Fleshgod Apocalypse fait partie de ces groupes qui révolutionnent un genre et lui apportent une nouvelle teinte et un nouveau fil conducteur. Au fil des années, ce combo italien a su à la fois faire évoluer sa musique et le style qu'il pratiquait, transformant un brutal death technique en un brutal death symphonique puissant inspiré par la musique classique. Ajouter des plans symphoniques n'était pas nouveau dans le death metal (on pourrait citer, entre autres, le "Triumvirate" des Hollandais de
The Monolith Deathcult sorti en 2008) mais le faire avec autant de verve, de crédibilité et de maîtrise n'est pas forcément donné à tout le monde. L'album "
Agony" aura montré vers quel chemin se dirigeaient les Italiens, tandis que "
Labyrinth" confirmait l'orientation malgré un gros bordel grandiloquent et un côté brouillon. Deux ans et demi plus tard, ils remettent le couvert avec "
King".
A l'instar de ses prédécesseurs, "
King" possède un concept : ici il est question d'un monde en plein effondrement dans lequel un roi tente de conserver le peu d'équilibre qu'il lui reste. Il représente à la fois la justice, l'intégrité et la sagesse qui sont peu à peu corrompues par l'ignorance et la médiocrité. Ce roi n'est pas qu'un simple souverain, il représente surtout cette force que nous avons tous en nous et qui nous permet de lutter pour les choses auxquelles nous croyons. Cette force est bien présente dans cet album, dans la production d'abord, signée Marco Mastrobuono (
Hour Of Penance) aux
Kick Recording Studios, dans le mixage et le mastering ensuite, made in Jens Bogren (
Dimmu Borgir,
Soilwork,
Enslaved...), et enfin dans les compositions, véritables métissages entre le brutal death et la musique classique, qu'elle soit de l'époque moderne ou de l'époque contemporaine. Imaginez un mélange entre le "Montague & Capulet" de Prokofiev, les Walkyries de Wagner, les Quatre Saisons de Vivaldi, les oeuvres de Bach, ou les symphonies récentes de Hans Zimmer.
Une chose est sûre, c'est que ce mix est mieux digéré que dans les albums précédents. Chaque instrument fait partie d'un tout, tout comme un orchestre est un ensemble complexe composé de cuivres, de cordes, de vents... Ici, la guitare, la batterie, la basse etc font partie d'un ensemble cohérent dans lequel chaque élément a sa place propre. Les guitares remplacent les violons, qui eux-même peuvent parfois remplacer les guitares et ainsi de suite, jusqu'à découvrir une symphonie brutale et martiale. Les claviers et programmations sont mieux intégrés et moins brouillon, mieux en phase avec les grattes et la batterie. Cela est sans doute dû au fait que Flesghgod semble moins s'attacher à la technicité pour mieux se concentrer sur l'alliage solide de mélodies et de brutalité. "
Labyrinth" avait tendance à partir dans tous les sens, "
King" est du coup plus équilibré.
L'introduction impériale, qui monte en crescendo, laisse vite place à un "
In Aeternum" féroce mené par de gros riffs brutaux et des choeurs. La puissance de feu est phénoménale, beaucoup plus percutante que sur les deux derniers méfaits. C'est écrasant, lourd, carré, maîtrisé avec une progression qui ne nous laisse aucun répit. On notera le côté plus aéré et plus épuré, malgré ce flot de blast, qui nous permet de mieux nous imprégner des ambiances et de mieux discerner les instruments, sans doute grâce au mixage de Bogren, un très bon choix.
Les titres s'enchaînent et heureusement ne se ressemblent pas. Chacun possède son petit truc, sa rythmique atypique, ses envolées au piano, ses soli qui s'assimileraient presque à un lead de violon. "Healing
Through War" joue sur le duo rouleau compresseur guitare/batterie et ses cuivres dark, tandis que "
The Fool" marque un côté plus baroque avec ses clavecins et ses influences classiques très italiennes. Certaines pistes insistent bien sur les jeux vocaux, entre le growl et le chant clair, mais aussi le chant lyrique féminin qui apparaît sur trois pistes, dont un "Paramour" en allemand au violon type "opera", et un "Syphilis" avec ce dialogue entre le roi et une femme effrayée.
Il y a des moments forts avec, par exemple, un solo qui apparaît à un point critique, des choeurs qui soulèvent un passage clé ou des accélérations qui permettent de ne pas nous reposer sur nos lauriers, mais il y a aussi des morceaux qui laissent de marbre comme le final "
King" au piano, ou "Mitra" qui bourrine sans rien apporter de plus. Le reste est malgré tout efficace, avec une bonne brutalité, des mélodies recherchées, des changements de rythme qui ne sont pas pour nous déplaire (certains mid tempo pourraient faire penser à du Septic
Flesh), et un côté plus modulé et aéré qui dessert royalement les compos et les laissent s'exprimer avec brio.
Avec "
King",
Fleshgod Apocalypse décuple sa puissance et nous propose une grandiloquence moins bordélique et plus impériale que jamais. Il reste fidèle à lui-même, sans intégrer des éléments qui lui sont étrangers, proposant toujours quelque chose de frais, accentuant des plans baroques qui ne mettent pas de côté les éléments brutaux, toujours de la partie et au coeur de la musique des Italiens. Un très bon album de brutal death symphonique, en somme.
18/20, cet album est un très très bel opus tout comme ses prédécésseurs.
Mis à part ce détail décevant en tant que batteur, excellent album, bien d'accord moins brouillon et côté sympho bien présent que j'adore. 18 pour ma part malgré la double
Son clair, bonne prod enfin mais violence et âme totalement perdue: C'est gentillet...et c'est dommage.
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