Abigor revient en cette année 2010 parmi les premières sorties de l'année. Et ce n'est pas la moindre ! Nous sommes en présence ici d'une pièce tout à fait exceptionnelle, incorporant à un Black
Metal aux accents dépressifs, très recherchés, des éléments plus inhabituels. Pour certains, l'utilisation d'éléments informatiques, et le son assez propre et recherché sont des voies du Black
Metal qui sont impures, car moins sincères dans la réalisation. C'est peut-être vrai, dans un sens, car malgré une noirceur dépressive de la musique non négligeable, l'aspect le plus intéressant de l'album est certainement plus artistique dans ses expérimentations et ses passages avant-gardistes créés par les délires sonores de ce groupe hors du commun !
Regardons plus attentivement le contenu de cet album très particulier et très original, donc : l'œuvre est en route, et elle s'ouvre avec le tic-tac d'une horloge, brisant le silence à intervalles réguliers. Et maintenant, c'est le début. Les instruments entrent en scène, et jusqu'à la clôture de l'album, nous serons pris dans une tourmente d'expérimentations sonores et de folie musicale.
La basse joue fort sur certains passages et les riffs sont très recherchés. La batterie, propre, n'usant de la double pédale que pour certains passages un peu plus rapides, et se taisant même parfois complètement sur des passages plus atmosphériques, se trouve être très bien maîtrisée, très propre, clinique, et carrée. A chaque coup, la basse et la batterie nous délivre une lourdeur relative qui ne tarde pas à évoluer vers des passages poétiques, et tout comme les autres instruments, nous plonge dans la folie inhérente à
Abigor.
Les Sampler, renforce un côté industriel, grâce à des basses boostées mais dépressives, lentes, et renforce un côté expérimental un peu schizophrène et fou, avec des variations dans les sons, des échos sur les voix, où des passages electro bien senti. On pourrait y voir parfois l'expérimentation d'un fou furieux qui laisse sa folie s'exprimer grâce aux ses machines.
La guitare occupe une place très importante dans cet album : polyvalente, nous livrant des arpèges en sons clairs, tout comme des riffs puissants et agressifs, autoritaires, le guitariste se laisse aussi aller à des expérimentations sur son instrument : ambiances schizophrènes et musique digne d'un malade mental, sons suraigus et disharmoniques, utilisation du vibrato à très bon escient pour un côté malsain et sombre, soli très inspirés mais anti-mélodiques … Nul ne peut s'attendre vraiment pas à voir des plans aussi inhabituels percuter ses sens auditifs. C'est tout simplement de l'expérimention, de l'avant-gardisme, très bien mené. Le côté avant-gardiste est d'ailleurs accentué par les vocaux : en effet, on peut ressentir dans les vocaux de AR une influence digne de
Shining, mêlant supplications murmurées, incantations, agonies, aboiements Black, chants grégoriens, mais tout en articulant les paroles de sortes : le message spirituel et intellectuel d'
Abigor est en effet important, et les paroles se doivent donc d'être accessibles le plus facilement.
Le thème intellectuel de cet album est en effet très important, philosophique. Pour terminer chacune des deux parties, "We fall" est répété, mettant en avant une idée qui est que nous tombons tous. Mais la réflexion sur cette chute n'est pas des moindres, tout comme les réflexions religieuses, sur
Satan et Dieu, spirituelles, sur le Néant, le Temps, et la Science. Tous ces thèmes sont très importants dans l'univers d'
Abigor. Finalement, ces thèmes sont développés, tissés, en même temps que la musique, pour atteindre la révélation et la conclusion, à la fin de chaque partie, avec ce "We
Fall" et à la fin de l'album en lui-même, lorsqu'on prend le texte dans sa globalité et qu'on se met à réfléchir dessus. A aucun moment on ne peut s'ennuyer à l'écoute de cette album : les changements de rythmes, de plans, de voix, d'effets, d'instrumentalisation, l'originalité des plans de guitares, complètement déjantés, expérimentaux, et donnant un aspect très schizophrénique à l'ensemble, font que l'auditeur ne peut pas trouver un seul moment de répit. En effet, l'écoute doit se faire avec attention et concentration, pour percevoir tout ces changements face auxquels
Abigor nous place. Un superbe album, qui malgré une pochette très sobre et un livret décevant, devrait trouver sa place dans toutes les bonnes collections pour son contenu musical et intellectuel hors du commun et tout à fait génial !
Fessée carabinée!
Super chronique!
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