The End, So Far

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16/20
Nom du groupe Slipknot (USA-1)
Nom de l'album The End, So Far
Type Album
Date de parution 30 Septembre 2022
Style MusicalNeo Thrash
Membres possèdant cet album90

Tracklist

1.
 Adderall
 05:40
2.
 The Dying Song (Time to Sing)
 03:23
3.
 The Chapeltown Rag
 04:51
4.
 Yen
 04:45
5.
 Hivemind
 05:15
6.
 Warranty
 03:51
7.
 Medicine for the Dead
 06:16
8.
 Acidic
 04:50
9.
 Heirloom
 03:31
10.
 H377
 04:23
11.
 De Sade
 05:39
12.
 Finale
 05:07

Durée totale : 57:31

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Slipknot (USA-1)


Chronique @ Eternalis

06 Novembre 2022

"The End, So Far", s’il devait être un épitaphe à une carrière, ne terminerait pas dignement une si forte influence

Monstre parmi les monstres, Slipknot a toujours eu un statut à part dans la scène métallique. Conspué ou respecté, révolutionnaire ou poseur, groupe que l’on adore détester tout autant qu’il fut une porte d’entrée indéniable pour un nombre incalculable d’auditeurs, le groupe des 9 n’a jamais rien fait comme les autres et si le temps a assagi les choses, la méthode reste résolument anticonformiste.
Avare en sorties d’albums, c’est presque avec surprise que "We Are Not Your Kind" (2019) voit déjà un successeur, d’autant plus avec la pandémie que nous avons tous vécu. Les différents membres ne sont pas forcément éparpillés dans leurs différents autres projets et la concentration est restée sur l’hydre qui va donc voir, le plus rapidement depuis l’écart entre l’éponyme et Iowa, offrir un successeur au meilleur album du combo depuis des années.

"WANYK" avait été une formidable surprise. Créatif, puissant, violent, sombre mais étrangement lumineux, doté d’une production parfaitement travaillée et de titres extrêmement forts, il posait le constat inattaquable que les américains avaient encore des choses à dire, malgré l’absence de certains cadres historiques (Paul Gray évidemment, Chris Fehn ou Joey Jordison). De l’eau a encore coulé sous les ponts, Joey est tragiquement décédé et Chris a retiré sa plainte contre les anciens membres du groupe pour redonner un peu de sérénité à un combo ayant toujours entraîné avec lui son lot de chaos et de désolation.
"The End, So Far", au titre étrangement funeste et dont le groupe semble évidemment jouer, a donc la lourde tâche de donner un successeur crédible à un maître album. Si les rumeurs de “dernier album” (qui sont un peu près récurrentes à chaque sortie désormais) n’ont plus autant d’impact qu’avant, il faut bien admettre que nous étions curieux de voir la direction qu’allait prendre l’album. Que dire ?

Qu’il est très difficile de répondre à cette question. Le prédécesseur prenait la décision de développer des structures, de proposer une véritable ambiance, une unité et surtout une grande maîtrise de son art, que ce soit dans la théâtralité, dans la brutalité, dans le retour au premier plan de percussions massives, dans des riffs à l’excessivité jouissive ou encore des refrains qu’il était impossible de se défaire. "The End, So Far" ne fait pas ces choix et ressemble plus à une collection du moment, à un enchaînement de compositions comme avait pu l’être "The Gray Chapter". Très hétérogène et varié, il en découle une plus grande difficulté d’accès aux premières écoutes, l’opus donnant la sensation de ne pas savoir quel choix prendre, et ainsi de tous les prendre, mais dans un chaos néanmoins bien plus sage que par le passé. Les prises de risques semblent réfléchies et pensées, elles n’ont d’éclats que la finalité plutôt que l’acte en lui-même, parfois maladroit.
La première évidence est l’ouverture que représente "Adderall". Ouvrir sur une ballade en soi, n’est absolument pas un problème. Pied de nez à l’industrie du disque qui ne souhaite que l’accessibilité et l’impact immédiat, Slipknot prend le contrepied en ouvrant l’album comme on ne l’attend pas, comme si "All Hope Is Gone" avait été débuté par "Snuff" ou "We Are Not Your Kind" par "My Pain" ou "Spiders". Le problème, si l’on peut appeler ça ainsi, n’est donc pas ce choix, mais la qualité intrinsèque d’"Adderall". Les morceaux cités sont tous des morceaux forts, viscéraux, intrigants et profondément sortis des tripes. "Adderall" n’a rien de tout ça. Comme un titre de pop sur lequel on tenterait d’intégrer des éléments jazzy de piano et de percussions, avec quelques choeurs évoquant les ambiances enfumées new-yorkaises, il ne sonne non seulement pas comme du Slipknot mais pas non plus comme une bonne composition et s’enlise durant cinq minutes. Forcément, quand "The Dying Song (Time to Sing)", déjà connue, débarque, une partie de l’intensité émotionnelle et de l’émotion est déjà évaporée, cassant même cette ouverture vocale comme le génial "Unsainted" l’avait également fait, ne parvenant pas à déployer toute la violence que le titre souhaite probablement évacué. On remarque également que le production est plus crue, moins dense que sur son prédécesseur et revient ainsi à ce que le groupe pouvait proposer précédemment, que ce soit dans des guitares moins musclées et surtout des percussions prenant le pas sur le son de batterie de Jay Weinberg. Question de goût mais je trouve cela dommage tant l’équilibre était parfait sur "WANYK".

