Enter, un très bon nom pour un premier album...
Premier opus (et malheureusement pas le dernier) de la célèbre formation batave (second en comptant l'insipide premier et dernier album - Embrace - du groupe du temps où il s'appelait encore Voyage, et où Sharon a chanté sur un seul morceau, "
Frozen" à ne pas confondre avec le morceau homonyme sur l'album
The Heart of Everything...),
Enter joue la carte du gothique mélodramatique, très en vogue à l'époque, et comme on peut se permettre de douter de l'intégrité du groupe, on ne s'étonne pas qu'il a, à l'époque, exploité le bon filon, en ces années noires où se profile encore l'ombre des mornes années 80, qui avaient succédé à une période de faste croissance, et de musique beaucoup plus joyeuse... Mais les Trente Glorieuses sont loin, et les gens veulent du noir, du "gothique". Within les a servis, avec ce profane acte mercantile, sans aucun scrupule, avec beaucoup de bassesse (mais bon, je n'en fais pas vraiment un reproche, vu qu'à force de suivre le mouvement, le groupe ne sera plus qu'une parodie de lui-même, et osera sortir un
The Unforgiving, sommet du mauvais goût et de la décadence du groupe...).
... Avec aussi beaucoup de grâce toutefois ; on constate que cet album est loin d'être mauvais, il est même le seul bon album du groupe (avec l'EP
The Dance qui suivra, dans le même registre musical...). Bien qu'il reprenne tous les clichés du genre, une musique "torturée" avec grunts, lourdes guitares et tout le tintouin, alterné avec la douce voix "angélique" de Sharon, qui, par pur hasard bien sûr, ressemble étonnement à celle de
Liv Kristine - de Theatre of
Tragedy pour les incultes -, d'ailleurs il n'y a pas que la voix... La pochette tout d'abord, un pompage de Velvet
Darkness They Fear (en moins "choquant" bien sûr, la femme sur Velvet étant quand même dénudée et probablement morte... Within ne peut se permettre de choquer ses nombreux fans pré-ados ou même risquer la censure, sinon, ce serait mauvais pour les affaires du groupe, non, ici, Within nous livre une jolie pochette avec plein de belles fleurs et une jolie dame qui dort dessus... c'est mignon, c'est joli, mais le romantisme, ce n'est pas ça bon sang !!!).
La musique, pâle imitation de celle de leurs confrères norvégiens, quoique en moins théâtrale, est un doom atmosphérique et symphonique, teinté d'arrangements classiques et baroques.
Deux guitares, une batterie, une basse et des claviers, les bases quoi... tout ces instruments sont plutôt bien joués, sans réels accrocs... Mais malgré tout, il arrive souvent que la musique manque de relief, et soit aussi plate que leur contrée natale... Pire que la platitude, on arrive même à des creux incroyablement risibles, sur les samples notamment, je pense à l'intro de
Enter (la chanson, pas l'album, pour ceux qui n'auraient pas compris), écoutez, vous comprendrez mieux qu'avec des mots... Un manque de talent aussi au niveau des compositions (sans qu'elles soient fondamentalement mauvaises) : le système couplet-refrain-couplet, beaucoup de groupes l'utilisent, mais dans le gothic metal, la plupart des grandes formations avaient réussi à s'en dispenser...
Les vocaux, que j'ai esquissés quelque peu vers le début, de nouveau un recopiage digne d'un scanner, avec néanmoins les couleurs affadies... La voix de Sharon est sensiblement la même que
Liv Kristine (je sais, je l'ai déjà dit, mais mieux vaut le repréciser...), en moins douce, moins candide toutefois, un timbre relativement banal, avec quelques soucis techniques lorsqu'il s'agit de pousser dans les aigus...
Les grunts, loin d'être mauvais, manquent malheureusement d'un peu de présence ; ils sont même de bonne qualité, c'est pourquoi je retiendrai le titre "Deep Within" totalement dénué de chant féminin, le plus violent de Within (niveau bourrinage on est bien d'accord, le groupe n'est jamais monté bien haut...) et qui est quand même l'un des plus beaux titres de l'album, le plus profond et le plus sincère du moins, sans les artifices et la superficialité que l'on peut trouver sur d'autres titres (là, je fais référence à "Pearls of Light", véritable ode à l'ennui, avec un arrière-goût d'aspartame, tant il est plein de bons sentiments niais à en crever ; c'est aussi un excellent somnifère en passant...).
