Variation on Inductive Theories

Liste des groupes Death Progressif Misanthrope (FRA) Variation on Inductive Theories
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13/20
Nom du groupe Misanthrope (FRA)
Nom de l'album Variation on Inductive Theories
Type Album
Date de parution 1993
Labels Holy Records
Style MusicalDeath Progressif
Membres possèdant cet album48

Tracklist

1.
 Solstice of Poetries
 00:31
2.
 Aquarium
 05:37
3.
 Childhood Memories
 05:58
4.
 La Démiurge
 07:13
5.
 My Black Soul
 05:04
6.
 Aeternitas
 00:10
7.
 The Grey Orchard
 06:22
8.
 Atlas
 06:13
9.
 Monolith in Ruins
 05:36
10.
 And Also the Lotus
 05:47
11.
 Mourning Humanity
 01:34

Durée totale : 50:05

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Misanthrope (FRA)


Chronique @ BEERGRINDER

04 Novembre 2011

audace musicale insensée pour les adeptes, bordel incompréhensible pour d’autres, Variations... est un peu tout cela

Venant de monter son propre label, Philippe Courtois de l’Argilière se lance dans le grand bain en signant les grecs de Nightfall, dont le premier full lenght Parade Into Centuries sera le premier disque estampillé Holy Records. C’est donc fort logiquement que Misanthrope, la formation du jeune guitariste chanteur entouré des frères Moréac (JJ à la basse et CH à la guitare) et de Ollivier Gaubert à la batterie, sort également son premier album par ce biais. Variations on Inductive Theories (1993) ne s’annonce pas vraiment dans la lignée brutale et directe des cadors hexagonaux, mais plutôt dans un Death atmosphérique original dont l’avant-gardisme cantonnera à un relatif anonymat, malgré quelques réactions enthousiastes dans l’underground (et également des moqueries…).

Arborant fièrement des tee-shirts The Gathering et My Dying Bride, les musiciens de Misanthrope marquent leur différence. Si le Death français connaît quelques heures de gloire avec Loudblast, Agressor, No Return, Mercyless ou Massacra, il a raté le train du Death / Doom (comme celui du Thrash Metal quelques années plus tôt) emmené par Paradise Lost et consorts. Les musiciens de Livry Gargan semblent vouloir réparer cette erreur, distillant dans leur Death Metal des touches atmosphériques et dépressives proches du Doom.

Aquarium propose un Death Metal étonnant, aux guitares enlevées et aux touches mélancoliques et plaintives. Mais l’univers du quatuor n’est pas aisément pénétrable, mélangeant parfois des plans progressifs complexes (pas toujours totalement maîtrisés) avec un Death Metal aux ambiances décadentes et plaintives, à ce titre Philippe utilise son chant de multiples façons, là encore pas toujours à la perfection : les voix claires de My Black Soul manquent de puissance et de justesse.
On précisera également qu’une production plus costaude aurait vraiment été souhaitable, l’enregistrement au Mélodie Studio de Dreux manquant un peu d’épaisseur.

Derrière les approximations, on perçoit pourtant un potentiel énorme, les plans guitares sont intéressants et variés (peut-être trop), JJ Moréac est déjà très adroit pour faire sonner ses quatre cordes, particulièrement sur Monolith in Ruins, et surtout une ambiance assez unique émane de ce disque : perversion, mélancolie, colère sont ici mêlées dans un maelström musical avant-gardiste qui part dans tous les sens.
Cependant la mayonnaise parvient parfois à prendre, notamment sur La Démiurge, au début lourd et lent presque sabbathien, avant une glissée progressive vers un Doom / Death plaintif saupoudré de quelques passages de guitares appuyés.
Parmi les morceaux marquants, Monolith in Ruins illustre bien la folie du combo. Il débute sur un étrange riff décalé, enchaîné par une accélération et un chant criard de Philippe. On notera aussi un solo de basse aérien de JJ.

Décriés par les uns, encensés par les autres, audace musicale insensée pour les adeptes, bordel incompréhensible pour d’autres, Variations on Inductive Theories est un peu tout cela, mais reste surtout un OVNI, fruit de l’imagination débordante de ses géniteurs. Les principes et l’imagerie sont posés, pour les morceaux ou les disques qui tuent il faudra attendre un peu.

BG

5 Commentaires

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DEADicace - 05 Novembre 2011: Excellente chronique qui me replonge 20 ans en arrière...

"je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître..."

En revanche, sur le livret, Holy était domicilié à Livry Gargan (93), chez Philippe Courtois, donc pas encore à la Ferté Sous Jouarre.

Enfin, ce n'est qu'un petit détail, histoire de dire que je le possède en original...tout comme les autres albums que j'ai référencé.

