Abigor est un groupe très prolifique, en un an entre fin 94 et fin 95 les autrichiens ont trouvé le temps de proposer deux albums et un EP, tous d’excellente facture. Le groupe de Peter Kubik ne se produit pas sur scène, ce qui lui laisse du temps à consacrer à la composition, du coup P.K., T.T., et Silenius remettent ça dès l’année suivante pour un disque sobrement intitulé
Opus IV (1996), toujours sous l’égide de
Napalm Records.
Cette fois ci le projet est ambitieux puisqu’il s’agit d’une sorte de concept album divisé en deux parties enregistrées d’ailleurs séparément (avec deux pochettes distinctes). La première partie d’
Opus IV (intitulée
Horns Lurk Beyond the Stars) montre dans l’ensemble un
Abigor plus agressif que par le passé, T.T. est souvent à bloc en train de martyriser sa caisse claire. Mais le côté atmosphérique n’a pas disparu loin de là, seulement les touches
Pagan sont plus discrètes, les parties atmosphériques plus rares mais toujours efficaces, notamment sur les breaks de Crimson
Horizons and Ashen Skies. Le trio montre une façade plus brut de décoffrage et agressive mais n’en oublie pas pour autant le côté mélodique, comme sur Eerie Constellation et ses blast-beat parsemés d’arpèges et de clavier.
Peu de changements au niveau du son sur la première partie, la production est toujours rugueuse et authentique, mettant en avant le côté « true » et donnant un liant fort entre les instruments. L’autre repère sur lequel on peut s’appuyer est la voix de Silenius avec ses screams de haute volée belliqueux et noirs. La qualité de composition est tout de même en retrait comparée au grandiose Nachhymnen, non que les titres soient ennuyeux d’ailleurs l’épique A Breath from Worlds
Beyond et son clavier inquisiteur est de très bonne facture, seulement il manque ce plus qui différencie les bons disques des grands disques : ce break qui tue, ce riff impérial, ce court passage de chant féminin ou encore ce grain de folie supplémentaire dans le chant qui faisaient la différence sur l’opus précédent.
Blut aus Aeonen la seconde partie du disque est dotée d’une production plus étouffée (un peu trop) et le rythme y est moins épidermique. Le groupe aurait d’ailleurs pu sortir deux mini CD distincts à la place d’un album, tellement les deux parties diffèrent. The
Elder God montre un aspect plus posé et des guitares parfois mélodiques qui fleurent bon un retour à Nachthymnen, dont un riff à 3 : 57 tout droit sorti de ce disque.
Dimensions of Thy Unforgiven Sins Part 1 et 2 proposent même quelques plans atmosphériques étranges (notamment sur la part 2), entrecoupés parfois de passages « troubadours » rappelant
Summoning. Partant un peu dans tous les sens,
Opus IV est un bon album, mais l’inspiration débordante de Peter Kubik n’est pas toujours utilisée au mieux ici, le changement de son entre les deux moitiés est notamment préjudiciable à l’unité du disque.
Avec
Opus IV le trio a sans doute voulu aller un peu vite en besogne, à l’image d’un Spektrale Schattenlichter de circonstance proposant quelques plans usés jusqu’à la corde… Un bon album quand même, juste un peu hétérogène.
BG
Black at times, death all times.
Fabien.
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