Une des rares innovations apportées par l'album (excepté la cure de relaxation engendrée à son écoute) est l'indéniable côté symphonique de l’œuvre, Within sera d'ailleurs l'un des premiers groupes à fusionner doom et symphonique, avec un minimum d'élégance. On peut noter les superbes arrangements que sont la très grandiloquente intro de "Gatekeeper" (bon morceau au passage, quoique l'intro prend quand même une part assez énorme du titre, quasiment la moitié...) et l'instrumental "Blooded" (très bon quoique un peu court). En dépit du peu d'inventivité et d'originalité, on peut noter tout de même les textes (je n'en ai pas encore parlé de ceux-là me semble-t-il), alors que les superbes écrits de Theatre of
Tragedy,
Tristania et The Sins of Thy
Beloved (et oui, toujours eux) étaient écrits en anglais shakespearien et étaient dotés d'un sens réellement profond, tout en étant à la limite du théâtre et de la poésie, parfois même écrits en allemand, latin ou français ; là, Within nous offre la contre-innovation d'écrire des textes en anglais moderne (là n'est pas le problème, ne commencez pas à crier), qui sont en plus naïfs et pathétiques à souhait, ridiculisant le genre, déjà pas mal branlant sous les clichés qu'on lui incombe...
En conclusion, un album fragile, possédant beaucoup de lacunes, relativement bon au niveau technique toutefois, ce qui est un bon point ; il n'est pas non plus désagréable à écouter, et se révèle même intéressant sous plusieurs aspects.
Je noterais quand-même quelques bonnes pistes, comme "
Restless", la seule des chansons assez douces qui m'ait plu, de plus elle est dénuée de chant masculin, et qu'elle ait réussi à me plaire lui confère une grande aura... Je n'ai aussi pas encore cité Candles, la dernière piste, très agréable, avec une belle intro, et loin de la grandiloquence symphonique du reste de l'album. 14/20.
D'un autre côté, c'est peut-être aussi le milieu qui veut ça : suffit d'observer la changement de style brutal de Sirenia dès que Morten a signé chez Nuclear Blast.
Mais la différence entre notre formation batave et les autres, c'est que WT n'a pas transcendé le genre - que ce soit celui du doom-goth ou du sympho... vu qu'ils n'ont jamais vraiment atteint de "sommet", donc, on ne peut pas parler de "déclin" pour eux :p
Qu'est-ce qu'ils ont fait de spécial d'ailleurs, rien ?
Ah si, peut-être que je peux leur attribuer le... mérite d'avoir introduit la pop dans le rock/métal symphonique. Et encore, je suis pas sûr que ça n'ait pas été fait avant.
Enfin bon, faut reconnaître qu'ils savent entretenir leur côte de popularité.
Et puis j'ai un faible pour "Forsaken" ^^
le symphonique, oui il y a plein passages mal maitrisés dans cet album et par moment oui affreusement lourdingues ! Mais en effet ils sont quand même une des pierres qui a construit un style de musique, le gothique metal (je peux rajouter à chanteuse ? heu non...) puisque d'autres ont suivient cette voie.
Mais Enter ne laisse pas indifférent Restless se mémorise très bien et bien construite et il y a certains passages que j'aime bien par exemple Candless est mal chanté par Sharon mais les grunts apportent du mystère et de la profondeur du coup elle donne envie de réécouter l'album .
Mother Heart reste à mes yeux leur meilleur album, à la sortie de The Heart of Everything j'ai bien compris qu'il cherchaient à toucher le plus grand nombre, pour ce qui est du dernier c'est en effet c'est aussi une idée marketing mais il y a un point très personnel sur cet album : le désir de quitter le metal symphonique pour tracer leur propre route, c'est peut-être là qu'ils seront les meilleurs, quand j'écoute des chansons comme "Fire en Ice ou Lost" c'est ce que je me dit (et ce n'est pas la seule) et c'est un album qui est loin d'être mauvais. Fini les envolées orchestrales à tout va, le coté pompeux et répétitif est nettenent moins présent. Je ne suis pas contre. J'espère qu'elle va aussi ENFIN abandonner les hou houh hou car je me rend compte que ça date quand même du début ! Et suis bien curieuse de savoir ce qu'ils feront la prochaine fois.
Moi qui ai été biberonner au hard rock et au heavy métal classique depuis une cinquantaine d'années, j'avoue que passer à du métal symphonique, gothique, power mélodique, etc ... n'a pas été évident. Et pourtant, l'âge aidant ( on ne rajeunit pas ) je commence à apprécier ces différents styles. Within Temptation et ce Enter ne fait pas exception. J'éteinds la lumière, j'allume une bougie, je mets les écouteurs et je ferme les yeux. 16/20.
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