S’extraire de cet univers délicieusement assourdissant, que constitue le Death
Brutal, est devenu d’une rare complexité. Exception faite des plus illustres, nul ne peut désormais s’affranchir aisément du legs d’un genre dans lequel l’extrême férocité d’une musique intensément belliqueuse ne suffit plus nécessairement à contenter un public toujours plus avide. Certains acteurs issus de contrées dévoués, en partie, aux musiques extrêmes y parviennent aisément alors que d'autres natifs de terres créatives quelques peu sourdes à ces genres demeurent presque muettes.
Evoquons donc les étendues artistiques désertées italienne.
Plus connus pour les frasques épiques de ses pourfendeurs de dragons
Power métallique, ce pays aura pourtant offert aux metal de la mort quelques rares formations glorieuses dont, notamment,
Sadist et
Natron.
Longtemps resté dans l’ombre de ces cousins américains ou nordique, c’est à l’orée du troisième millénaire que des groupes tels que
Vomit The Soul,
Blasphemer, ou encore par exemple,
Hour Of Penance vont parvenir à redonner une certaine vigueur au Death transalpin presque dépeuplé.
Et puis vint
Fleshgod Apocalypse.
Ce groupe, fondé en 2007, peut légitimement prétendre, lui aussi, avoir œuvré à ce regain de dynamisme ultramontain. Pourtant, rêvant de devenir plus réputé encore, il n’est pas certain qu'il puisse parvenir à se construire une identité suffisamment distincte de celle de ses compatriotes d'
Hour Of Penance. Et ce doute initial devient alors plus justement fondé au su de certains éléments très précisément nuisibles à cette affirmation de caractère. Certains de ces musiciens dont le talent est, certes, avéré mais dont la signature particulière est immédiatement reconnaissable sont effectivement partis intégrante des deux formations évoquées. Et quels attributs singuliers sont-ils plus identifiables que les intonations d’une voix, ou que le martellement systématique d’une grosse caisse ? Or
Hour Of Penance et Fleshgod Apocalyspe partage la même voix, Francesco Paoli, et le même batteur, Mauro Mercurio.
Dès lors voir d’évidentes similitudes entre ce
Oracles et un The
Vile Conception serait d’une troublante facilité pas totalement injustifié.
Pas totalement, mais un peu tout de même car si les deux entités développent un Death essentiellement
Brutal,
Fleshgod Apocalypse, quant à lui, nuance le sien par diverses interventions mélodiques telles que quelques parcimonieuses sonates de piano, quelques chœurs cléricaux ou quelques passages classiques succincts. Ainsi les excellents In Honour Of
Reason, Post-Enlightenment Executor, As
Tyrants Fall, mais aussi, par exemple
Infection Of The
White Throne, au-delà de leur divin penchant pour la destruction furieuse et systématique, se démarque par une ponctuation musicale mélodique toute particulière. Et que dire de ce final magnifiquement surprenant,
Oracles, venant clore admirablement cette œuvre sinon qu’il est prodigieusement déconcertant?
Au-delà de ces accents mélodique très prononcés, il règne, aussi, sur l’ensemble de cet album une musicalité sous-jacente, pas nécessairement propre au Death
Brutal (le très beau final de
Requiem In Si Minore par exemple).
Mais que les puristes amateurs indéfectibles d’une agressivité abruptes se rassurent, outre ces infimes, mais précieuses, respirations harmonieuses, et cette musicalité ambiante secondaire ;
Fleshgod Apocalypse affiche bel et bien un goût certain pour la violence merveilleusement incisive (les superbes Sophistic
Demise et, par exemple, At The
Guillotine).
Oracle, premier véritable album des Italiens de
Fleshgod Apocalypse, est donc un très bon album de Death
Brutal aux accents mélodiques. Cette symphonie violente, à laquelle il pourrait être reproché un certain manque de personnalité, demeure pourtant éminemment séduisante.
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