Mû par un élan d'inspiration renouvelée, le prolifique combo italien revient dans les rangs, un an à peine suite à son galvanisant album studio «
Mea Culpa ». Le temps pour nos acolytes de concocter la bagatelle de trois singles («
One More », «
Obsession » et «
The Illusion » successivement), qui tous feront partie intégrante de leur nouvel opus, «
The Resilient », signé, lui, chez le jeune mais déjà puissant label allemand 7Hard. Dans ce dessein, le quartet d'hier s'est aujourd'hui mué en un modeste trio, avec, à la barre : Angela Di Vincenzo (ex-
Kyla Moyl), frontwoman au limpide grain de voix doublé d'un léger vibrato, Andy ''Menario'' Menarini (
Martiria) aux guitares, et Sebastiano Dolzani à la batterie et aux claviers, le bassiste Michele ''Mike'' Raspanti (
Graal, S.O.S., ex-
Tular, ex-
Martiria) ayant, quant à lui, quitté le navire ; lui succédera, pour l'occasion, un certain Andrea Arcangeli (
DGM,
Noveria,
Solisia...). Indices révélateurs d'une sérieuse envie d'en découdre de la part du trio romain...
A l'instar de son devancier, le présent opus ne compte guère plus de 9 pistes égrainées sur un ruban auditif de 37 minutes, et s'inscrit, à son tour, davantage dans une mouvance rock'n'metal mélodique et électro gothique que dans un metal mélodico-symphonique classique, la fibre originelle du groupe. Aussi, s'esquisse à nouveau un message musical à la fois éminemment pulsionnel, souvent enjoué et organique, un brin romantique, dans la lignée de
Lacuna Coil,
Amaranthe, Volturian, Metalite et
Eleine, Tout comme son aîné, le méfait jouit d'un enregistrement de fort bonne facture, d'un mixage équilibrant à parités égales lignes de chant et instrumentation, de finitions passées au peigne fin et d'arrangements orchestraux difficiles à prendre en défaut. A la lumière de ce propos, le collectif transalpin en viendrait-il à réitérer la recette du précédent effort à la mesure près, soit, sans réelle innovation, ni prise de risque, ni un soupçon d'originalité susceptible de le distinguer de son parent proche ?
A nouveau, nos compères ont misé quelques espoirs de l'emporter à l'aune de leurs passages les plus enfiévrés. Bien leur en a pris. Ainsi, c'est d'un battement de cils que l'entêtant refrain jaillissant des entrailles du tempétueux «
One More » happera le tympan du chaland. Voguant sur une sente mélodique des plus enivrantes et mis en exergue par les puissantes inflexions de la sirène, ce tubesque up tempo aux riffs acérés, dans la veine coalisée d'
Amaranthe et
Lacuna Coil, ne se quittera qu'avec l'irrépressible désir d'y revenir. Difficile également d'éluder l'infiltrant cheminement d'harmoniques émanant de «
Obsession », effort metal mélodique et moderne au galvanisant riffing dans la mouvance de Volturian. Dans ce champ de turbulences où pleuvent de féroces coups de boutoir, les sensuelles volutes de la princesse font mouche où qu'elles se meuvent.
Moins directement orientés vers les charts, d'autres pistes tout aussi sanguines pourront non moins avoir raison des plus tenaces des résistances. Ce qu'attestent, d'une part, « Time to
Reset » et « I Wanna
Cry », offensifs méfaits à mi-chemin entre
Lacuna Coil et Volturian, au regard de leur refrain immersif à souhait mis en habits de lumière par les chatoyantes impulsions de la déesse. Et ce ne sont ni les fulgurantes montée en régime de leur corps orchestral ni leur poignant solo de guitare à mi-morceau qui nous débouteront de ces deux volcaniques manifestes, loin s'en faut. Dans cette mouvance, le tonitruant «
The Showdown », lui, happera le tympan eu égard à ses orientalisantes séries de notes et à ses enchaînements intra piste ultra sécurisés.
Plus intrigant et n'ayant de cesse de déployer ses riffs crochetés adossés à une frondeuse rythmique, l'éruptif, organique et cinématique «
The Illusion » ne s'avérera guère moins headbangant.
Dans une visée plus rock que metal, l'inspiré trio ne s'est guère montré plus malhabile. Ce que prouve, d'une part, « Unlovable », plage rock mélodique enjouée que l'on traversera cheveux au vent. Doté de couplets finement ciselés que relayent chacun un refrain des plus accrocheurs, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se greffent les troublantes patines de la belle, et pourvu de délicats arpèges au piano, le charismatique effort jouerait dans la catégorie hits en puissance, que l'on se repasser volontiers, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses dont se nourrit « A Little
Piece of Joy », low/mid tempo pop/rock mélodique aux riffs émoussés et calé sur de fondants arpèges d'accords ? Autre tubesque effort au refrain certes convenu mais des plus enveloppants et, là encore, encensé par les poignants médiums de la frontwoman, à mettre au crédit de nos trois acolytes.
L'aficionado d'intimistes espaces devra, lui, patienter jusqu'à l'outro pour espérer se sustenter ; stratégie à laquelle ne nous avait pas accoutumés le groupe jusqu'alors. Ainsi, à l'instar de « The
Hope », le combo italien nous octroie une ballade a-rythmique d'une sensibilité à fleur de peau. Bien loin d'un chatoyant «
Black Swan » ou d'un déchirant «
Whore », ce délicat guitare acoustique/voix laisse néanmoins entrevoir un fin picking allié au pénétrant vibrato de la maîtresse de cérémonie. Si l'émotion requise reste de mise, on regrettera toutefois tant la brièveté du message délivré que la brutalité de sa chute finale.
Au terme d'une traversée mouvementée et riche en émotions, force est d'observer que le groupe a élevé d'un cran le niveau de ses exigences propres en matière de créativité artistique et de qualité de production. Si l'on retrouve l'allant et le panache de son devancier, cet album va jusqu'à explorer de nouveaux espaces d'expression, au risque toutefois de décontenancer le fan de la première heure, plus habitué à un metal symphonique pur qu'au heavy mélodique et moderne actuel investi par le trio romain. Aussi, plus audacieuse et moins empruntée que son aînée, cette fraîche offrande ouvre de nouvelles perspectives au trio transalpin.
Si l'opus n'accuse pas l'ombre d'une zone de remplissage ni un quelconque bémol susceptible d'affadir l'attention du chaland, d'aucuns auraient sans doute espéré l'un ou l'autre duo et/ou fresque ainsi que des exercices de style plus diversifiés qu'ils n'apparaissent. Etat de fait qui ne saurait empêcher de remettre le couvert sitôt l'ultime mesure de la galette évanouie. Aussi, huit après sa création, le collectif romain aurait les arguments esthétiques et techniques requis pour l'asseoir encore un peu plus parmi les valeurs confirmées du metal mélodique à chant féminin. Affaire à suivre...
Note : 15,5/20
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