Merci pour ce devoir de mémoire.
BEERGRINDER - 05 Novembre 2011: Ah oui exact, j'étais tellement conditionné par mes commandes Holy Records régulières à cette adresse pendant pas mal de temps...

Je corrige, merci.
BEERGRINDER - 29 Juin 2013: Moi aussi je suis fans, mais ce disque est un maelström d'idées mal agrégées entre elles et le son est approximatif.

Le terreau est là en effet, mais dedans on a encore à faire à une jeune plante fragile qui ne sait pas encore trop vers quelle direction pousser.
LeMoustre - 27 Juillet 2016: De mémoire de conversation téléphonique lors d'une commande, nos amis de chez Holy, Séverine (co-fondatrice du label) et Philippe passaient leur BTS de commerce, et leur action commerciale consistait à produire un disque, et le distribuer, en l'occurrence le premier Nightfall.

Les bougres ont eu une excellente note, et ont ainsi monté leur label, Holy Records, bien connu des fans. Ainsi naquit le label.

Parallèlement, Misanthrope, avec ses influences Celtic Frost assumées, préparait ce premier jet. J'aime bien le terme OVNI, tant ce disque pue l'originalité. Déjà, on percevait le sens de la mélodie, des sons plaintifs, mais aussi le côté théâtral repris ensuite à renforts d'idées personnelles.

Dotée de lyrics recherchés, littéralement très personnels, musicalement originale et plutôt aboutie vu l'époque, cette oeuvre a sans doute marqué ses acquéreurs.

Quelques approximations, comme évoqué dans la chronique, un son unique (mais qui pue le début des 90's), je crois que cet album est finalement parmi les plus attachants du groupe, mélangeant langues de Molière et de Shakespeare avec un sens de la poésie étonnant.

Nombre de ces titres ne s'oublient guère (la doublette qui ouvre le disque, "My Black Soul", et... finalement presque tous les titres tant ils ont leur couleur propre.

Une oeuvre qui fait partie du patrimoine doom/death Français. Moins aimé ce qu'ils ont fait après Misanthrope Immortel, mais ça reste un must-have pour les adeptes de Celtic Frost, période Into the Pandemonium.
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Chronique @ TasteofEternity

29 Avril 2019

Misanthrope fait peau neuve

Variation on Inductive Theories a beau passé pour une œuvre ambitieuse, elle n’en demeure pas moins le premier album d’un groupe en quête de lui-même. Après trois démos, et un split qui a fait son chemin dans l’underground, même si l’association de malfaiteurs avec le gang chilien Torturer, aurait pu prendre une dimension légendaire avec d’autres prétendants comme Edge Of Sanity ou Vader alors sur les rangs, Misanthrope est quasiment revenu au point de départ. En effet, Philippe Courtois de l’Argilière, pilier fondateur du groupe, à la tête de son propre label, encore en rodage, Holy Records, est dorénavant seul maître à bord. Certes en ce qui concerne la direction artistique, et l’inspiration, cela ouvre les portes de l'impossible ; en revanche pour enregistrer un album complet, cela se corse vraiment pour l'époque, 1993.

La scène parisienne regorge de groupes en devenir, et l’une des forces de Philippe Courtois, c’est d’être capable de détecter les talents. C’est à l’occasion d’un concert fin janvier 1993 que Philippe reste scotché par la performance de Krakkbrain, le combo des frères Moréac. Il retrouve alors Jean-Jacques Moréac en coulisses, le temps de s'échanger leurs numéros. En réalité, les deux bonhommes se suivent à la trace puisqu’ils s’étaient déjà rencontrés quelques temps auparavant lorsque Misanthrope se produisait en première partie de The Accüsed en 1992. Le duo Philippe/Jean-Jacques commence à répéter ensemble. Puis de file en aiguille, après avoir intégré le bassiste, c’est au tour du guitariste, Charles-Henry Moréac, puis du batteur, Ollivier Gaubert, bref tout le line-up de Krakkbrain y passe, à l'exception du chanteur. L'alliance semble profitable aux deux parties : d’un côté, Philippe a des compos prêtes à être enregistrées, et de l’autre le groupe est rôdé, il ne reste plus qu’à faire le lien. Le temps manque pour cela. Deux mois de répétition, c’est court. Sans compter que les finances font également défaut.

