Le premier album éponyme de
Slipknot (je considère Mate.
Kill.Feed.Repeat davantage comme une démo plutôt qu’un véritable premier album, notamment en raison de son faible budget de production mais surtout de sa très maigre distribution gratuite dont le seul but est de se faire remarquer et signer chez une grande maison de disques) a battu tous les records en termes de vente et de succès critique, allant jusqu’à être vendu à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde, battant de ce fait le record de la maison de RoadRunner jusqu’alors détenu par
Machine Head et son monstrueux
Burn My
Eyes. Suite à (presque) deux ans de tournée intense en promotion de leur album phénomène les ayant très vite propulsés au sommet de la encore jeune scène néo-metal de l’époque, les neufs masqués décidèrent en 2001 de remettre les couverts en enregistrant leur second album majeur.
Intitulé
Iowa, il se veut comme étant une ode à leur lieu d’origine, où se trouve concentré tout ce qui a fait de
Slipknot ce qu’il est. Situé dans un lieu perdu au fin fond de l’Amérique profonde, cet état est réputé n’être qu’une succession de paysages fermiers avec les vaches et les moulins à vent qui vont avec, habités par des autochtones américains de la plus pure race attachés aux valeurs américaines et patriotiques les plus primaires qui soient, loin des vents chaleureux des plages californiennes et des buildings à n’en plus finir de
New York. Forcément, un lieu pareil ne peut être que le théâtre d’histoires pas très joyeuses, ces lieux ayant la sombre réputation d’être connus comme étant gangrénés par l’épidémie de la drogue, à cause d’une jeunesse souvent confrontée à un futur sans grand avenir et à une société conservatrice laissant peu de place à l’épanouissement mais certainement beaucoup à l’ennui et aux frustrations.
C’est de tout ce vécu lié aux galères, à la drogue et aux moments personnels sombres passés là-bas dont il sera question dans cet album, donnant comme résultat un son encore plus noir, plus torturé et plus brutal que l’était déjà bien le précédent. D’autant plus que de fortes tensions au sein du groupe se sont installées durant la promotion de l’éponyme, le combo ayant été complètement dépassé par son succès colossal. L’ambiance durant l’enregistrement d’
Iowa étant donc assez pesante et tendue, elle sera retransmise dans le résultat final, montrant un
Slipknot plus déterminé que jamais à montrer sa face la plus extrême qui soit. Cette noirceur sera également symbolisée par la nouvelle tenue vestimentaire qu'adoptera le groupe durant la tournée du disque, affichant ainsi une panoplie bien plus sombre et des masques plus glauques et ténébreux (étant de ce fait l'une des mes préférées de leur carrière). Forcément, une telle œuvre ne pouvait qu’être produite par le légendaire Ross Robinson, connu pour être le « père du néo-metal », toujours là à pousser les artistes qu’il produit à bout en exploitant au maximum tous leurs potentiels.
Tout comme son prédécesseur, l’album commence sur une intro plutôt glauque et malsaine, intitulée « [515] », où l’on entend des voix torturées crier « Deaaaad » et gémir de douleur, le tout sur un fond sonore inquiétant. Il s’agit en vérité de Sid
Wilson, le DJ du groupe, en train d’externaliser toute sa frustration et sa douleur suite au décès d’un membre important de sa famille. La signature de la méthode Ross Robinson dans toute sa splendeur. S’ensuit, sans aucune pause de transition, le furieux et terrible « People = shit ». On y entend dès le début un
Corey Taylor décidément rongé par la rage et la colère ; il y a dans ces hurlements une hargne et une agressivité inédites. Le reste du groupe est tout aussi décidé à montrer son humeur sous sa plus mauvaise forme, avec notamment un monstrueux son de guitare bien lourd et une batterie plus technique et déchaînée que jamais. Ajoutez à tout cela des paroles à caractère misanthropique, et vous obtenez ce que
Slipknot a pu composer de plus brutal et de plus défoulant. Et ce n’est que la première chanson. Une première chanson très représentative de ce qui attend l’auditeur pour le reste, c’est-à-dire, une série de chansons qui montrent le son du groupe dans sa noirceur la plus totale, et ce, sans jamais témoigner d'une once de lumière d’espoir ou presque. Et il faut dire que par moments, la bande de l’
Iowa impressionne vraiment. Comme sur l’excellent « Everything’s
End », qui se démarque par le travail remarquable réalisé par le batteur Joey Jordison, particulièrement par sa force de frappe à la pédale lors du break en milieu de chanson, et un
Corey Taylor racontant une partie sombre de son histoire (une tentative de suicide) avec toujours autant d’implication et de folie. « Gently » reprend une vieille chanson enregistrée à l’époque de Mate.
