Eh bien, voilà.
Xasthur,
Telepathic with the Deceased, tout est dit. Ceux qui connaissent déjà l’œuvre noire et maudite de cette âme damnée, et, à plus forte raison, cet album, comprendront ce que je veux dire. Pour les autres, il va falloir tenter de mettre des mots sur une expérience sans nom pour retranscrire un voyage au fin fond de limbes mortes et gelées, voyage duquel on ne peut aucunement revenir indemne.
Xasthur est loin, très loin de tous les clichés inhérents au black metal, de cette haine incandescente et rageuse qui anime généralement cette scène, de cette fureur noire et vindicative qui s’érige contre les dogmes en tout genres et qui suppose logiquement un ultime souffle de vie. Car
Xasthur est mort depuis longtemps.
Oubliez tous les repères que vous connaissez. Ici, on patauge dans un ailleurs indicible et glauque, inutile d’espérer se raccrocher à une parcelle de vie, un infime rayon de lumière, une vacillante lueur d’espoir ou un fragile fragment de bonheur. Rien. Dés l’instant fatal ou vous pressez le bouton Play de votre poste, votre chaîne hi-fi ou votre baladeur, peu importent ces considérations bassement matérielles dans le monde de non-être de
Xasthur, vous vous retrouvez irrémédiablement happés dans un tourbillon de néant, et vous errez, seul et abattu, perdu dans la vacuité noire et triste d’une désolation suprême et inéluctable, avec pour seuls guides ces accords dissonants et décharnés qui tourmentent votre pauvre esprit malade et l’amènent aux portes de la démence.
Ces lignes fantomatiques de claviers funèbres et ces arpèges flottants et désaccordés, ces plaintes vibrantes d’une douleur insoutenable et d’un malaise désespéré (la fin de
Abysmal Depths Are Flooded) vous plongent dans un malaise hébété suintant une souffrance lancinante, et, tandis que les mêmes mélopées mortes et hypnotiques résonnent à l’infini, vous submergeant de leur opacité poisseuse, votre âme se noircit à jamais et le chaud souffle de la vie quitte vos veines figées. Les notes, fragiles et flottantes, semblent se décomposer au fil de leur danse envoûtante et macabre, comme votre raison qui s’effiloche petit à petit (la fin de Murdered
Echoes Of The Mind).
Le martèlement sourd et continu de cette batterie moribonde, étouffé, émergeant à peine de cette bouillie de notes sans vie, achève de guider votre corps possédé vers l’antre noir et gémissant du Désespoir, de la Souffrance et de la Folie où se terre misérablement la carcasse famélique de
Xasthur.
Dans cette caverne désolée, où sont les guitares, où sont les claviers, où est la basse, on ne sait plus. Le tout fusionne en un magma bourdonnant et lancinant, pénètre jusqu’au plus profond de votre être morfondu, flétrissant votre cœur et pourrissant vos chairs, et vous empreint du mal-être immarcescible de son géniteur insane.
Et par dessus ce flot de douleur et de désolation flotte parfois cette voix lointaine qui n’appartient déjà plus depuis longtemps au monde des vivants, incarnation d’une âme damnée qui traîne son désespoir et sa douleur dans l’infini du néant à la recherche d’une rédemption qui ne viendra jamais (
Cursed Revelations). Le destin maudit de
Xasthur est d’errer pour l’éternité dans le monde des ombres et de hanter par ses hurlements plaintifs ceux qui ont encore la chance de pouvoir savourer la vie.
Vous l’aurez compris, cette expérience est extrêmement sombre, intense, et éprouvante, et autant dire que si vous êtes dépressifs ou d’humeur taciturne, ce CD n’est peut-être pas le plus indiqué pour vous. En revanche si vous vous sentez assez fort pour vous plonger corps et âme dans les limbes de larmes amères versées par
Xasthur et d’accompagner cet être maudit sur son chemin de croix fait de souffrance et de désespoir, n’hésitez pas à vous injecter ce troublant poison, si vous y survivez, vous ne pourrez en sortir que plus fort.
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