant l’existence impie du monstre né de sa propre femme, Pasiphaé. Les lamentations de cette dernière nous parviendront d’ailleurs par l’utilisation, comme sur Agony, d’une voix féminine au milieu de la chanson, répondant à la colère de son mari.

Notre parcours semble se ralentir au fur et à mesure de notre progression dans le Labyrinthe, une tension insupportable semblant s’installer en ce lieu envahi par l’odeur de pourriture et la décrépitude. « Minotaur (Wrath Of Poseidon) », par un début de mélodie au piano, lance immédiatement la chanson sur un breakdown apocalyptique, avant de suivre sur un mid-tempo qui n’est pas sans rappeler le titre « The Egoism » de Agony. La musique constitue l’une des plus « calmes » de l’album. Le Minotaure semble s’approcher, pas à pas…

« Elegy », contrairement à « Minotaur », est un classique du groupe, alliant brutalité, vitesse et blast beats ravageurs. Le titre est direct et ne manquera pas de causer bien de soucis à notre nuque. Mais hors de question pour le groupe de nous laisser souffler. Fleshgod Apocalypse joue ses cartes habituelles et use de sa technique impressionnante pour nous abreuver d’un Death carré et rapide, escorté par un Francesco Paoli au sommet de sa forme, dont la double pédale fracassante sonnera dans nos oreilles même après la fin de l’album et une bonne nuit de sommeil. « Pathfinder » écrasera l’auditeur par son rythme endiablé, tandis que les saccades brutales de « Warpledge » finiront de le trancher en deux. La poursuite a d’ores et déjà commencé… Le combat est proche.

La deuxième partie de l’album, entamée par l’interlude « Prologue », semble quant à elle narrer la mort du Minotaure et la victoire finale de Thésée, ainsi que son retour mouvementé à Athènes, la ville de son père, le roi Egée. Le titre « Epilogue » se fait plus mélancolique, appuyé par un piano et un violon empreints de tristesse, tout comme cette voix féminine venant une fois de plus exprimer son désarroi et l’abandon d’Ariane sur une île par Thésée en personne, l’homme qu’elle aimait. « Under Black Sails », par ses symphonies épiques et guerrières, sa vitesse effrénée et son refrain dévastateur et menacant, illustre parfaitement le retour au pays du héros à travers les tempêtes et les ouragans.

Fleshgod Apocalypse aura avant tout gardé dans cet album quelques recettes bien à lui. Tout d’abord, la conclusion de l’album : une habituelle mélodie jouée au piano, terminant sur une douce et reposante note la galette. D’ailleurs, le groupe n’hésite désormais plus à user d’instruments classiques tels que le piano et le violon à l’intérieur de ses compositions afin de calmer et de varier son jeu. Le choix de réitérer l’emploi d’un chant féminin sur Labyrinth est également un parti-pris intéressant, offrant au récit une dimension sentimentale et émotionnelle plus prononcée en imageant la détresse de certains personnages comme Pasiphaé ou Ariane. Concernant le chant principal de Tommaso Riccardi, ce dernier fait de nouveau plaisir à entendre, le gaillard usant comme toujours de cette voix si caractéristique, un chant à la fois écorché et profond, et nous contant la folie du roi Minos d’une haine bestiale (se prendrait-il lui-même pour le Minotaure dans cette histoire ?).

Malheureusement, cet album souffre de la même faiblesse que son prédécesseur : sa production. Si les symphonies et la batterie sont pleinement mises en avant, la guitare et la basse en pâtissent sévèrement et demeurent, dans les couplets et les refrains, pratiquement inaudibles par moments. La beauté des mélodies ne suffit donc pas, et ce manque d’équilibre entre les différents instruments tend à être frustrant lorsque l’on connaît la technicité de Tommaso Riccardi et de Cristiano Trionfera ainsi que la dextérité du bassiste Paolo Rossi.

Le quintet italien nous sert donc en cette année 2013 un condensé de brutalité et de mélodie, et ce dans un monde mythologique et fantastique. La magie opère grâce à l’intense émotion des symphonies utilisées au sein du récit narré par nos chers musiciens, et la violence du son « fleshgodien » fait toujours son effet, guidée par une batterie surpuissante et pleine de nervosité. Après une telle écoute, sortirez-vous vivants du Labyrinthe ?

18/20

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