Début 2010. Un nom commence à résonner dans le monde du Heavy mélodique :
Orden Ogan. Muni d'un «
Easton Hope » qui a de suite fait parler de lui et signé chez AFM records, ce groupe allemand allait pouvoir récolter le fruit d'un travail qui mérite la considération. Cela dit, avant d'en arriver là, il fallait bien faire un peu de chemin : si «
Testimonium A.D. », album autoproduit, avait reçu un bon accueil en Allemagne, lui et son successeur «
Vale » sont passés un peu inaperçus dans la fourmilière Heavy/
Power européenne. Et pourtant... Avec «
Vale »,
Orden Ogan frappait déjà assez fort...
C’est une intro instrumentale, mélodique, qui met les choses en place. Guitare sèche, violon, quelques choeurs ... Classique. Mais on ne s’attend pas forcément à ce qui va suivre. Tout d’un coup, l’intro se termine et un étrange air électronique surprenant prend le dessus ! Changement d’ambiance, et très vite on se rend compte que « To New
Shores of
Sadness » est déjà bien entamée. Après quelques secondes, un riff endiablé entreprend de passer aux choses sérieuses. La qualité de la production est évidente, l’envie d’en découdre encore plus. Les guitares se montrent à la fois agressives (ce son...) et mélodiques par les airs qu’elles offrent. Le batteur ne laisse pas de répit à son double-pédalier (ça tabasse méchamment sur la seconde partie des refrains !), tandis que le chant mélodieux de Seeb, muni de choeurs qui offrent beaucoup de puissance vocale, suit le déluge. La basse est légèrement moins mise en avant que sur «
Easton Hope », mais on a déjà droit à quelques passages où elle ronronne en bonne et due forme.
Bref, un premier morceau qui en met plein les oreilles avec une patate déconcertante, un refrain énorme et un final original offrant une dizaine de secondes uniquement constituées de choeurs monumentaux.
Une telle entrée en matière est essentielle, dans la plupart des cas, pour attiser l’intérêt de l’auditeur. Les morceaux plus faiblards peuvent ainsi être disons « excusés » par ce dernier. Je pense que la disposition des titres, intelligente, a ici été pensée en ce sens. L’équilibre est préservé, mais quelques chansons sont un peu trop banales. Des titres comme «
Farewell » ou « This Is » manquent clairement d’inspiration (malgré quelques bonnes idées, notamment les lignes de piano, la guitare électrique se montrant ici très fade), on croirait un croisement entre des mid-tempos de divers et célèbres groupes de
Metal symphonique à chanteuse, d’ailleurs il ne serait pas étonnant que l’auditeur se surprenne à se dire « Tiens, mais Sharon Den Adel ou
Tarja Turunen auraient pu dégoter tip top les mêmes lignes de chant »... Heureusement, le groupe ne fait pas traîner en longueur ces légers ersatz, au profit de morceaux oscillant entre technique et mélodie enchanteresse, entre agressivité et douceur.
« Reality
Lost » et « Something Pretending » annonçaient déjà à merveille l’album qui allait succéder à «
Vale ». Les influences de plusieurs des rois du
Power (de
Blind Guardian à
Dream Evil en passant par
Sonata Arctica) se font clairement sentir, mais la qualité des compositions est vraiment insolente, beaucoup resteraient bouche bée. Par ailleurs, quelques sonorités surprennent par moments, comme ces riffs empruntés au Neo
Metal sur « A Friend of Mine » et « The Lords of the Flies ». Cette dernière sort des sentiers battus du
Power pour proposer une alchimie entre moderne et épique du plus bel effet, bien que l’on se demande à quoi l’on a affaire au premier abord. Un domaine où la voix de Seeb fait à nouveau merveille.
Casse tête de composition s’il en est, la ballade est pourtant et malheureusement bien souvent l’élément dont profitent nombre de groupes pour faire du remplissage et ajouter des pistes à leur disque. « ...
And if you do Right » est de ce calibre, peu utile si ce n’est pour laisser un moment de pause entre des morceaux plus mouvementés. Peut-on la dire moche, mal composée ? ... Je ne suis pas sûr. Mais il est clair que l’on ne retrouve pas sur ce morceau la même fragilité, le même effort de composition que sur le final « The Candle Lights », nouvelle ballade, cette fois réellement touchante, marquée de finesse. Tout est doux, suggéré, les guitares sèches parcourent le registre de l’envoûtant, le chant est reposant. Les deux dernières minutes de ce morceau, et donc du disque, feront la part belle à une mélodie toujours aussi douce, dénuée de chant mais deux fois plus épique (effet donné par la diversité de mélodies qui s’entremêlent et un fond de batterie martial qui semble annoncer que c’est loin d’être fini, que le voyage reprendra sur un certain «
Easton Hope »...). Un final empreint de magie, qui clôt le brûlot de fort belle manière, en parallèle à une mise en bouche qui calait l’auditeur dans son siège : bel équilibre dans le tracklist.
Vale n’est pas une révolution (malgré une certaine prétention si l’on en croit certaines images circulant sur le net et sur lesquelles on peut lire « The rebirth of melodic
Metal »). Par contre, c’est un disque produit et composé avec une classe qui en impose, doté d’une puissance sonore qui « déménage » (je serais curieux de voir de mes yeux ce que ça donne en live...) ! Pour ma part, un disque un cran en dessous du futur «
Easton Hope » (ce qui, en soi, est normal vu que ce dernier succède à «
Vale » et qu’Orden est un jeune groupe), mais qui annonçait déjà l’avenir radieux d’une formation qu’il va falloir surveiller de près, très près...
16/20
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que tu nous donnes sacrément l'eau à la bouche, un premier album qui ne s'annonce clairement pas unique mais restant énorme pour un 1er disque...prometteur d'un futur grand album et j'espère, d'une grande carrière.
Merci d'avoir comblé ce trou avec une chronique excellemment bien écrite, agréable et on ne peut plus complète !! Thanks !
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