La production restera emblématique des limites techniques et du savoir-faire franco-français du début des années 90's. Le fait que la production soit obsolète dès la sortie de l’album lui confère un cachet qui joue grandement en faveur de l’attachement que l’on peut développer au contact de Variation. Le mixage fait la part belle aux guitares, la rythmique, en particulier la batterie, est reléguée bien loin avec un son très cru, de salle de répète digne du garage de Papy Roger : le son des frappes rebondissant au hasard sur les outils de jardinage et autre bicyclettes datant de l’avant guerre. La basse se montre déjà frondeuse, souvent en contrepoint, même si elle aussi est mixée très en arrière. Donc restent au premier plan des guitares heavy, surplombées de soli tous plus hystériques les uns que les autres, et une voix qui balance entre complaintes théâtrales et growl corrosif. Variation brille par ses phases mid tempo, voire low tempo, lorsque les instruments donnent l’impression de partir en improvisation totale. Concernant le style, l’énigme reste entière, aucun style n’émerge véritablement, en revanche c’est un univers qui s’ouvre à l’auditeur dont les limites semblent en mouvement permanent. Variation est déconcertant, car il ne remplit pas le cahier des charges de l’album de death attendu, autrement dit technique dans le jeu, massif dans la production, identifiable soit par son growl, soit par les atmosphères développées. En même temps comment pouvait-il en être autrement quand on connaît la vénération de Philippe Courtois pour l’inclassable et éternel Celtic Frost. Cela lui permet d’être déterré près de 30 ans après, et redécouvert avec un grand sourire.

Le feeling qui se dégage de ce premier album, c’est une grandiloquence introvertie, une poésie de l’intime qui tutoie un romantisme noir exacerbé. Les phases atmosphériques ralentissent une instrumentation dispersée. L’impression que chacun fait un peu ce qu’il veut a tendance à nous effleurer, alors que le chef de file ne se dérobe à aucun moment, Philippe Courtois de l’Argilière s’en donne à cœur joie et incite au dépassement ses collaborateurs. Les guitares ne se font pas prier, la basse non plus, la fratrie Moréac domine son sujet. La batterie a plus de mal à ressortir, en même temps tenir la baraque quand chacun construit son jeu sur son voisin donnant l’impression d’une cacophonie indigeste, cela peut devenir rapidement un casse-tête. Quel tempo suivre ? Quand imposer des variations ? Sur qui se caler si le batteur décide lui aussi d’en rajouter une couche ? Non sincèrement Ollivier Gaubert s’en sort finalement fort bien, même si sa frappe a tendance à passer inaperçue au milieu du chant de bataille.

En définitive Variation on Inductive Theories, par ses constructions musicales biscornues et inachevées, laisse l’auditeur sur sa faim. En effet, le groupe ne manque ni de technique, ni d’ambition, et Philippe, certainement pas de souffle. Mais quand le groupe doit mettre du poids et de la puissance, il s’emballe sur du riff rock n’ roll comme sur My Black Soul, lorsqu’il peut enfoncer le clou, il suspend son geste comme sur Aquarium mais quand il s’astreint à jouer simple, il percute par un riffing à la fois mélodique et entêtant comme sur l’opener Solstice of Poetries, Childhood Memories, et atteint son point culminant sur La Demiurge. Cependant une fois qu’on a jeté son bonnet par dessus les moulins, et pris le temps de profiter de certaines incongruités, cet album devient du plaisir en barre. L’agressivité originelle prend une nouvelle dimension alliée à une profondeur baroque sur le point de devenir la marque de fabrique du groupe. L’aventure Misanthrope ne fait que commencer.

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Hibernatus - 29 Avril 2019:

Un jour, il faudra sérieusement que je me penche sur le cas Misanthrope, genre écoute en boucle pendant 3-4 jours. Tantôt j'adore et tantôt ça me laisse froid. "Grandiloquence introvertie" et "romantisme noir exacerbé" me semblent complètement d'équerre avec ce que je ressents dans les moments où j'apprécie le groupe. Pourtant, il arrive assez facilement à me perdre. Ma faute, assurément, mais Misanthrope m'enchante parfois et m'exaspère le plus souvent. C'est terriblement frustrant de ne pas arriver à cadrer dans mon collimateur ce groupe fascinant.

J'apprécie beaucoup ta revue du groupe, Arth, c'est à chaque fois une piqure de rappel qui remet ma curiosité en éveil. Tu chroniques quand IrréméDIABLE ? C'est le seul que j'ai écouté qui arrive à me satisfaire, disons, à 75%.

Keep up the good work.

TasteofEternity - 29 Avril 2019:

Je crois JL que ton ressenti à l'égard de l'entité misanthropienne est partagé par un grand nombre d'entre-nous ;) Je dois confesser que j'ai mes périodes, lorsque je rechute je peux m'enfiler les albums les uns derrière les autres pendant un mois, et ne plus rien ressortir pendant un an. C'est quand même un groupe à part qui demande un minimum de disponibilité et de concentration pour éviter de se perdre en route, ou de s'agacer pour rien. Concernant IrremeDIABLE, je n'ai pas, à tort sans aucun doute, passé énormément de temps à l'écouter, ça viendra en son temps ; et puis je vais peut-être vous lâcher les noix avec Misanthrope... Merci dans tous les cas JL ;)

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