Kill.Feed.Repeat, pour la rendre encore plus sinistre et plus dérangeante. Le début est juste somptueux, la basse clinquante et les lentes mélodies et riffs de guitares nous ouvrent la porte des ténèbres les plus sordides de l’humanité, les hurlements de désespoir du chanteur nous enfonçant encore plus loin dans les profondeurs abyssales. Car oui, encore une fois, il nous gratifie d’une performance vocale crue et sujet de désespoir, mettant en évidence ses influences metal extrême.
Mais la meilleure performance vocale de l’album reste sans aucun doute l’impressionnant «
My Plague », une des rares chansons où il emploie un chant mélodique. Le refrain chanté est une aubaine pour nos oreilles, tant celui-ci se veut maîtrisé, limpide et rassurant après tant de noirceur ; la transition mélodique après les vocaux hurlés est absolument mémorable, on sent qu’il maîtrise mieux l’exercice du chant par rapport au précédent album. Qui plus est, la chanson est accompagnée d'un gros riff bien lourd on ne peut plus satisfaisant et des effets sonores lors du refrain nous aidant à nous y plonger encore plus (rappelons que
Slipknot compte avec un DJ et un claviériste). Il reprend son chant mélodique de manière fort intéressante sur «
Left Behind », où il joue beaucoup plus sur sa grande capacité à aisément passer des hurlements au chant, pour une chanson au final qui entraîne complètement l’auditeur dès les premières lignes vocales. « The Shape » est aussi remarquable sur ce point, avec de brefs passages au chant légèrement filtré mais suffisamment pour rendre le résultat très plaisant et la chanson plus abordable devant tant de hurlements bien virils.
Les musiciens ne sont pas en reste, loin de là, ils arrivent parfaitement à suivre les tourmentes psychologiques et les émotions jusqu’au-boutistes de Corey. Ils apparaissent comme une forme d’expression prolongée de la folie et du malaise qui resurgissent des paroles et des vocaux. Les guitaristes font un très bon travail avec leurs riffs lourds et tranchants («
My Plague », Peaple =
Shit », «
Left Behind », « New
Abortion ») et leurs distorsions (« New
Abortion », «
Skin Ticket », « Gently »). Le batteur est le musicien qui impressionne le plus avec un jeu plus rapide, plus technique et plus maîtrisé, surtout avec la double pédale. Il le montre sur «
The Heretic Anthem » et « People =
Shit » avec un jeu de double pédale très rapide, similaire aux standards metal extrême ; sur « I Am Hated » et « Everything Ends », il pose de solides et bien denses fondements rythmiques. Il est regrettable que dans cet album, comparé à son prédécesseur, les rôles du DJ et du claviériste soient cantonnés à de discrètes sonorités d’ambiances. En effet, il faut attentivement réécouter les chansons avec un bon casque pour apprécier le travail réalisé par ces membres du groupe, souvent injustement laissés de côté, alors que dans le premier album ils occupaient une place plus prépondérante grâce aux scratchs efficaces du DJ et aux sons ambiants bizarres du claviériste. Certes, le travail effectué sur "
Iowa" est tout aussi intéressant, mais il est impossible de s’en rendre compte dès la première écoute, et ça c’est dommage. Il en va de même pour les percussionnistes, dont l’apport est également limité par rapport à l’éponyme, on entend clairement leurs percussions seulement sur une poignée de chansons. Même remarque pour le bassiste, dont son excellent travail sur « Gently » et «
Iowa » aurait dû s’étendre sur plus de chansons. Là où le premier album avait parfaitement su tirer parti de chacun des neufs membres du groupe, "
Iowa" ne le fait que de manière assez inégale.