"The Chapeltown Rag", plus bordélique et transfuge de l’esprit des deux premiers albums, ramène un peu de bordel à l’album mais cette violence sonne étonnamment sourde, moins spontanée, que ce soit dans les hurlements de Corey ou les blasts d’un Jay toujours impressionnant techniquement (il faut le préciser). Il faut attendre "Yen" pour vraiment ressentir ses entrailles se tortiller, grâce à cette ambiance glauque, à la prestation impressionnante de Corey dans ses parties presque narratives débouchant sur des hurlements de souffrances. Il en va de même pour le suffocant "Medicine for the Dead" à l’intro qui monte en puissance avant un riff lourd et pesant, accompagné de multiples samples tous plus bizarres et grinçants les uns que les autres. La ligne vocale est maladive, pas forcément violente, mais clairement tourmentée et dérangeante. La brutalité est en première ligne et Slipknot s’y abandonne sur un "Hive Mind" rapide et sans concession, transfuge de l’esprit dérangé de l’opus éponyme (on est pas loin d’un Sic dans certaines sonorités). Corey y démontre encore sa faculté à chanter dans tous les registres et son talent d’interprétation incroyable, tout comme sur son successeur "Warranty" qui se veut plus martial et instable.
Néanmoins, les morceaux s'enchaînent sans temps réellement forts, sans moments impressionnants, sans instants qui nous font réellement nous retourner. Comme enchaîner par un anonymat complaisant, les compositions ne parviennent que trop rarement à sortir du lot et l’heure d’écoute s’écoule sans passion, loin des sensations de l’opus précédent, ou même de certains titres d’un "Gray Chapter" inégal mais avec quelques véritables pépites. "H377" ranime la flamme de la violence mais "De Sade" est écartelé entre des vocaux beaucoup trop complaisants et des riffs dont la virulence est trop relative pour réveiller dans cette fin d’album. "Finale", en revanche, clôtura ce voyage par une sublime note émotionnelle. On ressent, dès les premières notes, l’aura émanant de cette mélodie grave et Corey retrouve, sur son chant clair, sa faculté à prendre aux tripes et à remuer l’auditeur. La différence de ressenti entre le premier et ce dernier titre est impressionnante, malgré une évidente volonté de ne pas ouvrir et fermer sur une composition typique. Slipknot a encore des choses à dire, c’est une évidence.

Il en restera que "The End, So Far", s’il devait être un épitaphe à une carrière, ne terminerait pas dignement une si forte influence sur le metal à une certaine époque. L’album sonne peut-être trop réfléchi cette fois-ci là où le groupe nous avait habitués à s’abandonner totalement à la direction de ses disques … il en sera autrement sur les futures lives du combo qui, à n’en pas douter, continuera de faire souffrir les planches du monde entier encore quelques temps.

3 Commentaires

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JeanEdernDesecrator - 06 Novembre 2022:

Tes impressions rejoignent les miennes, après le très bon "We Are Not Your Kind", celui -ci est presque inconsistant. Je vais le réécouter quand même, merci pour la chronique !

fufupue - 09 Novembre 2022:

J'ai lâché le groupe après le second album, mais ta chronique me donne envie de jeter une oreille sur wanyk, par curiosité. Étant éloigné de mes styles préférés je veux être sur d investir dans du qualitatif, ce qui semble manquer à ce dernier. Merci pour le papier très précis.

dams5 - 25 Janvier 2024:

Je suis d'accord avec ta chronique. Autant WANYK m'a emballé dès la première écoute et m'a tout de suite donné envie de le réécouter, autant j'ai écouté celui-ci sans passion. IOWA, The Grey Chapter, étaient autrement plus accrocheurs. Je vais quand même me forcer à réécouter ce disque que je possède depuis sa sortie sans avoir accroché pour l'instant. Peut-être que je suis passé à côté de quelque chose mais j'en doute. Merci pour ta chronique.

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