Aaaaah ! Les joies de l’orchestre... Quel merveilleux assortiment à rajouter à ses délicieuses mélodies, n’est-ce pas ? Après les maîtres suédois puis les suiveurs finnois (si on reste dans le sympho « soft »), ce fut au tour des Pays-Bas de s’y mettre. La petite avant-garde batave de
Within Temptation après le succès phénoménal de
Mother Earth a décidé de suivre la voie de leurs nouveaux concurrents d’
Epica en recourant elle aussi à une masse d’arrangements classiques (ou « néo-class’-t »).
Alors qu’est-ce que ça donne finalement ? Écoutons ce qu’en pensent mes trois petits démons préférés.
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Kiru : Bonjour les gars ! Ah ! Ça faisait longtemps qu’on ne nous avait pas appelés. Je me demande ce qu’on nous a demandé de débattre.
Ingal : Tu vas faire la grimace mon ami. Regarde.
Kiru (qui devient ébahi) : Aaaargh ! Non !
Pas encore une quiche blague sympho s’il vous plaît !
Ingal : ‘l’est vraiment pas sympa, Lunuy. Déjà qu’il nous a totalement floués la dernière fois en nous entraînant dans un débat bancal, maintenant on a droit au summum du kitch.
Yurz : Ah ? Tu as donc déjà un avis arrêté alors que tu ne l’as pas écouté en entier ce disque quand il est sorti, il y a 7 ans ?
I : Parfaitement ! Lance donc la platine si tu veux Yurz, je suis sûr que je ne vais pas changer d’un iota.
Y : La platine ? Ah, non, là on a droit une chaîne hi-fi.
I : super... Donc le son ultra lisse des années 2000. Je sens qu’on va se régaler...
Y : Allez hop, je lance !
K (pousse un grand soupir) : Allons-y donc pour la torture...
[Après plusieurs écoutes attentives...]
Ingal : Bon et bien mon avis n’a pas changé.
Yurz : c’est-à-dire ?
Ingal : ben déjà, quand
Mother Earth est sorti, je soupçonnais ces Hollandais de trop jouer sur la nouvelle vague grandilo-kitchouille avec leurs grosses cordes, leur propre influence celtique assumée et leurs petites notes de piano sirupeuses placées ici et là, mais avec ce
Silent Force, y’ a pas photo : ils ont perdu tout sens de la créativité avec cette masse orchestrale et cette multitude d’effets artificiels amenés au petit bonheur la chance dans leurs compos. Ça essaye de se démarquer de
Nightwish en utilisant différemment les chœurs (totalement insignifiants d’ailleurs, quand on écoute “
Angels ”), les sonorités pseudo-médiévales ou les arrangements folk comme au début de “
Pale ”, mais on dira ce qu’on voudra, la prise de risque reste minimale : pas un solo, pas une seule rythmique groovy tranchante. On nage en plein dans des lignes orchestrales conventionnelles et de la guimauve pop.
Bon je dis ça, mais des arrangements symphoniques médiocres ou potentiellement soporifiques parce que pas très recherchés, on peut aussi en trouver du côté des Finnois (sur
Century Child, surtout), mais quand même ! Et bravo pour les morceaux “
Stand My Ground ” et “ It’s the Fear ” ! Que je me marre en écoutant ces échos artificiels démultipliés par le vibrato, ces samples ou ces notes groovy sautillantes style la variétoche pour les Amerloques ! Encore heureux que “
Dangerous Mind ”, du même acabit, soit un bonustrack.
[Clap-clap-clap !] J’applaudis la recherche. Et j’parle même pas des morceaux « ambiants » ultra lisses comme “
Memories ”...
Y : T’exagère un peu, là ! “
Memories ” est une ballade très jolie et bien construite !
I : Mouais, elle est quand même banale cette ballade. Ce n’est pas la progressive montée en puissance des instru’ qui change quoi que ce soit à la donne. Le contretemps, ils la connaissent cette méthode de construction les zicos ?
Plus on avance dans le disque, plus les compos sont prévisibles. Désolé, mais “ Aquarius ” est plate. Entre les vocaux archi-boostés par la prod’ (pour cacher le fait que la chanteuse n’a pas assez de coffre ?) et les petites incursions de cordes ou de claviers, c’est loin d’être suffisant pour me transporter.