Vous l’aurez compris, le résultat final de cet opus est résolument positif. Cependant, l’album souffre d’un seul gros défaut : ça envoie trop ! Passée la première moitié de l’album, il est difficile de continuer l’écoute de la seconde qui est tout aussi agressive et destructrice, si ce n’est plus. À ce stade, l’auditeur ressent une forte envie de marquer une pause et de respirer un peu après tant de noirceur et de violence. Comment apprécier la lourdeur de « New
Abortion », l’ambiance dérangeante de «
Skin Ticket » et la puissance de « I Am Hated » après avoir passé sous les bulldozers que sont « People =
Shit », « Disasterpiece » ou encore «
The Heretic Anthem » ? Il manque à cet album un équilibre musical entre agressivité et mélodie ; le groupe s’est tellement surpassé sur chaque chanson qu’il semble avoir oublié de calmer un peu le jeu et d’offrir plus de moments mélodiques et aérés afin de rendre l’écoute complète de l’œuvre plus abordable. Alors certes, il y a déjà de tels moments sur certaines pistes, à l'image de «
My Plague », «
Left Behind » ou «
Iowa », mais ça reste toujours disproportionné et cette dernière, si elle a le mérite d’être la plus atmosphérique et avec le plus de chant mélodique employé, souffre de bien inutiles longueurs.
Malgré ses défauts, il ressort de l’écoute de cet album une expérience plaisante et très intéressante dans la discographie du groupe. Si "
Iowa" n’a pas connu le succès fulgurant de l’éponyme, cela ne l'a pas empêché de s'être quand même très bien vendu.
Plus encore, il a été une grande influence pour toute une génération : une bonne partie de la scène deathcore ayant émergé au milieu des années 2000 cite souvent
Iowa de
Slipknot comme une influence majeure et une importante source d’inspiration pour leur musique (
Suicide Silence,
Bring Me The Horizon,
Carnifex,
Whitechapel,…). Enfin,
Slipknot a réussi avec cet album à rendre le son metal extrême accessible au plus grand nombre, le transformant de ce fait en une sorte de tremplin vers des horizons plus extrêmes et plus inaccessibles qui n’auraient peut-être pas pu être atteints autrement.
Pour finir, si l’on veut résumer tout cela en quelques mots, on dira que cet album est à l’image de sa pochette : un monstre !!
Pas leur meilleur album, pas leur pire non plus, clairement surestimé des ados et nostalgiques, objectivement vraiment moyen mais pas le pire album jamais sorti non plus.
Pourquoi c est toujours les frustrés de la vie qui ressentent le besoin de chroniquer(critiquer) les albums de slipknot...Cette chronique est une grosse merde.Pour ce qui est de Iowa ,il a ses qualités et ses defaut.Le mieux est de l écouter et de ce faire son propre jugement.
Je suis très étonné de lire des mauvaises critiques concernant cet Iowa qui avait fait sensation à l'époque pour ma part il botte les fesses littéralement même si on a parfois l'impression d'entendre un sacré bordel et c'est justement ce que j'apprecie chez ce groupe. Après tout chacun ses goûts moi j'aime bien.
aller je viens de tomber dessus par hasard.... bon Iowa autant me bottait quand j avais 17 ans et que ca venait de sortir....autant maintenant je ne l' écoute plus ( ou quasiment sauf 2/3 chansons bien torchées). Mais la chronique est insultante et du coup on a du mal à croire que cela soit validé en chronique meme, et cela ne donne pas tellement de crédit à SOM...
dommage car en effet, je pense aussi que l album n est pas top ( un 9/20 pour moi ce serait) mais il y avait moyen d argumenter cela de façon intelligente , et non en disant " ouai corey il a la chiasse ou chaipakoi , du coup il gueule..."
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