De temps à autre, surgit un disque que l'on attendait pas et qui vous retourne la tête plus sûrement qu'une séance de montagnes russes. C'est dans cette catégorie que vient s'inscrire le deuxième album de
12012, qui frappe ici un très grand coup. Qui aurait en effet misé quoi que ce soit sur ce groupe de Cleveland à l’écoute de “Pass
Out Existence”, petit disque de power moderne sans grand intérêt?
Pas grand monde, assurément; et pourtant...
Et pourtant, dès que déboule “Cleansation”, il saute aux yeux que
12012 a revu ses ambitions largement à la hausse: riffs tonitruants, rythmique démentielle et hurlements rageurs, le combo a décidé de faire honneur à son nom! Les mois passés sur la route ont porté leurs fruits, et la composition a été orientée vers un but précis: tout ravager sur son passage, sans laisser respirer l’auditeur, entraîné sous une avalanche de violence sans faille.
Le reste de l’album est à l’avenant, mais le groupe sait varier les plaisirs, enchaînant tour à tour mid-tempos pachydermiques (“
The Impossibility of Reason” et son imparable refrain scandé, “Pictures In The Gold Room”) et déferlements supersoniques (les hallucinants “
Power Trip” et “
Pure Hatred”). La recette, quoiqu’éprouvée, est d’une efficacité redoutable: des riffs surpuissants, directement inspiré des plus grands,
Metallica, et
Pantera en tête, doublés par une basse sonore, viennent se greffer sur une batterie incroyable de précision et de technique, tandis que Mark
Hunter nous gratifie d’un chant hurlé d’une surprenante intensité. Le bonhomme se révèle même capable de sortir un chant clair tout à fait décent sur “
Down Again”, respiration bienvenue au milieu de cette incessante agression sonore. L’ensemble bénéficie d’un son clair et puissant; mais c’est aussi là le seul reproche que l’on pourrait adresser à ce disque: à force d’être limpide, cette production finit par asceptiser quelque peu les compos.
Soulignons aussi la violence des textes de
Hunter, qui sont en parfaite adéquation avec la hargne de ses accolytes et tournent autour de la revanche, du refus de la soumission (“
Crawl”), développent le point de vue hautement malsain d’un serial-killer à l’oeuvre (“
Eyes Of A
Criminal”), ou envoient simplement tout le monde au diable (le simplissime mais fédérateur “
Pure Hatred”). Bref, le chanteur nous invite dans un univers qui, s’il peut paraître assez cliché, à au moins le mérite de coller parfaitement à la musique.
Après une série de titres plus lents mais toujours aussi lourds (“Stigmurder”, “Overlooked”),
The Impossibility of Reason s’achève sur un long instrumental qui témoigne de l’attention portée par le groupe à l’élaboration de ses morceaux, et qui prouve, si besoin était, que l’on a bien affaire ici à d’excellents musiciens.
Un album aussi surprenant que réussi donc, grâce auquel
12012 a pris une place méritée parmi l’élite. À tous ceux qui se plaignent, souvent à juste titre, du caractère répétitif d’une scène américaine en panne d’inspiration, prêtez une oreille attentive à ce disque; vous y trouverez un métal qui, s’il se fonde sur des bases classiques, propose une alternative résolument moderne et inspirée à la monotonie des productions actuelles.
Premier changement de personnel, le guitariste Jason Hager est remplacés par Matt DeVries, qui chose assez rare pour un arrivant, il va participer à l'écriture des morceaux. Grosse évolution, le néo métal du premier album à presque disparu au profit d'une musique plus metal, voir metalcore. Extrêmement bien accueilli, difficile de trouver une mauvaise critique tellement il est encensé. Pourtant, cet album ne m'a pas autant touché que leur premier, je lui trouve moins de saveur, moins de spontanéité, il est plus professionnel dirais-je. De ce fait plus prévisible, donc moins surprenant. Attention, il fonctionne très bien. L'enchainement Power Trip à The Dehumanizing Process est excellent. Il réussit à gommer certains défauts du premier album, plus homogène et robuste. Seul "Crawl" me déplaît, une chanson que je zappe volontiers. Le reste éclate des parpaings, Cleansation, Down Again en tête.
The Impossibility of Reason reste un peu long, et malgré qu'il soit solide, je le trouve que certains morceaux du premier album plus impactant que sur celui-ci, mais ce 2e opus est plus qualitatif dans son entièreté. 14/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire