C'est au hasard d'un concert que mes esgourdes, fatiguées par le set d'un groupe de Death Progressif nommé
Loch Vostok, se sont vues revigorées dès les premières notes d'un combo portant le dou...loureux nom
Leprous. Prestation exceptionnelle qui m'aurait presque fait oublier que
Therion allait fouler la scène quelques instants plus tard. Il s'agissait là du début d'une épopée que j'allais vivre avec ce groupe quasi méconnu.
Méconnu ai-je dit? Non, pas tout à fait, le groupe ayant tout de même fait parler de lui dans la sphère métal progressif, notamment par le biais de sa collaboration avec le ténor de la scène black prog sympho, le dénommé
Ihsahn.
Originaire de Notodden (Norvège), le groupe distille un art unique et particulièrement personnel, paradoxalement teinté d'influences évidentes telles
Opeth ou encore
Emperor. Influences digérées à un tel point qu'il s'en dégage une forte personnalité. On serait tenté de dire que
Leprous fait du...
Leprous.
Forts d'un EP et d'un album démo, nos jeunes scandinaves laissent transparaître une fougue des plus prometteuses. Trois ans après
Aeolia, Einar Solberg (chant, claviers) et les siens semblent atteindre une certaine maturité. Un line-up stabilisé leur permet de canaliser leur débauche d'énergie créatrice. Rejeton de cette plénitude,
Tall Poppy Syndrome transpire l'amour d'un art, celui d'immerger l'auditeur dans une bulle. Jamais le terme progressif n'avait si bien sonné pour définir une musique : et voilà notre bulle fragilisée, l'aspect parfois cacophonique ou la succession de plans contrastés risquant de la faire imploser chez ceux qui n'auraient pas la patience ou le courage de s'attaquer à cette montagne d'inspiration.
"Passing" pose les bases de leur savoir-faire, une enfilade de passages tantôt calmes et reposants, tantôt violents, rugueux et saccadés. Le sublime "Not Even A Name" teinté d'
Emperor notamment dans son intro, nous amène loin, loin de cette masse ambiante de resucées de groupes manquant d'inspiration et la masquant par une surenchère de plans indigestes.
Leprous n'est pas de ceux-là, la qualité technique évidente des musiciens ne se mettant jamais au service d'une vaine tentative racoleuse.
Aérien, stratosphérique au travers d'un usage de claviers aux sonorités parfois seventies ("White"), d'un chant clair synonyme de mélopées mélancoliques, l'album au coquelicot transporte.
Racé et sauvage au travers de riffs rugueux, d'un chant hurlé et de growls distillés ça et là,
Tall Poppy Syndrome illumine.
La musique de nos norvégiens requiert une certaine attention et un investissement certain de la part d'un auditeur qui, parfois, se verra frustré de ne pas saisir l'essence même de cette oeuvre. Ceux qui auront su lui donner une chance seront récompensés de la plus belle des manières, gare à l'addiction auditive.
Un avenir radieux semble destiné à
Leprous, gageons que l'inspiration qui est le maître mot de cet album restera leur leitmotiv pour les années à venir et que les successeurs de
Tall Poppy Syndrome seront parés de la même enveloppe dorée, il ne pourra en être autrement.
et album est génial! Mon préféré du groupe!
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