Comme chacun le sait (surtout si vous lisez cette chronique !), 2014 marque le retour en studio de
Slipknot, ces 9 masqués de l’
Iowa qui ont traumatisé bon nombre de ménagères de moins de 50 ans à la fin des années 90 et au début des années 2000. Après un long et important teasing via les différents réseaux sociaux, voici donc venir "
.5: The Gray Chapter", 5éme album de la bande comme son nom l’indique.
Seulement les choses ont évolué, et les 'Knot doivent maintenant faire sans Paul Gray (RIP), décédé en 2010, et sans Joey Jordison, parti/viré du groupe pour des raisons encore assez floues. Tous deux faisaient partie des membres historiques ayant créé le groupe (en 1995) et en étaient deux des principaux compositeurs.
Le poste de bassiste est désormais occupé par Alessandro ‘Vman’ Venturella et celui de batteur par "celui-dont-on-ne-sait-pas-officiellement-qui-il-est", mais qui est selon tout vraisemblance Jay Weinberg. Le premier ayant pour fait d’arme majeur d’être le guitariste d’un groupe britannique nommé Krokodil et d’avoir été guitar-tech pour
Mastodon (autant dire que c’est plutôt un inconnu au bataillon), le deuxième ayant une carrière musicale plus fournie et variée puisqu’il a notamment tourné avec
Madball, Against Me! ou encore ni plus ni moins que Bruce Springsteen. A noter cependant que aucun des 2 n’a été introduit comme nouveau membre officiel du groupe pour le moment.
Voici donc la grosse question à l’heure d’entamer ce nouveau chapitre : malgré ses pertes non négligeables, le groupe a t-il réussi le tour de force de nous sortir un bon album ou a t-on droit là à ce qui tiendrait globalement de la farce musicalo-commerciale sans grand intérêt faite pour exploiter l’énorme fan-base du groupe ?
Première constatation à l’écoute, le "son
Slipknot" est bien présent, on retrouve ce fameux néo parfois un poil thrashy toujours aussi furieux et hargneux qui a fait la réputation du groupe. Cependant alors que bon nombre annonçaientt un retour au son "old-school" des débuts du groupe, je trouve personnellement que cet album reprend ce qu’on a eu de plus agressif sur les deux derniers albums et nous l’envoie en pleine tronche sur de nombreuses chansons. Ainsi on retrouve pas mal de relents de titres comme «
All Hope Is Gone» et «Gemetria» (sur AHIG) ou encore de «
The Blister Exists» et «Welcome» (sur Vol. 3) par exemple.
C’est long (parfois plus de 5 minutes au compteur), c’est bourrin, ça envoie sec mais ça le fait globalement bien. En effet, le groupe semble toujours avoir la manière de savoir doser sa musique, et on retrouve bien souvent un élément qui vient faire en sorte que l’auditeur puisse s’y retrouver, et ne soit pas vraiment perdu au milieu de ce fracas sonore; le refrain en chant clair de «AOV» ou celui plus rentre-dedans de «
Custer» sont des parfaits exemples. Cela est en revanche moins perceptible sur un titre comme «Lech» qui tient plus du bon vieux martelage en règle de presque 5 minutes.
Cependant le groupe sur certains morceaux semble vouloir se "contenir", et édulcore sa musique à grand renfort de beaucoup (trop ?) de chant clair et de passages plus calmes. Cela créé des chansons qui semblent hésiter entre violence et douceur (relative), pour nous offrir un compromis pas toujours très réussi entre ces deux aspects, on peut notamment citer ici le titre «
The One That Kills the Least».
Deuxième fait notable, la présence de nombreux titres plus lents voir même atmosphériques. Et oui, chez
Slipknot on ne fait pas que dans le bourrinage intensif, et de «
Purity» (sur l’éponyme) à «Gehema» (sur AHIG), il est de tradition pour le groupe de nous servir des chansons qui promènent son auditeur dans des teintes musicales plus glauques, mélancoliques, voir même carrément tristes. Et cet album ne fait pas exception à la règle.
Et le groupe montre que là aussi, il sait toujours y faire. En effet, les morceaux de ce genre de cet album sont dans l’ensemble très bien exécutés, en témoigne l’excellent «
Killpop», une sorte de ballade mélancolique qui se transforme peu à peu en quelque chose plein de rage et de hargne, ce morceau me fait personnellement penser à une sorte de "crossover" entre «Vermillion» (sur Vol. 3) et «
Skin Ticket» (sur
Iowa). On peut aussi relever l’émotion se dégageant d’un «
Goodbye» ou encore l’intro «XIX» et son coté oppressant.
Les deux bonus tracks ne confèrent par contre rien de plus à l’ensemble, entre un «Override» qui sent le
Stone Sour et qui n’apporte surtout pas grand-chose de très convainquant et un «The
Burden» plus "
Slipknotien" mais bien trop brouillon, on n'a là rien de vraiment inoubliable.
Un mot également sur les deux petits nouveaux du groupe. Le batteur s’avère parfaitement au niveau, ses parties de batterie n’ayant pas vraiment grand-chose à envier à celles de son prédécesseur, son jeu étant particulièrement mis en évidence sur la fin de «
Killpop» par exemple. Quant au bassiste, ses lignes suivent majoritairement la rythmique des guitares, ce qui a globalement toujours été le cas chez
Slipknot.
Au final, bien qu’étant loin d’être dénué de tous défauts, ce cru 2014 s’avère globalement bon et convainquant. On a là du
Slipknot tel qu’on pouvait l’attendre, dans la veine de ses précédentes productions. De plus il est à noter le risque pris par le groupe de ne pas faire dans la demi-mesure en nous proposant un album de plus d’une heure pour signer son retour.
On peut donc répondre de manière positive à la question de base, cet album n’est pas là que pour faire marcher la machine à pognon, mais apporte une vraie continuité dans la carrière du groupe, une vraie pierre de plus à l’édifice de ce monstre à neuf têtes toujours en vie 15 ans après ses premiers succès et près de 20 ans après sa formation. Et au vu des récents déboires du groupe, il faut au moins reconnaitre leur mérite d’avoir su continuer ainsi, sans tomber dans l’auto-parodie, tout en restant authentiques.
16/20
shimix
On sent bien l'album hommage en tout cas, très triste, mélodique mais également assez en colère et réunissant pour le coup tout ce que Slipknot a pu faire par le passé, une belle synthèse en somme, lourde de signification quand on voit d'ou elle vient, mais réussi !
Slipknot n’est pas mort en tout cas, en espérant une suite.
Merci pour ta chro !
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