Y : Mmm... perso, j’ai un gros faible pour les deux premières chansons. “ See Who I Am ” envoie du lourd.
I : Bof, comme la suivante, un petit arbre qui cache la forêt...
Y : En même temps, je trouve la plupart des intros bien pensées...
I : Dommage que ce ne soit pas le cas des autres parties des morceaux...
Y (qui fait comme s’il n’avait pas été interrompu) : ...et plusieurs refrains assez rafraichissants. Tu va me rire au nez, mais j’aime bien aussi “
Stand My Ground ”.
I : Je ne ressens que de la naïveté dans ce morceau.
Y : Ben c’est peut-être ça qui me plaît dedans : la naïveté qui a derrière.
I : Mmm ?? Peut-être qu’on pourrait aussi appeler ça de l’art naïf, tant qu’on y est ? T’es vraiment trop bon public, ma parole !
Y : En tout cas, ça reste parfaitement cohérent et homogène dans son approche.
I : Mais comment cela ne peut-il pas l’être ? Y’as pas de prise de risque !
Y : Oui... MAIS, techniquement, c’est impeccable, rien à redire.
I (qui se gratte la tête) : Bon et toi Kiru ? Tu penses quoi de cet album ?
Kiru : Ce que je retiens de ce frisbee ? Rien d’autre qu’un fond ambiant sans personnalité, avec juste des p’tites voix d’angelots/moineaux et des instru’ léthargiques qui se tapent l’incruste de temps à autre. De la pure BO fade, le genre de truc que tu trouves pour des clopinettes au marché aux puces. Ils auraient quand même pu rajouter les images, ça aurait eu plus de gueule. Ah pardon, c’est vrai, on peut toujours mater leurs vidéos-clips ultra démonstratifs, mais on voit tout de suite où ils sont allés chercher leur inspiration. Pffft !
Ingal : Ouais-ouais, tu dis ça Kiru, mais ça t’empêche pas de l’aimer la musique de la petite Amy Lee, avoue-le !
Yurz : Hein ?! Qu’est-ce que tu racontes ?
I : J’invente rien. Je l’ai déjà surpris en train d’écouter du
Fallen de tu-sais-qui sur son baladeur rempli de fichiers MP3 ; téléchargés, qui plus est.
Y : Nooon... Un mythe s’écroule !
Kiru (qui rougit violemment) : Hum-hum... Ouais bon d’accord, j’avoue j’adore ce disque et après ? Chacun ses goûts de chiotte !
I : Rhooo ! Le petit cœur d’artichaut qui se cache derrière cette montagne de muscles !
K : Fais gaffe Ingal... sinon je serai sans pitié avec toi à notre prochaine partie de billard...
Y : On s’éloigne du sujet !! Retour au disque messieurs, vous viderez votre querelle plus tard.
K : Ok le disque donc... je voulais ajouter quoi, déjà ? Ah oui, la section rythmique : franchement, le bassiste et le batteur, ils pourraient un peu plus s’exprimer non ?
Y : Ben, moi j’en entends bien des percu’, réécoute donc l’entraînant “
Forsaken ” ou “
Angels ”.
K : Urgh ! J’ai la nausée rien qu’en me rappelant du premier : rempli à ras-bord de pseudo-chant opératique, de backing vocals sans âme et qui balance encore du break ultra-convenu avant de répéter ce refrain archi-mielleux. Non merci ! Nan, mais sérieux les gars, vous êtes sûrs qu’on a affaire à du
Metal là ? C’est tellement easy-listening et boursouflé, tellement surproduit avec ces crêtes maximales diminuées que je me demande au final à quoi servent les guitares 90% du temps. Bon je vous laisse tous seuls juger ce bidule parce que moi, ça me révulse.
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Note de Yurz, l’éclectique clément : 14/20
Note d’Ingal, qui n’aime pas le remplissage, la copie et le format conventionnel : 8/20
Kiru, le Trve metaleux qui aime
Evanescence : s’abstient de noter.
=> Moyenne inachevée
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