Débutant sa carrière dès 1983 autour de Piotr Wiwczarek en tant que groupe heavy/speed,
Vader trouve plus précisément sa voie durant les années 80 dans le death/thrash naissant, figurant à ce titre parmi les pionniers de la scène extrême polonaise aux côtés des tout aussi notables
Magnus et
Imperator, n’ayant quant à eux pas bénéficié des mêmes opportunités durant leur carrière, dans un pays où les possibilités d’export n’étaient pas légion. L’arrivée du batteur Doc et du bassiste Jackie à la fin de la décennie permet au groupe le passage à une étape supérieure, le conduisant à l’enregistrement en 1990, pour le compte de
Carnage Records, de sa fameuse démo-tape
Morbid Reich, l’une des meilleures ventes de démos deathmetal toutes époques confondues, s’étant écoulée à plusieurs milliers d’exemplaires.
Le phénomène
Vader arrive plus précisément et fatalement jusqu’aux oreilles du boss d’Earache, Dig Pearson, soucieux à cette époque d’obtenir dans son catalogue les meilleurs représentants du deathmetal, style désormais dominant en ce début des nineties, notamment grâce à quelques bombes du label anglais comme
Napalm Death,
Carcass,
Bolt Thrower,
Entombed ou
Morbid Angel. Fort d’un contrat discographique international, mais aussi d’un nouveau guitariste en la personne de
China, la bande de Peter se dirige durant l’hiver 91/92 en Suède aux fameux Sunlight Studios de Tomas Skogsberg, temple désormais incontournable depuis le passage d’
Entombed,
Carnage,
Darkthrone,
Tiamat,
Grotesque ou
Therion. Déçu par le résultat, Earache Records renonce contre toute attente à sortir le debut-album en l’état, et décide d’un commun accord avec le groupe de réenregistrer le tout en Angleterre aux tout aussi efficaces Rhythm Studios de Paul Johnson, ayant déjà accueilli quelques pointures comme
Benediction,
Cerebral Fix ou
Cadaver. Longtemps attendu,
The Ultimate Incantation sort ainsi tardivement en fin d’année 1992, muni d’une illustration assez stéréotypée de Dan Seagrave, mais plantant efficacement le décor deathmetal de notre quatuor.
Sans surprise,
Vader reprend tous les titres de sa démo légendaire, comme les fameux
Dark Age et Breath of Centuries qui trouvent idéalement leur place en début et fin d’album, bénéficiant d’un son massif à leur hauteur après un passage dans les mains aguerries de Paul Johnson. Ces anciens morceaux forment d’ailleurs globalement le côté le plus alambiqué et épique de
The Ultimate Incantation, lui apportant une moelle d’une épaisseur considérable, à l’image du bon Reign
Carrion fleuretant de près avec les 7 minutes.
Vader ne serait toutefois pas le même sans son mordant deathrash qui le caractérise à chaque instant, en témoigne l’incisif
Decapitated Saints que l’on retrouvait sur sa première démo
Necrolust, ou encore les plus récents et tout aussi percutants
Vicious Circle et
The Crucified Ones, comptant à titre personnel parmi mes morceaux favoris de la bande de Peter, et préfigurant également le tournant plus rentre-dedans abordé sur les successeurs directs de
The Ultimate Incantation.
Disque marquant dans le paysage extrême du début des nineties,
The Ultimate Incantation est véritablement la première oeuvre deathmetal polonaise bénéficiant d'une couverture internationale. C'est un ouvrage sacrément solide pour un premier full-lenght, ne trahissant pas le niveau de qualité du label Earache, qui continue à exceller en cette fin d’année 1992 avec des sorties comme The Fourth
Crusade,
Extreme Conditions ou In Pains de
Bolt Thrower,
Brutal Truth et
Cadaver. Enfin, pour les fans les plus endurcis de
Vader, Peter Wiwczarek a déposé il y a quelques années sur le web quelques titres initialement enregistrés aux Sunlight, facilement disponibles en tapant le nom de l’album et des studios à partir de n’importe quel moteur de recherche. A ce titre on peut d’ailleurs honnêtement se demander, sans remettre en cause la pertinence de la seconde production si puissante de Paul Johnson, en quoi le premier résultat aux Sunlight Studios fut jugé si désastreux au point de faire une croix dessus.
Fabien.
Je crains qu'il n'y ait confusion de ta part. Personne ni Peter ne conteste la production massive de The Ultimate Incantation, dans sa seconde forme Rhythm Studios que nous connaissons tous. En revanche, rares sont les albums deathmetal comme The Ultimate Incantation ou The Dead Shall Inherit (Baphomet) aux premières sessions purement écartées. Par manque de moyens, The Rack (Asphyx) n'avait par exemple pas été réenregistré, alors que Robert Kampf de Century Media trouvait sa production désastreuse, on se demande bien pourquoi. FABIEN.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire