Liste des groupes Metal Symphonique Within Temptation Bleed Out

Se battre pour la liberté, lutter contre l’oppression et représEnter un certain idéal égalitaire sont des sujets de tout temps chez les artistes, et encore plus dans le metal, qui revendique sa différence depuis maintes et maintes années via ce sujet.
Si certains courants musicaux ou styles sont reconnus pour se politiser de façon assez intensive, et ainsi délivrer des messages souvent vindicatifs, il n’en est pas forcément de même pour le metal symphonique. Souvent abonné aux métaphores, de façon cliché attaché à la fantasy et la SF, Within Temptation marque depuis plusieurs années sa différence. Déjà avec "Resist" qui, à sa sortie, avait démontré un certain engagement, à travers certains textes et clips ("Raise your Banner", "Endless War", "Mad World"), mais encore plus avec ce nouvel opus particulier à bien des égards.

Déjà dans sa conception. Nous étions arrivé à un terme où il ne semblait plus clairement établi que la notion d’album reste un facteur chez les bataves. Depuis trois ans et la Covid, Within a ainsi sorti sept singles, uniquement en dématérialisé, quasi systématiquement accompagné d’un clip, pour toujours botté en touche quand la notion d’album revenait sur le tapis.
Ils se disaient plus “confortables” pour expérimEnter sans pression, pour se sortir de leurs propres automatismes. Nous avons ainsi vu depuis quelques mois, une musique de plus en plus heavy, plus électronique aussi, plus sombre, émerger de ces singles. La musique raffinée et lumineuse d’un "Mother Earth", "The Silent Force" ou "The Heart of Everything" est loin. Si "The Unforgiving" se voulait plus accessible par ses refrains ou "Hydra" plus globalement metal, ce qui ressort de la version finale de "Bleed Out", c’est son impact, son caractère et cette impression d’être un étendard moderne, contestataire et libéré.

"Bleed Out" est arrivé dans les bacs alors que 70% du disque était déjà connu et la lecture globale du disque est dans la droite lignée de ce que nous attendions ; à savoir le Within le plus intense et “dur” de sa discographie. Par ses visuels, par sa production ultra massive, par ses nombreux ajouts de modernité, le sextet a cultivé une différence avec son passé, tout en conservant le goût pour les arrangements symphoniques et surtout la voix toujours sculptée dans la grâce de Sharon Den Adel, renforçant encore sa présence par une prod la faisant sonner comme si elle chantait dans une cathédrale (un peu de reverb non ?), bien qu’on ne puisse douter de sa capacité tant les live récents démontrent qu’elle n’a rien perdu de sa puissance vocale. En revanche, ces riffs à la 8 cordes d’une épaisseur sans précédent, cette tonalité sombre et ces textes engagés interpellent.
Il faut se prendre "Bleed Out" (je me souviens encore de la “surprise” de l’écouter en “live premiere” au Hellfest cette année) et son riff pachydermique, laissant rapidement la place à une ambiance cybernétique. "Wireless" prend le chemin inverse en s’ouvrant sur des sonorités électro pour faire ensuite débouler un riff écrasant qui retrouve toute sa mélodie sur un refrain sublime où Sharon fait des merveilles. "Shed My Skin" est un autre exemple de toute la puissance déployée par la chanteuse pour un titre rappelant parfois le neo metal du début des années 2000, avec les membres de Annisokay en guest pour apporter une couleur plus moderne encore à la composition. Néanmoins, le résultat est d’une efficacité redoutable, laisse ancré le refrain en tête des heures durant et permet un nouveau duo propre à retourner les concerts (on pense à "Dangerous", à "What Have You Done" ou encore à "Paradise (What About Us?)").

"Bleed Out" est un disque clivant, autant dans le fond, la forme que la conception. Pourtant, le résultat est là et vient parachever plusieurs années de travail “dans le dur”. On sent que chaque titre a été travaillé individuellement, propre à devenir un single, faisant parfois du mal à la cohérence globale mais faisant sonner l’album comme une succession sans fin de “hits” propre à remplir la setlist. Le moule plus heavy est partout. Difficile de ne pas parler d’un "Don’t Pray for Me" solennel aux vocaux flamboyants, d’un "Entertain You" lui aussi plus neo metal (le chant masculin) et surtout de ce riff simple, direct, presque punk mais agrémenté de nombreux arrangements (le mix est globalement extraordinaire) et surtout d’un texte sur le monde du divertissement diablement vrai et cynique.
On pourra reprocher cette sensation d'un enchaînement de titres, tous plus ou moins basé sur une structure similaire, faisant la part belle aux prouesses vocales de sa cantatrice ainsi que des riffs très lourds qui, dans l’absolu, brillent plus par leur résonance que leur créativité. Cela n’empêche pas un "Unbroken" de laisser émaner une sensibilité rappelant le passé du groupe, de faire parler la poudre sur un "Worth Dying For" plus speed (et intelligemment construit dans son rythme, notamment la vitesse variable du refrain selon le passage) et délivrant le seul solo de l’album ou encore The Purge d’être l’exemple le plus flagrant de ce qu’est devenu Within aujourd’hui.

"Bleed Out" est une certaine image de la musique telle qu’elle peut-être créée aujourd’hui, avec les avis que chacun en auront. L’arrivée de l’IA dans le processus de création des clips est un autre facteur que les hollandais ont souhaité expérimenté, tout autant que le format “album” se révèle être autant une requête des fans qu’une nécessité économique pour continuer à délivrer leurs colossaux concerts tels qu’ils les pensent. Il est un parfait résumé du groupe aujourd’hui, avec certaines carences, mais une volonté farouche de défendre ses convictions, de se tourner vers demain avec énergie et détermination. Un combat pour (leur) la liberté, en somme.